Griffin attendait avec patience, observant de loin l’agitation qui semblait souffler sur la fête. Les festivités avaient surement commencé. Si il ne se dépêchait pas, il risquait de louper des événements intéressants comme la… formation des groupes de la soirée. Le moment où les gens faisaient connaissance dans le calme avant la musique. Ca serait sûrement plus simple de s’intégrer de cette manière… Et les connaissant, Jace et Alex devaient y être aussi. C’est vrai qu’il n’avait pas pensé de suite à leur demander tient, mais vu qu’il avait des mangas à échanger d’abord… Il verra sur place ! A un moment il finit par s’asseoir dans le sable, ayant un peu chaud. Un léger vent apporta un brin de fraîcheur et déplaça quelques grains de sable. S’ennuyant un peu, Griffin vu un léger relief dans ledit sable. Grattant un peu, il constata qu’il s’agissait là d’un billet de cinq, qu’il fourra dans sa poche. Il n’avait pas besoin d’argent mais ça serait dommage que le billet s’abîme. Et puis il pourra s’en servir pour acheter des mangas en liquide si besoin.

Dans sa besace, il avait pris les deux premiers tomes de Magi, de Fairy Tail et de My Hero Academia. Il avait aussi continué la série en anime mais, pour les deux derniers, n’avaient pas été convaincu de la suite. Puis il préférait les seinen de toute façon, avec des relations plus approfondi que juste « c’est beau l’amitié ». Puis il cherchait des yaoi profond ou avec des relations réalistes, chose peu simple. Evidemment Griffin ne l’avait pas précisé dans ses recherches d’échanges, du moins pas pour une première fois. Son téléphone dans sa poche vibra. Un message. Oh. Nash ne devait pas être loin. En redressant le regard il le vit sans problème. A la place de répondre, il se remit debout, fit un léger « coucou » de sa main et s’avança, remettant le téléphone dans sa poche.

L’étudiant sourit légèrement en s’avançant, souhaitant avoir l’air amical, et déclara :

- C’est bien moi de fait ! Griffin. Enchanté !

Il tapota sa besace :

- J’ai tout prévu dans mon sac.

Oui il ne savait pas trop comment engager la conversation.

Au remerciement qu'il reçut, le tatoueur se contenta de hocher tranquillement la tête, tenant le verre de son vis-à-vis en le laissant s'essuyer comme il pouvait. Certes, ce n'était pas une grosse réussite surtout vu la couleur de la chemise de l'inconnu mais c'était mieux que rien, les mouchoirs limitant un peu les dégâts. C'était assez amusant même : au vu du visage sévère de son homologue, Kris se serait attendu à un début de scandale, un éclat de mauvaise humeur ou une remarque acerbe. Là il paraissait tout juste agacé. Comme quoi, les apparences étaient trompeuses. Et pourtant, l'italien se connaissait et savait qu'il pouvait faire confiance à son instinct bien entraîné vis-à-vis de l'être humain.

Une fois qu'il eut fini de se nettoyer, l'inconnu reprit son verre avant de se présenter en lui tendant la main. Main que le motard serra d'une poigne ferme sans en devenir écrasante : il n'avait besoin d'impressionner personne, surement pas cet homme aux beaux yeux qu'il avait abordé par pur altruisme. Et potentiellement une idée derrière la tête, mais ça, il n'y pouvait rien : Kris aimait les belles choses et les hommes dont l'apparence sortaient du lot avaient tendance à lui taper dans l'oeil.

- Kris McGeyver, tatoueur. Arrêtez moi si je me trompe mais vous ne semblez attendre personne et vous semblez vous ennuyer. Vous permettez que je vous tienne compagnie ?

Le métisse agrémenta sa proposition d'un agréable sourire en relâchant sa main, entraînant son propre verre à ses lèvres pour en boire une gorgée attentive.

- Pas de chance, mais il semblerait que j’aie fait un heureux dans mon mal-heur.

... C'était quoi cette manière bien trop tranquille de réagir alors qu'on venait littéralement de se faire pisser dessus ? Hugo était à deux doigts de lancer un grognement acerbe mais le contact contre son assise le fit partir au quart de tour, poussant à l'extériorisation d'une violence qui ne se calmait malheureusement jamais. Il avait même lâché la laisse de Pearly qui s'était reculée, oreilles plaquées sur le crâne en grondant sourdement envers cet être qui osait s'en prendre à son maître. Mais un peu peureuse et se sachant trop petite pour être réellement dangereuse, elle n'intervint pas, comme toutes les fois où son compagnon l'avait sommé de rester en arrière pendant que du sang jaillissait de son nez et de sa bouche.

- Je crois qu’il a son compte… calmez vous...votre chienne va s’inquiéter si vous vous attirez des ennuis.

La colère sourd battant dans ses oreilles, le brun repoussa durement ce qui vint se poser sur son épaule, trop durement surement surtout pour un estropié. Un nouveau jappement le fit s'arrêter, lâchant le col de l'individu au nez déjà en sang pour se retourner vers le vieillard-pas-si-vieillard par terre, qui lui tendait tout de même un mouchoir. Putain mais quoi ? C'était quoi ce clown encore ? Il était en train de défoncer la gueule d'un pervers sexuel devant lui et lui, tout ce qu'il trouvait c'était de lui filer un mouchoir.

- T'es qui toi ? C'ton pote ? Grogna-t-il en se tournant vers sa victime.

Minute.
Plus de mec. Putain, ce connard s'était barré en direction de la fête. La vision de sa proie qui s'enfuyait le fit se tendre à l'extrême alors que la petite tête de la rousse vint se blottir contre la paume de sa main, le faisant se détendre une demi-seconde.

- Sale merde qu'il crève cette pute.

C'est ça, rigole toi. Amuse toi encore un peu et tu allais regretter que tes cheveux blonds soient si voyants. Tirant un sourire qui sonnait bien faux, Altaïr fut attiré par une main en arrière, celle d'une jeune femme qu'il ne connaissait pas mais dont le sourire branlant ne laissait rien au mystère. Visiblement alcoolisée, la demoiselle gloussante lui tendit un grand verre qu'il prit par réflexe, fronçant les sourcils prêt à l'aider bien qu'incapable de saisir la moindre parcelle de son charabia. Mais rapidement, elle s'effaça, le laissant là, interrogateur, lui faisant baisser les yeux vers la bière visiblement saine, puis les lever vers elle sans comprendre. Donc sa prestation lui avait valu une boisson gratuite ? Bon ... concrètement, même si le brun trouvait les boissons vendus dans ce genre de soirée généralement écœurante, il ferait une exception. Et puis, l'homme aimait avoir quelque chose dans les mains.

Au moment où le directeur se retournait vers les trois adultes réunit, ouvrant la bouche dans l'optique de lancer une nouvelle conversation, il fut un peu dérouté par un spectacle qui lui fit hausser un sourcil : eh bien, Edel était tellement en chaleur qu'il avait besoin de se jeter dans les bras d'un homme marié ? Sans un mot, le sénégalais but une gorgée de son verre en fixant le dépravé - de ses sources - d'un oeil dédaigneux, avant de chercher vaguement la jeune femme dans le paysage. Jeune femme qui semblait très intéressé par l'idée de voler le porte-feuille d'un homme qui tenait compagnie à ... son professeur de droit. Eh bien. Il allait devoir faire en sorte d'éviter la catastrophe.

- Excusez-moi. Lâcha-t-il en tournant les talons en direction de la foule, descendant l'estrade.

Et surement qu'il aurait pu l'atteindre si un groupe de personne ne lui avait pas barré la route. Plus de visibilité sur la jeune femme. Tant pis. Mais un coup d'oeil vers le haut lui fit bien comprendre qu'il n'avait pas envie de retourner tenir compagnie au maire. Autant prendre une petite pause. Alors, discret, il s'écarta en direction du bord de l'eau.

Bon. Il fallait qu'il se calme.
Maintenant qu'il s'était calmé, Jungo avait pu prendre le temps d'aller marcher un peu dans l'eau histoire de se débarrasser de la souillure qu'il avait reçu. L'énervement s'était dissipé - un peu du moins - ne laissant place qu'à une grande honte et une petite dose d'anxiété. Autant l'accident avait été ridicule, autant il était désormais certain qu'avec sa réaction, Cleeve ne voudrait pas passer de temps avec lui. Ce qui voulait dire un client en moins et quoiqu'on en dise, le norvégien était un bourreau du travail, quel qu'il soit. Pas question de bâcler quoique ce soit : son job de prostitué et d'hôte ne faisait pas exception.

Après avoir prit le temps de respirer, il tenta de retourner à la fête par l'autre bout, zigzaguant honteusement entre les groupes, ses chaussures aux pieds. Il avait trouvé une serviette sur laquelle s'essuyer alors que son propriétaire batifolait dans l'eau aux côtés d'une blonde à grosse poitrine. Ou peut-être qu'elle était brune. Aucune idée, de toute manière, il n'y avait que ça de visible.
S'il espérait se faire discret, l'intervention loupa : un homme se planta devant lui avec un beau sourire, visiblement un serveur vu sa tenue, lui tirant un sursaut justifié. Ca ne va pas d'apparaître devant les gens comme ça ?

- ... Vous désir../Vous semblez ne pas passer une bonne soirée. J'espère que ceci vous remontra le moral !

Et sur ces mots, il s'éclipsa en lui laissant un petit sandwich d'apparence délicieuse dans les mains. Un peu perplexe, la vipère hésita avant de mordre dedans à pleine dents, jusqu'à le dévorer. Ok. Ca allait mieux. Maintenant, Cleeve.
Le chemin fut... compliqué mais lorsqu'enfin le jeune homme arriva au stand, il avisa le rouquin qui semblait déjà avoir trouvé de la compagnie en la personne d'un de ses collègues. Super ... aucune chance qu'il le rejoigne comme ça, monsieur Smet était un de ses professeurs. Et plus que cela, il était loin d'être désagréable et n'avait pas besoin d'être payé lui. Se renfrognant, vexé voire un peu attristé, la princesse secoua la tête et se dirigea vers le bout du bar, se hissant sur une chaise pour s'asseoir à côté d'un gars en sweat bleu ciel - qui mettait un sweat par cette température ? - visant le barman :

- Ce que vous avez de plus fort. En double.

- Enchanté. Et vous ne vous trompez pas, de la compagnie me serait plus qu'agréable.

D'un sourire tout ce qu'il y a de plus colgate, Kris accueillit la déclaration de l'autre métisse en levant son verre avant d'en boire un peu, pour lui faire part de la satisfaction qu'il ressentait à sa réponse.

- Pardonnez mon indiscrétion mais vous me paraissez seul vous aussi pour quelle raison ? Quelque chose me dit que les fêtes sont plutôt quelque chose qui vous plait ?

Ah, la fameuse question. Le tatoueur prit le temps de faire passer son regard autour de lui, balayant l'assemblée rameutée autour d'eux comme s'il réfléchissait à une réponse qui était déjà toute décidée. Quelque groupe par-ci, quelque groupe par-là, parfois seulement des couples d'amants ou d'amis. Très peu d'enfants, mais rien d'étonnant vu l'heure. Les rares familles préféraient jouer au bord de l'eau, bord sur lequel il crut apercevoir quelques silhouettes solitaires, dont une assise par terre face à la mer. Et Calogero qui démarre dans sa tête, yes.

- J'aime le contact humain, sinon je ne ferais pas ce métier. Je ne reste jamais très longtemps seul si vous voulez tout savoir et puis parfois, ce genre de soirée surprise permet de faire des rencontres intéressantes. La preuve, je vous ai trouvé. Lâcha-t-il en riant doucement sur la fin, satisfait de sa bouttade.

Il allait reprendre par une question mais un accident importun vint les interrompre, lui faisant hausser un sourcil. En voyant la chute arrivée, son bras se tendit pour récupérer rapidement Asar par la hanche en le ramenant à lui, avant d'aviser la jeune femme qui semblait avoir perdu quelque chose.

- Attention, ne vous blessez pas. Murmura-t-il en relâchant rapidement sa hanche pour ne pas y apposer un contact plus rapide que nécessaire.

Se baissant à son tour pour l'aider à se remettre sur pieds, la vision d'un porte-feuille bien connu à terre lui fit hausser un sourcil. De son bras gauche, l'autre tenant son verre, il attrapa le menton de la demoiselle, la faisant brusquement redresser la tête vers lui pour plonger dans son regard d'abysse :

- Désolé ma belle, je n'aime pas trop que l'on touche à ce qui m'appartient. Mais tu as de la chance, je suis bien luné ce soir et je ne me sens ni d'humeur à t'escorter jusqu'au poste, ni à appeler mes amis qui y travaillent. Alors on va simplement dire que je n'ai rien vu et tu vas décaler hors de cette plage, compris ?

Si son sourire restait charmeur, le ton de sa voix ne laissait aucune place à la gentillesse et ça, la voleuse l'avait visiblement saisi. Alors, rougissante et un peu tremblante, elle s'esquiva rapidement de sa prise avant de s'enfuir en courant en direction de la route, sans demander son reste tandis que Kris ramassait son bien.

- Je ne pensais pas un jour remercier quelqu'un d'avoir trébuché.