Forcément il était là. Pas tellement pour les étudiants, il aurait le temps de repérer en cours les quelques uns qui valaient vraiment la peine, mais surtout pour les autres personnalités qui allaient être là. Ce bal allait être un lieu de rencontre entre les étudiants et des potentiels maîtres de stage ou futurs employeurs...Dont certains dans les mêmes domaines que ceux dans lesquels naviguait déjà l'avocat alors autant en profiter pour se faire bien voir comme toujours.

Costume impeccable gris anthracite assortit de bijoux dorés, répondant aux légers traits dorés sur son masque aux inspirations clairement orientales qui laissait percer ses deux yeux aux mêmes reflets, balayant la salle d'un regard acéré, sa boucle d'oreille brillant à son oreille droite. 

Bien sûr il n'était pas arrivé au début de la soirée, il ne se passe jamais rien au début de ces évènements et l'avocat avait horreur de perdre son temps. Néanmoins il avait fini par arriver, rentrant tranquillement dans la salle avec toujours son attitude parfaitement à l'aise. Bien, maintenant il ne lui restait plus qu'à trouver les bonnes personnes à qui parler pour rentabiliser sa présence en ces lieux.

Il était occupé à détailler la salle, et surtout ses occupants dans le fond la décoration lui importait assez peu, quand une voix le sortit de ses réflexions pour faire tourner son regard d'aigle vers le serveur. Il reconnu assez facilement un des étudiants de l'académie, en même temps la couleur des cheveux ou la silhouette étaient assez peu commun

Il prend calmement une flute sur le plateau que portait l'étudiant, plus par respect des us et coutumes que par réel intérêt pour la boisson. Il ne buvait que très bon mais il était de bon ton dans les soirées d'avoir un verre à la main. Ils furent rapidement rejoins par le directeur de l'académie et organisateur de la soirée, sur lequel l'égyptien posa son regard acéré.

Peu habitué à être ainsi appelé par son prénom mais la soirée était encore à ses prémisses alors il savait se faire conciliant pour l'instant. Il inclina légèrement la tête en signe de remerciement à son compliment

Il avait entendu parler du bal qui allait s'organiser à l'académie, c'était un peu le sujet brûlant en ce moment en ville et même quelqu'un comme lui ne pouvait pas passer à côté. Sans trop savoir quand ou comment, il avait fini par prendre la décision d'y aller. Pourquoi la réponse était facile mais ce n'était pas quelque chose qu'il comptait partager, de toute façon il n'était pas dans ces habitudes de justifier ce qu'il faisait.

C'est donc comme cela qu'il se retrouvait ce soir juste devant le lieu de la réception, sans l'habituelle cigarette qui ornait normalement ses lèvres, regardant le bâtiment de ses yeux gris neutres, laissant s'écouler quelques instants avant de franchir les portes.

Costume noir bien sûr, chemise blanche style asiatique, ses longs cheveux gris attachés dans une tresse rabattue sur son épaule et un masque noir aux motifs d'argent qui n'allait pas sans rappeler le symbole de son clan pour ceux qui le connaissait. Il laisse son regard embrasser la salle, repérant les lieux autant que les personnes qui étaient là même si la plupart lui étaient inconnues.

Finalement il fait quelques pas dans la salle, récupérant au passage un verre en évitant le champagne, le portant à ses lèvres lentement pour en prendre une première gorgée en laissant son regard balayer l'endroit. Il avait vu celui pour qui il était là mais restait à l'écart pour l'instant, le laissant converser, faisant quelques pas parmi la foule.

J’étais arrivé avant le début de la soirée pour m’assurer des effectifs et de ne pas manquer de serveurs. C'est la première fois que je suis derrière le bar mais à force d’y trainer, on sait comment s’y prendre pour servir les boissons et la quantité requise. Étant le premier sur les lieux, je regardais la liste des serveurs et évidemment, je devrai être indulgent pour cacher mon côté impulsif. Je les connais tous, et certains ne font pas partie de mes potes préférés. De toute façon je risque d’être pas mal occupé à préparer les cocktails et remplir les flûtes de champagne. Aujourd'hui, le rouge n’est pas à l’honneur et comme tous les employés, je porte une chemise immaculée de blanc, pantalon d’un noir ébène ainsi que le nœud papillon. Chaussures en cuir cirée, une montre dans les mêmes teintes pour ne pas faire trop contraste. Malgré l’envie de détonner, ce soir je reste dans l’ombre des gens à les servir. Il n’y a que mon masque qui distingue des autres puisque le barman a le choix de ne pas mettre de loup. Je dois avouer que le métal est très classe avec tous les motifs, qui laisse apparaitre à moitié mon visage. Mon joli sourire sera ma marque de commerce ce soir.  

Trois plateaux pour le champagne sont déjà prêts à partir, il ne reste plus que les invités et les commandes. Tout se passe bien pour l’instant, je n’ai pas envie d’étrangler quelqu’un au passage. Les bouteilles d’alcool sont toutes placées à la perfection derrière moi et je vérifie le tout une énième fois. Tout est parfait, mon masque bien centré ainsi que mon nœud papillon. Quelques personnes s’approchent déjà au bar pour un whisky, rhum, parfois du vin. Plutôt facile comme début de soirée.  

Il faudrait être sourd et aveugle pour ne pas avoir entendu cet nouvel événement du bal masqué. Henry raffole de ce genre de soirée, comme tout bon Britannique. Déjà jeune il accompagnait ses parents dans les soirées mondaines, aujourd’hui il sera venu seul. Avant tout, le psychiatre avait des patients à son bureau pendant la journée, lui qui préfère mettre son travail devant toute chose. Il n’avait rien annulé, il arriverait seulement plus tard, lorsque la soirée sera entamée. Après sa douche, il prend le temps de peigner ses cheveux pour faire retomber ses mèches frivoles sur le front, mettre son habit trois pièces somme toute festif mais chic pour une telle soirée. Une chemise noire, un pantalon en tissu de la même couleur et les chaussures parfaitement cirée. Seulement son veston est de teinte bourgogne, terminant en deux pointes au niveau de ses genoux. Pour agencer le tout, il choisit sa plus belle montre, une chaine au cou et quelques bagues, le tout en or. C'est sans oublier son nœud papillon rouge et doré au milieu. Henry essaye tant bien que mal de mettre ses verres de contact. Ils assèchent ses yeux et ne peut pas les porter plus de quelques heures, c’est pourquoi il met en permanence des lunettes.  

C’est la première fois qu’il stationne sa Porsche à l’université, fébrile à rencontrer sans doute les professeurs, le directeur, aussi les étudiants qui deviendront peut-être stagiaires chez lui. Henry attache son masque doré avec certains motifs rouges et sort de sa voiture, se demandant s’il gardera l’anonymat toute la soirée. Non seulement à cause du masque mais il n’a jamais croisé autant de personnes depuis qu’il est déménagé sur l’île. C'est le temps parfait pour se lancer dans la gueule du loup dira-t-on. Il dépasse le vestiaire, n’ayant pas apporté son manteau et observe rapidement la salle. La soirée semble se passer à merveille, il aimerait bien discuter mais surtout, danser. Ce n’est pas spécialement les élèves qui l’intéressent sauf qu’il se laisse guider par ses pas, s’attardant sur un masque, aussi des cheveux en particulier. Il lui sourit, sans mentionner son travail.

Il n'avait même pas noté sa présence. En même temps, il n'avait aucune raison de le faire, ce n'était pas comme s'il s'attendait à ce que quelqu'un d'autre vienne lui parler. Mais une voix se charge bien vite de lui montrer qu'il avait tort, le faisant se tourner vers son origine, ses yeux aciers en parti cachés par son masque à défaut de l'être complètement par ses mèches comme c'était le cas habituellement. Progrès de sa part, il se souvient encore de qui est l'homme, même s'il ne comprend pas pourquoi il avait tenu à venir lui parler.

En soit, lui même était surpris de se voir ici ce soir mais ce n'était pas quelque chose qu'il comptait lui avouer

On entend plusieurs rires, des voix basses autant qu’en crescendo, la soirée est partie de bon pied comme le directeur de l’académie le voudrait sans doute. Quelques-uns ont osé la piste de danse, dont j’espère ce soir ne pas avoir à aller valser. Peu de gens sont au courant de toute façon. À moins d’avoir trop bu dans un bar, c’est assez rare que j'aille draguer une fille en dansant. Tout en prenant deux commandes de vins blanc et rouge, mes oreilles et mon regard fixe le bruit du cristal tombé au sol. Ma main se serre à la bouteille; Jungo. Cet imbécile a non seulement cassé plusieurs flûtes mais ce plateau était proche du directeur lui-même et Monsieur Larsi. Mes mâchoires claquent une fois et j’essaye de rester calme, offrant aux deux invités leur boisson avec un sourire en coin. Ils sont trop loin pour que je puisse voir l’étendue des dégâts mais clairement, il ne fait jamais les choses à moitié pour attirer l’attention. Je demande à un serveur qui revenait de me remplacer deux minutes, le temps de lui donner une bonne correction et un petit balai lorsqu’un autre arrive dans mon champ de vision. Ils se sont passés le mot ce soir pour que je fulmine?  

Je dépose ma serviette sur le comptoir et marche d’un pas rapide. Enlève ta paume de cette fichue table ou je t’explose la gueule. S'il tire sur la nape, ce sera le deuxième incident en cinq minutes, sauf si je le rattrape à temps. Je ne l’ai pas servi plusieurs fois, à moins qu’il ait pris trop de champagne ou qu’il ait bu avant. Arrivé à sa hauteur, ma voix est grave, sévère et je prends finalement sa main pour une clé de bras sans forcer – pour l’instant.

-Écoute-moi bien Sam. Soit on va dans les toilettes et je te fous la tête dans l’eau, soit tu pars gentiment en taxi avec lui comme accompagnateur. Tu étais plus résilient avec l’alcool quand je t’ai connu, mais dépêche j’ai pas le temps pour tes conneries.

Je donne un billet de cent livres à Kwon, même si ma confiance envers lui se limite à zéro. Les taxis raffolent de ces soirées puisqu’elles sont payantes.  

-Mets-le dans un taxi avant que je lui casse la gueule et que tu sois un dommage collatéral.

Henry ne peut s'empêcher de rire à cette remarque ma foi humoristique à laquelle il ne s'attendait pas de cet homme. Il pensait à une simple salutation, voire un hochement de tête. Ce qu'il fait ici n'est pas de ses affaires, malgré que techniquement, Jinzō n'est plus classé de ses patients. C'était un suivi pour la police, banal me diriez-vous. Mais le psychiatre en veut toujours plus; exigeant de sa nature. Il l'aurait questionné toute la journée sauf que sa vie semblait bien aller pour retourner au boulot, sur son terrain de chasse. C'est surtout le dernier qu'il pensait croiser ce soir et ses passe-temps, que dire. Nettoyer ses fusils, panser ses blessures. Un policier sans famille est marié à son travail, Henry ne sort pas du lot.

-Si je vous vois sur la piste de danse, je devrai changer de métier. Certes, passez une bonne soirée.

Il sourit en replaçant machinalement ses lunettes manquantes et en se retournant, plusieurs masques sont visés vers le sien. Henry s'arrête, se demandant si les rumeurs sont déjà entré les lèvres. D'où connait-il Jinzō? Ce n'est pas souci, les gens peuvent s'inventer ce qu'ils désirent. Toutefois, sa timidité remonte à la surface, il cherche une échappatoire. Le bar n'est pas surcharge, quelques minutes pour se tempérer avec un verre à siroter, puisqu'il tient mal l'alcool. Avec son joli sourire innocent, il se dirige vers la boisson du diable.

Il y avait des choses qui avaient changées de toute évidence, des petites choses pour quiconque ne le connaissait pas vraiment mais c'était déjà visible dans sa façon de parler, dans ses réponses. Il était quelque part plus lui désormais. Mais là n'était pas la question, même si sa réponse semble étonner le psy. Lui il garde son visage de marbre, se contentant d'un haussement de sourcil moqueur quand il reprend la conversation. Aucun risque effectivement de le voir sur la piste de danse. De toute façon la seule personne qui aurait potentiellement pu l'emmener dessus n'était pas l...Wait. 

Son regard balayait la pièce sans vraiment voir la foule avant de se fixer sur une silhouette qu'il connaissait par coeur, fronçant légèrement la sourcil en ignorant le départ de son précédent interlocuteur. Qu'est-ce-qu'elle faisait là ? Sans compter qu'elle avait l'air d'attendre quelqu'un... Sur le principe elle avait bien le droit de sortir comme elle voulait mais c'était plus fort que lui. Alors il la garde à l'oeil, restant dans le secteur sans non plus se faire oppressant, l'idée n'était pas de la déranger dans sa soirée mais de voir qui elle attendait comme cela