Enfin un semblant de conversation. Même si y’avait zéro pour-cent de drague ou un truc du genre, ça ferait passer le temps plus rapidement. Fallait pas forcément que les rencontres mènent à quelque chose après tout. Ça permettait d’explorer de nouvelles personnalités, aussi différentes soient-elles.

- Oui moi aussi ! En tout cas j’aurais très certainement une place dans son cabinet à la fin de mon cursus. C’est un excellent départ dans la vie active, la notoriété est un grand avantage je ne peux pas dire le contraire ça c’est sûr.

Il n’avait pas l’air de vouloir s’étendre sur le pourquoi du comment ils se connaissaient mais en tout cas, fallait pas être un génie pour le deviner. Je connaissais un peu les affaires de monsieur Lasri, surtout que je les avais à peu près toutes lues. Même si y’en avait un nombre incroyable, elles étaient vraiment toutes fascinantes.
Un rire assez sincère faisait vibrer ma cage thoracique.

- Et bien merci. Je pourrais te dire que tu n’es pas mal non plus mais tu m’as bien fait comprendre que tu le savais déjà...~

Un peu de taquinerie mais toujours très sage. Un p’tit compliment c’était jamais de refus hein.

- Je suis dans ma dernière année de licence, ensuite j’aurais un an de pratique et deux ans à faire dans un cabinet pour finaliser mon statut.

Mais avec un travail de déjà tout trouvé, peu de chances que ça se passe différemment ou avec des difficultés.

- Oui, je me suis pris de passion pour se domaine. Je passais ma main sur ma nuque, j’avais pas envie que ça passe pour de la vantardise. - Effectivement il ne le fait pas avec n’importe qui... En fait c’est même très rare qu’il prenne comme ça un élève sous sa tutelle...

Inclinant la tête de côté, je jouais calmement avec mon verre.

- Et toi ton parcours ça s’est déroulé comment ? J’ai découvert que Edel n’était pas qu’un nom, j’espère en découvrir un peu plus.

Le piston ne faisait de mal à personne et, s'il était assez doué, est-ce que l'on pouvait considérer cela ainsi. Qu'il profite d'avoir la chance d'être soutenu par Asar. Je souris sincèrement à sa réflexion, le fixant droit dans les yeux. Je n'avais pas pris ce qu'il venait de dire comme une remarque, loin de là, mais je me questionnait.

- J'ai souvent l'impression que c'est perçu de manière négative, le fait que j'aime mon physique, que je sois sûr de moi à ce niveau là. Comme s'il fallait toujours se reprocher quelque chose. Je suis simplement bien dans ma peau et je sais m'apprécier. Je pense que beaucoup devraient s'estimer un peu plus physiquement. Même si pour moi le physique est très important, que j'aime ce qui me semble parfait, tout le monde doit avoir un peu de charme.

Pas forcément à mes yeux, d'ailleurs j'étais un peu petit pour être mannequin. Mais je m'en fichais pas mal, je m'aimais exactement comme j'étais, même si j'avais entrepris de faire recouvrir une vieille cicatrice.

J'aimais aussi la manière dont Jace parlait de son parcours, il avait de quoi être fier après tout. Ce n'était pas donné à n'importe qui d'être repéré par un professionnel qui avait déjà une bonne clientèle et une bonne réputation. Je hochais alors la tête à ce qu'il me disait, l'écoutant.

- Mon parcours ? Et bien... Je travaillais pour mon père, jusqu'à son décès.

Je souris un peu étrangement en repensant à la mort de ce vieux con. Mais je préférais ne pas en parler ici.

- Je n'ai peut-être pas tous les mérites pour mon entreprise, car je suis partis sur les bases de mon héritage pour la financer. Mais c'était quand même long et un gros travail pour la créer. La mode est également un monde impitoyable, soit on a des idées qui fonctionnent, soit pas du tout. J'ai eu de la chance de pouvoir percer et d'avoir ma place malgré la jeunesse de mon agence. Mais comme toujours, l'argent ouvre des portes et je ne sais pas si j'aurais pu partir de rien pour arriver là où j'en suis.

J'étais plutôt sincère, je savais pertinemment que sans la fortune de mon père, je n'aurais pas réussis, du moins pas si facilement. J'avais beau être un connard et faire souvent le beau, je n'étais pas un menteur.

- Profite de ta jeunesse et des expériences professionnelles que tu pourras avoir. C'est très important pour réussir.

Je m’enfonçais contre le dossier de la chaise et le regardais en souriant. Croisant les jambes. C’était une partie assez intéressante. On était complètement opposé là dessus.

- D’un côté je comprend parfaitement ton point de vu. C’est bien de s’aimer, de connaître sa valeur... Je pense que le risque c’est de tomber dans la vantardise ou de passer pour un prétentieux... C’était pensif quand je parlais et ça ne le visait pas. Les autres ne sont peut-être pas habitués à une telle assurance ?

Je portais mon verre à mes lèvres en inclinant la tête de côté. Ancrant mon regard dans le sien.

- Par contre je n’ai pas ton avis sur le physique. Pour moi ça passe après, je préfère passer cette barrière pour m’intéresser réellement à la personne.

Donc une personne magnifique physiquement pouvait être parfaitement laide quand on creusait un peu plus. Évidemment le physique c’était important, mais pas le premier critère. Loiiiiin de là. C’était amusant de voir nos différences.

- Pourquoi tu n’aurais pas tous les mérites ? Tu as eu un héritage, tant mieux, ça t’as permis de te lancer, comme d’autres avec des prêts. Ça ne te rend pas moins crédible pour autant. Tu as une histoire différente de ceux qui ont tout bâti en partant de rien mais ça ne te rend en rien moins légitime.

Amusé, je balayais la pièce du regard avant de m’arrêter encore sur lui. Cet échange devenait plus intéressant que son côté blasé du début, ça me faisait sourire.

- Je profite. D’ailleurs je m’entoure pour toujours avoir une accroche. J’aime avoir des connaissances, des amis... Chaque chose est bonne à prendre. Comme cette rencontre, ça permettra de savoir à qui on fera face le jour où on se verra, qu’en penses-tu ?

Papillonnant entre les tables et les clients, Andrej Dabrowski, sa longue tresse battant des reins, vérifiait que tout se passait bien pour tout le monde. Déjà le sixième round et le rebelle des vingts continuait à rester calme, sûrement grâce à son partenaire... Mais l'heure tournait toujours et la fin de la troisième heure était sur le point de se clore. Quand ce fut bon, le russe donna un coup de rein pour se remettre en mouvement, sa toge délicieusement trop courte d'un violet profond tournoyant pour retourner voir les participants.

L'ambiance était agréable et tranquille, ils avaient l'air satisfait et continuait de consommer... C'était par-fait!

"Monsieur Edel? J'espère que tout continue de bien se passer pour vous. Je vous invite à rester à cette table, votre nouveau partenaire va arriver. Monsieur Fray, veuillez me suivre jusqu'à la table 5 s'il vous plaît: votre prochain partenaire vous attend."

Et, son sourire coquin aux lèvres, il changea les groupes pour le prochain round.

{Fin des réponses /!\ Sixième round: Naël Edel et Alexander Bane }

Je n'eus pas vraiment le temps de répondre à Jace, le laissant partir à sa prochaine table. J'attendais alors mon nouveau date. Je lançais un petit regard au maître des lieux, lui faisant un petit signe de tête pour le remercier. Je sortis mon portable un instant pour voir si je n'avais pas reçu de mail de la part de mon travail. J'avais pris ma soirée, mais on ne savait jamais, c'était la saint-valentin après tout, il y avait des soirées un peu partout. Il n'y avait rien à signaler, pas de mail, c'était une bonne chose, je pouvais donc continuer ma soirée sans trop me préoccuper de mon travail. Ce qui n'était pas du tout simple pour moi.

Je rangeais rapidement mon portable avant que la prochaine personne n'arrive. Je regardais alors un peu autour de moi, m'étirant légèrement. Je n'avais pas bougé de ma chaise contrairement à d'autres qui n'avaient fait que ça. Je me levais alors un peu, me dégourdissant les jambes. Cela faisait du bien de bouger un peu. J'attrapais d'ailleurs un serveur au vol pour lui demander de m'apporter un autre verre d'eau pétillante, le gaz étant mon seul plaisir.

Je vis une tête un peu familière se pointer, mais sans sa présentation, je n'aurais pas su le replacer. Je lui pris la main, plutôt fermement, j'étais son supérieur après tout et je devais le montrer. Je le suivis, reposant mon royale fessier sur la chaise, souriant légèrement. Sa question m'amusa un peu, vu qu'il faisait partie des gens qui me connaissaient un minimum, il devait savoir que j'étais très exigent avec les gens. Mais je l'étais encore plus quand il s'agissait de mes partenaires.

- Je suis tout aussi surpris que vous de vous rencontrer ici. Et je rencontre tout un tas de personnes diverses, c'est plutôt... intéressant ?

Je ne savais pas mentir, je n'avais trouver aucune personne à mon goût, mais bon, je n'allais pas en faire tout un scandale... Enfin plus maintenant. Je me demandais de quoi j'allais pouvoir parler avec le jeune homme, je crois me souvenir qu'il était en psychologie ou un truc comme ça.

- Vous m'excuserez, mais je ne sais plus exactement ce que vous faites comme études. Je crois que vous êtes dans la psychologie ou la sociologie ?

Autant demander, je n'avais que ça à faire après tout. Tuer le temps en parlant avec lui.

Alexander était vraiment un jeune homme des plus sympathique. Je me demandais parfois comment il avait pu devenir mannequin. Son physique n'était en rien un problème, loin de là. Mais je le trouvais bien trop gentil et adorable pour appartenir à ce monde sans la moindre once de pitié. Il y avait souvent des histoires entre les mannequins, certains se trouvant mieux que les autres et voulant absolument le montrer... J'avais un peu l'impression de me décrire. Mais c'était nos armes dans ce milieu, montrer que l'on était mieux que les autres, physiquement du moins.

Il ne me semble ne jamais l'avoir vu faire sa diva ou écraser les autres. En résumé, c'était plus un bon garçon ? Je l'écoutais, il était dans la criminologie également, détail que j'avais oublié, mais au moins je le remettais un minimum. Il me questionna un peu et ce qu'il ajouta à la fin me fis sourire et m'arracha un petit rire.

- Ne vous en faite pas Alexander, si quelque chose ne me plait pas, je vous le dirais Je ne savais pas que vous étiez aussi intéressé par les hommes.

Ce n'est pas le genre de chose qui est marquée sur le front des gens. Parfois l'on peut s'en douter, mais les gens étaient souvent discret avec ça. Et quoi de plus normal ? On ne demande pas à un hétéro s'il est hétéro.

- Je suis venu ici par curiosité et comme je ne suis pas un grand romantique, je n'ai personne pour la saint-valentin. Et même si cela peut paraître cliché, je n'aime pas passer ce genre de soirée seul. Mais sinon je cherche simplement quelqu'un qui saura éveiller mon intérêt.

Et ce n'est pas gagné...

- Sinon niveau passion... Je n'en ai pas énormément en dehors de mon métier. J'aime faire du sport, prendre soin de moi et surtout, comme tu as déjà du le voir, je suis un peu le genre d'homme superficiel qui adore sa voiture. Je ne sais pas si ça me donne un air macho, ou si c'est un peu trop cliché, mais c'est les seules chose auxquelles j'aime accorder du temps. Je suis très matériel.

Je ris un peu, je me répétais beaucoup ce soir, heureusement, ce n'était pas auprès des mêmes personnes.

- Dites moi, Alexander, vous vous plaisez dans mon entreprise ? Et dans vos études ? Concilier les deux ne doit pas toujours être évident.

Il était donc ouvert à tout, cela devait lui offrir bien plus d'opportunités. Je ris un peu à ce qu'il dit ensuite, est-ce que je regrettais vraiment d'être venu ? Non... Pas vraiment. J'avais aperçu Matthieu et cela me faisait plaisir de voir qu'il se portait plutôt bien. Même si je n'avais pas encore pu le croiser et que je ne sais pas si cela se fera ce soir.

- Je ne vais pas regretter cette soirée, ne vous en faites pas.

Je suis juste un peu dépité qu'il n'y ait pas d'homme à mon goût, du moins à ma table. Mais j'était tellement compliqué... Je ris sincèrement quand il me parla de golf, il est vrai que là, j'aurais assez de clichés pour que l'on fasse un film de ma vie. Il me demanda quel genre de sport je pratiquais, je réfléchis un instant.

- Vu le peu de temps que j'ai, je ne fais que du sport que je peux pratiquer seul. Comme le footing, ou des exercices simples qui se font dehors. Je vais de temps en temps au fitness, même si je n'ai plus vraiment le temps depuis que mon entreprise a officiellement ouverte.

Pas de sport en groupe donc... Je n'étais pas fait pour de toute façon, bien trop perso. J'écoutais sa réponse par rapport au travail, ceci me réconfortait d'une certaine manière, il était important de connaître ce que ses employés ressentaient. Et avec le jeune homme, je n'avais aucun doute sur sa franchise.

- Et une fois que vous aurez votre diplôme, vous pensez continuer à travailler à temps partiel pour mon agence ? Ou peut-être que vous préfèreriez vous consacrer à votre emplois, ce qui est compréhensible. Il y a pas mal d'étudiant qui travaillent dans le mannequinat pour financer leurs études, car c'est un travail qui peut être considéré comme "facile". Mais avoir un beau visage et un corps appréciable ne suffis, il faut savoir poser. Mais je ne vais rien vous apprendre là-dessus.

Je souris quand il revint sur le sujet de la voiture.

- J'aime particulièrement cette voiture. Disons que je ne passe pas mon temps à regarder des magasines ou autres. Non, j'ai simplement eu un coup de cœur pour celle-ci et je n'ai aucune connaissance en mécanique. J'apprécie surtout le fait que ce n'est pas une voiture que l'on voit à tous les coins de rue, elle est un peu unique et je me fais facilement remarquer avec.

Oui, j'ai un problème, j'ai besoin d'attention.

- Vous devez également faire un peu de sport non ? Au moins pour vous entretenir physique. Ou bien vous avez d'autres passion que le mannequinat ?

Papillonnant entre les tables et les clients, Andrej Dabrowski, sa longue tresse battant des reins, vérifiait que tout se passait bien pour tout le monde. Déjà le septième round et le rebelle des vingts continuait à rester calme, sûrement grâce à son partenaire du moment... Mais l'heure tournait toujours... Quand ce fut bon, le russe donna un coup de rein pour se remettre en mouvement, sa toge délicieusement trop courte d'un violet profond tournoyant pour retourner voir les participants.

Une ambiance toujours tranquille et sympathique, presque sage! Mais ça continuait de consommer alors il n'allait pas se plaindre de ce manque flagrant de luxure.

"Monsieur Edel? J'espère que tout continue de bien se passer pour vous. Je vous invite à rester à cette table, votre nouveau partenaire va arriver. Monsieur Bane, veuillez me suivre jusqu'à la table 5 s'il vous plaît: votre prochain partenaire vous attend."

Et, son sourire coquin aux lèvres, il changea les groupes pour le prochain round.

{Fin des réponses /!\ Septième round: Naël Edel et Ethan Lee }

Je vis le maître des lieux arriver à nouveau, coupant notre rendez-vous. Je saluais Alexander, content d'avoir pu partager ce moment avec lui et en apprendre un peu plus sur l'un de mes employés. Je soupirais légèrement, les hommes que j'avais rencontré n'étaient vraiment pas mon style jusqu'à maintenant. Bien trop jeune pour moi. Je crois que je vais devoir me faire à l'idée de rentrer seul. Je jouais avec mon verre d'eau, observant les bulles remonter. J'espérais sincèrement croiser quelqu'un qui serait au moins dans la tranche d'âge que j'espérais, ainsi je pourrais faire une concession s'il n'était pas riche... Si au moins il avait un physique plaisant, je pourrais accepter un rendez-vous.

J'espérais aussi secrètement pouvoir être un peu avec Matthieu, même si ça, je ne l'avouerais jamais. J'avais envie que l'on se retrouve un peu, cette distance que j'avais mise entre nous me faisait souffrir bien plus que je voulais l'admettre. J'irais peut-être le voir accidentellement à la fin de soirée, pour au moins lui demander comment il va. Je n'étais pas vraiment ravi de le voir ici... Mais qu'est-ce que j'espérais dans le fond ? Qu'il m'attende sagement alors que je me tapais d'autres mecs ?

La soirée commençait à se faire longue pour moi, j'avais envie de retourner dans mon lit, pas friand de longues sorties, j'avais beaucoup trop socialisé à mon goût, mais c'était le jeu après tout, en tout cas, Jace allait me le payer et c'était certain. J'étais déjà en train de réfléchir à quitter l'endroit, mais ce n'était pas cool pour les autres personnes qui attendaient après moi. Je me dirigeais donc vers la nouvelle table que le gérant m'avait indiqué. Une tignasse blonde m'y attendait déjà. Pourquoi fallait-il que je le croise ici, pourquoi fallait-il que je le croise tout court, ça y est, j'avais de nouveau honte de moi, de notre dernière "entrevue". Est-ce que je devais m'excuser pour ça ? Après tout je n'avais pas fait exprès.

Bon, j'essayais de garder un semblant de calme en m'asseyant en face de lui, s'il se montrait méchant j'allais filer me planquer, c'était sûr.

Bonsoir monsieur Edel..

Comment oublier son nom, je lui avais quand même vomi dessus, ce n'était pas rien, et on ne pouvait pas dire que je passais inaperçu vu ma tignasse.

Je relevais la tête en voyant quelqu'un s'approcher. Je levais alors un sourcil, reconnaissant parfaitement le jeune homme. Il me devait une paire de Crockett & Jones neuves... Je restais donc neutre, fallait pas le stresser, j'avais peur qu'il vide à nouveau le contenu de son estomac sur moi. Il me salua, se souvenant de mon nom. Je n'avais qu'une envie, le mettre au plus mal, ce serait tellement amusant de le voir gêné, qu'il ne sache plus où se mettre, qu'il en oublie jusqu'à son nom... Mais bon, j'avais décidé de faire un effort ce soir, j'allais donc me montrer le plus sympathique possible. Cependant son nom m'échappa, je me souvenais parfaitement de ses cheveux bleus, mais son prénom ?

- Bonsoir... Tu m'excuseras, mais j'ai oublié ton nom, bien que je me rappelle parfaitement qui tu es...

Je ne disais vraiment pas ça pour le mettre mal à l'aise, juste pour lui signaler que je voyais qui il était. Je me demandais d'ailleurs s'il avait pu se racheter un portable... Je bu quelques gorgées d'eau, l'observant un peu.

- Comment tu te portes depuis notre... dernière et unique rencontre ?

Me montrer gentil était bien plus dur que je ne le pensais. Pourtant je faisais tout ce que je pouvais pour mesurer mes paroles.

Le stress s'était emparé de ma cage thoracique, je connaissais bien cette sensation, j'avais ressenti la même chose la première fois que l'on s'était rencontré et cela n'avait pas été joyeux du tout. Respire Than, ça va aller, reste mignon et ça devrait le faire. Encore une fois, je me parlais à moi-même, cela m'aidait un peu.

C'est Ethan... Ce n'est pas grave que tu ne te rappelles pas de moi.

Je me doutais qu'il m'oublierais de nouveau après cette entrevue. Cela ne me dérangeait pas en soi, moi aussi j'aurais préféré oublier toute cette histoire.

Je vais mieux merci... Je tenais à m'excuser pour la dernière fois, je n'en ai pas eu l'occasion. Et à vous remercier aussi, j'ai pu remplacer mon portable.

Je n'avais d'ailleurs pas utilisé tout l'argent qu'il m'avait donné, je n'avais pris qu'un modèle basique, je n'avais pas besoin de plus moi après tout.

Je viendrais vous rembourser bientôt ! je travaille fort pour ça !

Je n'aimais pas avoir de dettes, surtout à ce genre de personnes, mais il avait l'air sympathique ce soir, j'allais éviter de l'énerver cette fois.

Je tentais de garder un sourire amical, qu'est-ce que je pouvais regretter ma paire de chaussures qui avait finit directement à la poubelle. Même un bon nettoyage n'aurait pas suffis à ce que je les mettes à nouveau. Il semblait calme et je ne voulais plus faire de vague ce soir. Il s'était donc racheté un portable... Tant mieux pour lui. Je ne pu cependant m'empêcher de rire quand il me dis qu'il allait bientôt me rembourser. Je me demandais ce qu'il faisait pour gagner de l'argent, j'avais envie de l'écraser. Mais je restais calme, il était si insignifiant à mes yeux.

- Ne t'en fais pas... ce ne sont pas 700 pauvres livres qui vont changer ma vie.

Ce n'était que de la monnaie pour moi.

- Dis moi plutôt ce que tu fais ici... Tu me semblais bien trop timide la dernière fois pour participer à ce genre de soirée. Tu aurais combattu tes peurs ?

Je devais rester gentil... Je me l'étais promis. Je faisais donc l'effort de m'intéresser à lui, ne m'offusquant pas qu'il me tutoie, après tout je le tutoyais aussi... Mais nous avions des rangs différents, qu'il s'écrase devant moi aurait été une joie, mais je ne voulais pas stresser le pauvre jeune homme aux cheveux bleus... Je tenais à ma veste.

Apparemment, il ne m'en tenait pas rigueur, ou alors il avait un self contrôle incroyable et j'admirais ça, j'aurais aimé être pareil en fait. Moi qui me laissais facilement avoir par le stress.

Je tiens à vous rembourser ! J'y tiens vraiment, je viendrais rendre l'argent bientôt.

Oui j'y tenais vraiment, après tout j'avais fait fort la dernière fois. Je ne comptais pas recommencer de sitôt, cela n'avait été agréable ni pour lui ni pour moi au final. Je relevais les yeux vers lui lorsqu'il reprit la parole.

En fait, c'est mon colocataire qui m'a forcé à venir, je ne l'aurais pas fait de moi-même.

Je me triturais les doigts nerveusement, le rouge m'était monté aux joues par instinct.

Mais je travaille sur moi pour combattre mon trac, combattre ma timidité, je n'étais pas comme ça à l'époque.

Je pouvais jouer devant des centaines de personnes quand la musique était toute ma vie, le trac avait pris possession de moi une fois que j'avais arrêté, sans comprendre pourquoi au final, c'était complètement idiot après tout.

C'est mon colocataire qui m'aide, il m'incite à revenir dans ce que j'aime le plus et je l'en remercierais jamais assez.

Pauvre petite chose qui tenait à me rembourser. Je soupirais légèrement alors qu'il insistait, visiblement agacé par ses paroles. Je ne voulais pas de son argent, je n'en avais clairement pas besoin. Il m'expliqua alors pourquoi il était là... Je l'écoutais, je devais me montrer gentil avec le petit être faible que j'avais en face de moi. Il n'était donc pas aussi effrayé à l'époque ? Je plissais les yeux, me demandant d'où venait alors son trac maladif. Je souris un peu, de manière légèrement bienveillante...

- Donc si je comprend bien, avant tu pouvais parler à plus de monde ? Qu'est-ce que tu faisais ? Qu'est-ce que tu ressentais à l'époque ? Explique moi... Est-ce que tu t'es déjà tenu devant une foule ?

Je ne connaissais pas son passé et je me disais que dans ma grande générosité je pouvais peut-être l'aider un peu. Parler en publique n'avait jamais été un problème pour moi. J'avais toujours eu confiance en moi et l'on m'avait montré à quel point j'étais important depuis ma plus tendre enfance. Me présenter, me montrer en publique... Je l'avais toujours fais à cause de mon connard de père. Je pouvais le remercier pour ça, je pouvais diriger mon entreprise, engueuler des employés ou virer des gens sans le moindre scrupule, sans la moindre honte. J'avais conscience d'être généralement un connard, mais je ne craignais pas le jugement ou le regard des autres.

- Si tu veux t'entraîner à être à l'aise avec ça, je peux t'aider... je suis habitué à parler devant beaucoup de personne, il n'y a rien de difficile là-dedans du moment où tu crois en toi et que tu as confiance en ce que tu fais...

Je sentais que je l'agaçais, je savais interpréter certaines choses quand même et son soupire ne m'échappa pas, mais il voulait en apprendre plus, c'était bizarre, mais on était là pour ça après tout. Même si pour le moment, c'était lui qui posait les questions, cela ne me dérangeait pas tellement au fond, je préférais ça, je n'étais pas assez curieux pour questionner les gens.

En fait, je n'ai jamais vraiment parlé devant des foules, sauf peut-être pour me présenter mais c'était assez rare. Lorsque j'étais plus jeune, je faisais de la musique, du piano pour être précis alors il m'arrivait souvent de faire des concerts, j'ai déjà participé à l'intrumental de ballet aussi.

C'était le bon temps, j'étais jeune et je ne connaissais pas la honte à cette époque, j'étais couvert de compliments, je n'avais pas perdu mon talent, juste la confiance en moi qui allait avec.

Mais un jour, j'ai participé à un concours et je me suis planté devant le jury et le public, ils n'étaient pas nombreux, mais ça m'a mis très mal à l'aise, peu de temps après mon père m'a interdis les passages sur scène pour finalement m'interdire la musique bien plus tard.

Et ma vie s'était littéralement écroulée à ce moment là.

J'ai toujours aimé jouer pour des gens, ma mère était une grande musicienne aussi. C'est ma nounou qui me la dit, je ne l'ai pas connu mais j'ai vu des vidéos, je voulais être comme elle, vivre de ma passion, mais je n'y arrive plus. Parfois je joue pour Jace, il me met à l'aise lui.

Je lui souris gentiment à sa proposition.

C'est gentil, mais je ne pense pas en avoir besoin un jour, comme tu t'en doute, je n'ai plus confiance en moi. Tu en a payer les frais la dernière fois...

J'écoutais son histoire, restant neutre. Je souris un peu quand il évoqua son père. Ah les parents... Ma mère s'était désintéressée de moi quand elle avait quitté mon père. Elle avait l'impression de le voir à travers moi. Mais ce n'était pas important, elle n'était qu'une femme après-tout. Je compris rapidement qu'Ethan avait été choqué par ce qui s'était passé, il lui fallait retrouver de l'assurance et il y avait deux façon de faire, la douce, comme faisait son ami Jace et la brutale que j'allais lui proposer.

- Si tu es aussi doué que tu le dis, pourquoi ne pas venir jouer pour moi devant un publique. Je donne souvent des réceptions et je suis toujours à la recherche de musiciens talentieux. Tu pourras inviter ton ami Jace... Si tu réussis à le faire, cela pourra te donner confiance en toi, mais tu préfère peut-être te morfondre et être chouchouté dans ta peur.

Oui j'étais sec, mais j'avais été éduqué ainsi. Il n'y a que les forts qui gagnent, qui règnent sur les autres. Je ne pouvais pas changer ce que l'on m'avait enfoncé dans le crâne durant toute mon enfance et mon adolescence. Je ne pouvais nier que mon père avait laissé une marque sur moi et que par son égoïsme, il m'avait rendu tout aussi pourri que lui.

- Les pères sont souvent castrateurs... Le seul moyen que j'ai trouvé pour me libérer du mien a été de devenir ce qu'il haïssait le plus, un gay. Bien que cela n'ait pas été un choix pour moi, mais le lui dire a été une réelle satisfaction. Nos parents n'ont pas à choisir de quoi sera fait notre avenir.

Je jouais avec la serviette sur la table, la pliant et la dépliant nerveusement, d'habitude c'était mon écharpe qui prenait, mais je ne la portait pas ce soir, quel malheur, j'aurai dû la prendre et tant pis en fait. Je lui avais déblatéré une partie de mon histoire d'une traite, je ne cherchais pas de pitié, il m'avait demandé des explications, je les lui avait données.

C'est gentil... J'ai déjà un emploi du temps chargés, je cumule deux boulots en plus de mes études, je suis certain que tu pourras trouver des musiciens talentueux pour tes réceptions, je ne suis certainement pas le garçon qu'il te faut pour ça, je vais juste te faire honte et je l'ai déjà assez fait comme ça.

Ce qu'il disait sur les parents, je le pensais aussi au fond, mais je n'avais jamais vraiment réussi à me rebeller, j'avais eu une sale période bien sûr mais j'avais toujours obéi à mon père, c'était encrer en moi.

Ce n'est pas grave si je ne deviens pas musicien, je vais finir mes études et je verrais après.

Je n'avais pas encore de but, mais ça allait venir, j'étais jeune.

Je fronçais légèrement les sourcils à sa réponse... N'avait-il donc aucune ambition ? S'il aimait vraiment la musique, il devrait se battre pour elle, tout comme je m'étais battu pour avoir mon entreprise. Je n'avais plus vraiment envie d'être gentil avec lui, je le trouvais lâche. Il ne trouvais pas grave de ne pas devenir musicien, est-ce qu'il le pensait vraiment dans le fond ?

- Tu ne m'as jamais fais honte, tu m'as surtout mit en colère. Et là je t'avoue que tu m'énerve encore... Dis moi Ethan, pourquoi as-tu commencé la musique ? Si c'était pour faire plaisir à ton père, sans aucune passion, je lâcherais l'affaire. Mais si c'est ce que tu aimes vraiment faire, tu vas laisser la peur prendre le dessus et abandonner ce que tu aimes ?

Je le fixais un peu sévèrement. Je n'aimais pas les gens qui abandonnaient pour la moindre difficulté.

- Tu ne t'en rend pas compte, mais tu as le droit d'avoir de l'ambition, il faut juste te donner les moyens de faire ce que tu veux vraiment. Je sais ce que tu penses, que c'est facile pour moi de dire tout ça... J'ai mis deux longues années à mettre en place mon entreprise, à la faire fonctionner et encore aujourd'hui je donne tout mon temps pour qu'elle prospère. Mais si tu veux de contenter de : Ce n'est pas grave, comme tu veux.

Il disait ne pas lui avoir fait honte, mais je m'étais quand même écrouler à ses pieds et vomis sur ses chaussures devant des journalistes, ce n'était pas rien, à sa place je me serais juste caché à jamais, mais il savait garder la tête haute. Je baissais la tête à ses paroles, il se trompait sur toute la ligne, il avait réussi, ça ne voulait pas dire que c'était le cas pour tout le monde. Je baissais un peu la voix.

J'ai commencé... Pour me faire aimer de mon père... Il aimait ma mère... Je me suis dit... Si je deviens comme elle alors peut-être qu'il m'aimerait aussi...

Je l'avais tuée, indirectement mais c'était de ma faute et on me le faisait bien savoir depuis, donc oui au début, c'était pour ça.

Mais... J'ai appris à aimer tout ça... Je voulais vraiment devenir professionnel... Mais j'en suis incapable... Tu as raison je suis un lâche, mais je me suis fait à l'idée...

J'avais les larmes aux yeux, bien sûr que j'aimais jouer, plus que tout même, mais ça m'effrayais, terriblement maintenant.

J'ai de l'ambition... J'ai l'intention de réussir dans la carrière dans laquelle je me suis lancée...

Comme si bosser dans un hôtel allait suffir à mon bonheur, mais je l'avais choisi, je frottais un oeil de ma manche, je n'allais pas pleurer, je l'énervais déjà, il me trouvait faible, ça n'allait que le conforter dans ce qu'il pensait de moi.

Je vis qu'il avait les larmes aux yeux, je m'étais promis d'être gentil. Je soupirais légèrement, pas contre lui. Je comprenais pourquoi il avait commencé la musique. Comment lui faire comprendre qu'il n'était pas trop tard.

- J'ai été à ta place Ethan, j'ai suivis les études que mon père voulait que je suive, je voulais lui faire plaisir au départ, mais tout ce que je ressentais pour lui n'est devenu que de la haine. Je suis sûr qu'au fond de lui ton père t'aime, il s'en rendra peut-être compte un jour, ou pas. Mais tu ne dois pas vivre à travers ton géniteur. Je sens bien que les études que tu fais maintenant ne te passionnent pas. J'ai bien compris que la musique était ce qui te plaisait.

Je le regardais un peu durement. Je n'étais pas pédagogue et je ne pouvais pas choisir à sa place.

- À mes yeux, tu n'as qu'une chose à faire, te lever et te battre pour ce que tu aimes. J'imagine que tu as de bonnes capacités en musique. Je vais donc te faire une nouvelle offre. Montre moi un de ces jours de quoi tu es capable avec un piano, si cela me plait, je t'engagerais pour jouer pour moi. Je ne peux rien faire de plus, le reste doit venir de toi. Soit tu as l'envie et la volonté de changer, soit tu abandonne. Tu as le numéros de mon secrétaire, appel le quand tu seras décidé, tu as le temps...

Je ne pouvais que comprendre ce qu'il ressentait. Contrairement à lui j'avais osé me rebellé, cela n'avait pas été simple, cela m'avait pris du temps et j'imagine qu'il lui en faudrait aussi. Je restais cependant assez froid, il était trop tôt pour moi pour changer et devenir un peu plus humain.