Hater n'avait rien de mieux à faire, c'était clairement une soirée comme une autre pour lui. Il s'était inscrit, parce qu'il se sentait seul. Il fallait l'avouer, tout ses petits crushs rapides et passagers ne s'étaient jamais conclus par quelque chose, et ces derniers temps, c'était clairement sur le ton de la solitude que les choses étaient posées. Il s'était donc dit que si le destin ne venait pas, il viendrait frapper à sa porte. Lui qui était toujours honnête, franc et cash, il pouvait clairement trouver chaussure à son pied ce soir. Il l'espérait du moins. Cependant, il n'avait pas fait un grand effort pour le jour J. Un sweat habituel, rose, assez large pour lui, et son jean baskets habituel. Au moins, on ne pourrait pas dire qu'il ment sur la marchandise. Sa nonchalance s'affichait sur sa démarche et son style. Il replaca de la main sa mèche qui cachait la moitié de son visage, cicatrisé d'un coté, pour observer les environs. Le Lux. Il y avait déjà mit les pieds, le concernant. Trop souvent peut-être.

Il attendait qu'on le prenne en charge. La tenue du personnel ne lui fit ni chaud ni froid, alors qu'il marchait mains dans les poches de son sweat, vers la table. Son regard se posa instantanément vers la personne... qu'il trouva tout de suite mignonne. Il s'installa dans le siège de libre et tendit sa main, qui ornait quelques bagues et dont les bracelets pendus à ses poignets cliquetèrent joyeusement. « hater, enchanté. » Non, son prénom n'était pas une blague, mais passons.

Hater sourit. Un sourire sincère. Il appréciait que le jeune homme lui donne son numéro, cela ne l'engageait à rien et il n'aimait pas les prises de tête, ce qui ne semblait pas le cas de celui-ci. C'était un bon point. Il récupéra son téléphone et pianota rapidement sur celui-ci pour envoyer un message, qui ne tarda pas à arriver. « Et voilà » Il était presque rayonnant pour le moment. Une petite bouffée d'air frais qui lui avait fait du bien, rien que par ce premier pas accepté. Il remit son téléphone dans la poche de son sweat, ainsi que ses mains et dévia le regard, semblant chercher les réponses à cette question. [color:3fb3=ff99ff]]« Mhh... J'aime la musique. Les gens. Mais beaucoup de choses me lassent rapidement. Je n'ai pas vraiment de passion, je m'intéresse à tout, mais quand je le fais, je le fais à fond. J'aime le sport aussi. Ca me détend souvent. » Son regard se posa à nouveau sur le jeune homme. « Et toi ? » Il ne connaissait pas son âge. Il lui demanderait à l'occasion. Hater regarda l'heure et grimaça. Il était déjà temps. Trop peu de temps. Il sortit ses mains de ses poches et posa ses coudes sur la table, déviant le regard quelques secondes, avant de le reposer sur lui. « Mh. Je sais que ça peut paraitre étrange. Je sais que tu peux me prendre pour un fou, et juste effacer mon numéro après ça mais... Ca te dirait qu'on se voit, juste après ? Je crois que j'ai un petit coup de coeur pour toi. » Il n'avait pas honte de l'avouer, ni de le dire. Il se contenta de sourire sincèrement et de se remettre confortablement sur sa chaise, attendant la suite des évenements.

Hater écoutait le jeune homme, restant bien silencieux quand il parlait, le fixant sans aucune gêne, avant de sourire, presque amusé. « Tu fais pas ton âge, c'est cool de venir dans ce genre d'endroits malgré ça. Tu penses à l'avenir ? Tu cherches une relation stable, ou c'est juste pour t'amuser ? » Il se demandait si lui aussi, à 30 ans, il viendrait dans ce genre d'endroits pour rencontrer des gens ou s'il chercherait simplement une autre voie. Ou s'il aurait déjà quelqu'un dans son lit, dans sa vie, dans sa stabilité émotionnelle assez conflictuelle.

« J'ai 22 ans, je suis étudiant. Et, tu peux me tutoyer tu sais. » Il finit par tendre les mains devant lui. « Donne moi l'une de tes mains, je vais te détendre. T'as l'air super stressé, et je connais un massage qui détend les muscles. Il parait que je ne suis pas mauvais à ça. »

Hater affichait un sourire, sincère et qui se voulait rassurant. Il n'était que rarement mal à l'aise dans les situations, et il préférait que ses interlocuteurs ne le soient pas, mal à l'aise. « Tu fais quoi dans la vie, toi ? » Il ne se vexerait pas s'il refusait de lui offrir une main, dans le cas échéant, il rangerait ses propres mains dans ses poches et continuerait la conversation sans gênes. S'il voulait bien lui offrir, il ferait en sorte de lui masser avec tendresse et application, tout en suivant la conversation à venir.

« Le travail c'est sympa, mais faut aussi penser à la vie sociale. Je serais rien sans elle, personnellement. Je t'avoue que ça me manque, la compagnie, et juste donner de l'amour. » Hater ne prenait pas attention au fait qu'il venait surement de dire qu'il n'avait eu que peu, voir personne, dans sa vie sentimentale jusque là. Ce n'était pas grave pour lui, clairement pas. Cela ne le dérangeait en rien. D'ailleurs, son âge non plus, et vu la gêne du jeune homme, il devrait peut-être lui dire. Il stoppa un peu son massage pour le regarder dans les yeux de son regard bicolore. « Ca ne me dérange pas, notre différence d'âge tu sais ? T'es mignon. Tu devrais avoir plus confiance en toi, tu bouleverserais beaucoup de coeur. » Il eut un léger sourire avant de recommencer son massage manuel. Hater n'était pas méchant, ni gentil. Il disait ce qu'il pensait quand il le pensait. Il ne se trouvait pas attirant, ni repoussant non plus. La normalité faisait partie de sa vie, même si ses crises enfantines en faisait quelque chose de moins monotone qu'il aurait voulu. Il caressa ses doigts légèrement, faisant quelques pressions par endroit, semblant perdu dans ses pensées parfois. « Dans le commerce. Master. Ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse, mais je dois bien avoir un métier plus tard, donc. La calligraphie, hm ? C'est joli. Tu me montrerais ? C'est quoi ta langue maternelle ? » Il lâcha d'une de ses mains pour boire le reste de son verre qui était posé sur la table, avant de lâcher sa main de l'autre également pour s'étirer nonchalamment. Hater était beaucoup trop à l'aise parfois. Il reporta son attention sur le jeune homme, passant une main dans sa mèche sur son visage pour redresser ses cheveux en arrière. « Tu penses vraiment trouver quelque chose ici ? J'ai l'impression de voir des gens qui sont juste là pour parler, ou plus intimement avec les corps. Ca me casse les couilles, un peu, mais je vais pas trop râler pour ça, c'est la nature humaine qui veut ça. J'aimerais bien trouver quelqu'un qui me comprenne un minimum, ou s'en donne la peine de, avant de lui offrir mes cuisses. Quoi que d'ici quelques heures, j'aurais surement été lassé de tout ça pour finalement choisir l'option de facilité. » Hater ferma les yeux quelques secondes, un léger sourire aux lèvres. Il disait vraiment tout ce qu'il lui passait par la tête, avec calme. Lui qui d’ordinaire aimait embêter les gens, sans pour autant les rabaisser, ou qui n'aimait pas faire le moindre effort, était plus conciliant qu'il le voulait. C'était le début, après tout. Surement pour ça.  

Hater l'écoutait parler, avec une semi attention, il fallait le dire. Non pas qu'il ne l'intéressait pas, c'était juste dans son tempérament. Cependant, il l'avait écouté avec une attention suffisante pour remarquer quelque chose. Il dévia alors son regard sur lui, qui jusqu'à lors regardait ailleurs. Il avait volontairement esquiver la question sur la marque de son visage et rebondirait plus tard sur le métier. « Cela fait deux fois que tu me dis que j'ai un beau regard. » Il laissa plâner un slence, avant de venir se redresser face à lui et poser ses coudes sur la table, faisait cliqueter ses bracelets à ses poignets, enlaçant ses doigts pour ramener ses lèvres contre ceux-ci et continuer de le regarder, semblant réfléchir. « Sûr de toi ? Je ne cherche pas quelqu'un sûr de lui, au contraire. Si je pouvais rassurer et aimer une personne qui ne l'est pas, cela me rendrait content, et j'aime avoir parfois ce genre de dominance sur la personne. » On ne pourrait pas lui reprocher son honneteté, au moins. Il dévia le regard. « Les hommes virils et dominants me plaisent autant que les personnes réservées et remplies de mal-être ou de mystères, tu sais. Je n'ai pas réellement de préférence amoureuse... » Il dévia à nouveau son regard sur lui. « ... ou sexuelle. » Il marqua une nouvelle pause avant de se remettre sur son siège de façon nonchalante, mettant les mains à nouveau dans les poches de son sweat rose. « Tu sais, il nous reste quoi... 5 minutes, 10 minutes ? Si tu as envie que je ne t'oublies pas après cette rencontre, de faire en sorte que ce soit toi que je cherche à retrouver et pas un autre, tu devrais faire quelque chose que je n'oublierai pas. » Il tourna la tête pour regarder la salle et les gens qui discutaient, de ça et là, légèrement dans le vague. Il avait laissé une porte ouverte, à voir s'il la saisirait ou non.

Hater observait le coréen. Il voulait répondre à son refus. Lui dire, qu'au contraire, il venait peut-être de marquer son esprit positivement. Il ne lui en voulait, mais c'était l'heure du départ et il se contenta de lui sourire, sans bouger de position. Hater aimait cette table. C'était SA table, dorénavant. Il ne supporterait pas qu'on le change de table, il avait des manies de petits vieux, il faut croire. Il observa alors l'autre. Un autre qu'il ne connaissait pas, encore. Connaissait-il des gens ici, en fait? C'était la troisième personne qu'il croisait, et il se lassait lui même d'être redondant dans les questions réponses qu'il pouvait donner. Il se contenta alors de se ré avancer sur la table, poser ses bras dessus et son menton dessus, pour regarder le nouvel arrivant. Blond, semblant totalement ... presque étranger à la situation. Peut-être n'était-il pas là par vouloir, peut-être était-il juste aussi décontracté que lui. Qu'importe. Hater allait s'amuser un peu, et surtout, ne pas tomber dans l'ennui total. Il resta ainsi presque impassible, et nonchalant, comme à son habitude, portant sur une voix neutre. "Hater, 22 ans, étudiant dans le commerce." Rapide, trop rapide peut-être. "Embrasse-moi." Silence.

En voyant l'homme se décrire, il se demandait réellement s'il les trentenaires étaient abonnés au lieu. Ce n'était pas commun. Enfin, il n'en savait rien puisqu'il n'allait jamais dans ce genre de lieu normalement. Seul son regard suivait celui du blond, alors que son rire sonnait comme une mélodie aux oreilles du jeune bicolore. Pas que cela, d'ailleurs. Son accent. Accent... Russe ? Vraiment ? Hater était soudainement très attiré et mitigé. La russie, ce pays qu'il fuyait maintenant, mais qui était ses racines. Il le laissa s'approcher, le toucher, relever son menton et le regardait toujours avec une certaine nonchalance, jusqu'au dernier moment où il sourit légèrement. Chose rare chez lui. « Ochevidno, ya khochu etogo.* » Il avança alors son visage pour poser ses lèvres sur celles du blond, avant de rajouter une impulsion à son action, décroisant ses bras pour s'appuyer sur la table sans quitter ses lèvres et y glisser un genoux, passant carrément sur la table, pour venir se poser allègrement sur les genoux du blond, glissant ses bras autour de son cou, imitant la même action avec ses lèvres qui s'entrouvaient pour chatouiller sa langue de la sienne avant de se détacher, respirant à moitié. Il posa ensuite sa tête contre l'épaule du blond, avant de fermer les yeux et rester dans cette étreinte. Pour un regard extérieur, on pourrait penser à des retrouvailles entre deux amis ex sur les feux de l'action, et pourtant, il n'en était rien. Il murmura doucement. « Sauve-moi, s'il te plait. » Il pouvait très bien passer pour fou, instable. Hater n'en avait que faire. Il était vrai, et sincère, toujours. Il disait ce qu'il pensait et ressentait.

*Evidemment, je le veux.

Hater avait les yeux fermés lorsqu'il entendit le rire léger du plus vieux. Pourquoi riait-il ? C'était marrant...? Il redressa alors la tête et chercha son regard du sien. Soufflant du nez, il se demandait si le blond avait besoin d'être rassuré sur ce point. Il détourna alors le regard, semblant ailleurs une nouvelle fois, hors du temps. « Même si c'était le cas, je ne te le dirais pas. J'aime bien être assis sur tes genoux. » Il semblait avoir reprit un mur entre lui et cet homme, et pourtant, s'il savait qu'il venait de lui ouvrir son âme littéralement quelques secondes plus tôt. Comment avait-il pu se laisser si ouvertement atteindre, en murmurant ses paroles précédemment ? Il aurait pu rentrer et se faufiler dans son être si facilement. Fort heureusement, ou malheureusement, pour Hater, il n'avait pas prit cette direction et avait préféré garder le coté léger de la situation. Il fallait peut-être mieux, oui. Hater reposa son regard vairon sur le blond. « Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu de russe aussi parfait. Tu es... originaire du pays ? » Hater avait remonter ses mains sur le haut du professeur et serrer ses doigts contre celui-ci, comme s'il pouvait tomber à tout moment alors que ce n'était pas le cas. Il laissa son front se poser contre celui de son interlocuteur quelques secondes avant de finalement venir à nouveau poser sa tête contre son épaule, trouvant l'endroit confortable et, étrangement, il s'y sentait en sécurité. Hater s'adaptait à ceux qu'il avait en face de lui, que ce soit pour se sentir en sécurité ou sécurisé celui qui avait besoin d'être sécurisé. Mais là, rien qu'une minute, qu'on le laisse respirer et ne plus se préoccuper de rien... Qu'on le laisse vivre quelque chose qui le fasse ressentir. Un peu. Juste une fois. Si seulement. Il ferma les yeux quelques secondes, profitant à nouveau de l'étreinte.

Hater sentait que la discussion se tassait, que les choses semblaient normales alors que rien ne l'était dans cette conversation et cette tendresse. Pourtant, c'était sa normalité à lui, étrangement. Il hocha la tête. « Je n'y allais que pour les vacances, jusqu'à... quelques temps. Ce sont mes origines, et j'ai appris à vivre avec, à la maison, c'était une langue obligatoire pour beaucoup de choses. » Et entre autres de beaucoup de choses. Il resserra ses doigts contre le haut du blond. Mouvement imperceptible pour ceux qui ne feraient pas attention, et pourtant, c'était le signe que ce sujet lui tenait à coeur. Ce passé qu'il n'avait parlé à personne et dont la marque se reflétait sur son visage encore aujourd'hui. Les restes d'un passé enfouis et qui ne demandaient qu'à s'ouvrir un jour, peut-être.

Puis, soudain, ce frisson.
Ce putain de frisson qu'il recherchait. Il le sentit enfin lorsque les murmures du blond viennent chercher son attention à son oreille. Hater en aurait pleurer sur le coup s'il n'était pas si intensément prit dans ce tourbillon d'émotions qu'il ne voulait pas lâcher. Sans le savoir, il lui offrait encore ce qu'il désirait : ressentir. Ne pas se sentir juste là. Il redressa alors la tête vers lui et glissa ses mains avec délicatesse contre son cou avant de poser à nouveau ses lèvres doucement contre les siennes. Il se voulait doux, le remerciant de son attention, de ce qu'il faisait pour lui, peut-être sans s'en rendre compte encore une fois, mais c'était sincère. Il recula ses lèvres par ce baiser chaste avant de murmurer. « Je sais que d'ici quelques minutes, tu changeras de table, et oubliera ce moment, mais... Ne pars pas. » Il savait sa demande impossible. Un tout autre sens était caché dans ses mots également. Il savait que c'était idiot. Il savait tout ça. Il reposa ses lèvres chastement contre les siennes pour un baiser moins chaste cette fois-ci, y mettant quelque chose qu'il ne donnait pas souvent : des émotions, des envies passionnelles. Cela faisait quelques temps que son coeur amoureux n'avait pas battu, même brièvement, pour un être, quel qu'il soit.

Et bordel, ça faisait un bien fou.