La lumière s'éteint et Jungo fige aussi rapidement qu'un lapin devant les phares d'une voiture. Le jeune homme n'avait jamais aimé l'obscurité totale et là en plus, il était censé la gérer avec tous les autres. Ni une ni deux, il se secoua les puces et commença à chercher à tâtons les placards dans lesquels se trouveraient certainement des bougies. Les gens autour de lui s'activaient et tant mieux, car dans la hâte, son épaule percuta un torse dur qui le fit se figer.

- ... Je suis déso...

- Et bien. La vue te fait défaut, princesse ?

Frisson.
La lumière s'était de nouveau rallumée tandis que la prise autour de son bras l'avait empêché de buter dans quelqu'un d'autre. Dieu qu'il haïssait les foules. Son masque blanc se leva en direction de l'autre, sans pouvoir s'empêcher d'admirer le détail d'élégance dont s'était paré Malik. Pas revu depuis sa sortie de l'hôpital. Pas reparlé. Nouvelle rencontre.

- Je ne suis pas encore nyctal...

- Pas pour tout le monde on dirait. Lâchez-le, j’ai besoin de lui. Ce sera pour un autre soir, Malik.

... Mais c'était dingue tous ses gens qui l'interrompaient aujourd'hui ! En retenant un grognement fort disgracieux, la princesse tourna un regard agacé en direction d'Erik avant d'automatiquement s'éloigner un peu. Que ce péon ne le touche pas ou il allait se prendre sa main dans sa figure.

- Tu es attendu au bar, mêle toi de ce qui te regarde, sombre butor.

Que cet idiot foute le camp. De toute manière, il ne comptait pas s'attarder, lui aussi avait du travail. Sa main frêle voulut se poser sur le poignet de Malik mais dû se retenir à cause de la prise encore présente d'Erik.

- ... Monsieur Al'ahmaq, pendant que je suis là, vous souhaitez boire quelque chose ?

La femme face à lui semblait terriblement inquiète en lui expliquant la situation.

- Souhaitez-vous que j'aille vérifier ? J'appellerai un médecin par la suite, si besoin.

La brune s'empressa d'acquiescer et alors que le principal de l'académie se dirigeait fort gracieusement vers les toilettes, le coupant s'arrêta. Immédiatement, le brun fronça les sourcils et se colla par réflexe au mur. Hum merde, il espérait que ses employés étaient déjà sur le coup et en effet, quelques chandelles commençaient déjà à s'allumer ci et là. S'il avait fait attention, il aurait même pu voir la jeune femme se diriger vers un homme au masque japonais puis le pointer du doigt en lui expliquant visiblement la situation.
En entrant dans les toilettes, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver l'homme qui souffrait visiblement de vertiges.

- Je vais vous appeler un taxi, il serait mieux pour vous de vous rendre aux urgences rapidement. Emmenez votre ... partenaire avec vous, je pense que cela la rassurerait beaucoup. Dit-il en reconduisant l'homme à l'extérieur avant d'alpaguer un de ses employés pour lui indiquer la marche à suivre, faisant signe de loin à la jeune femme alors que la pièce commençait à se couvrir d'une lumière tamisée.

Les billes étincelantes du prédateur jaugeaient celui qui lui faisait face. Pas de tenue extravagantes ce soir, juste l’uniforme requit pour travailler ici. Alors il avait été sur la liste des participants… Le félin avait laissé cette sélection à son partenaire de la soirée, lui avait mis à disposition certains de ses employés également. Les mouvements oculaires s’imprégnaient de ce visage et ce masque qui lui sied à merveille. Un détail qu’il ne relèverait pas.

A peine la petite créature ouvrait ses lèvres, qu’une paume chaude se posait sur son épiderme. D’un mouvement vif, aussi sec que tranchant, sa nuque pivotait vers l’intrus de leur interaction. Ça détaillait rapidement avant de se souvenir. Relâchant le bras qui s’éloignait de lui, Malik attrapait le poignet de celui qui le dérangeait et commençait à serrer lentement pour le faire lâcher. Démontrant ainsi que l’usage d’une certaine force n’était pas prohibée. Il faisait encore sombre, après tout.

- As-tu oublié ce qu’il t’es arrivé, la dernière fois que tu m’as contrarié ?

Le ton tantôt enjôleur était devenu bien plus sombre. La tonalité était à présent à la menace. Il le faisait lâcher et se mettait à tordre l’articulation, son expression présentant un calme olympien.

- Sois malin et obéis. Tu as d’autres obligations ce soir.

La prise libérait cette créature irritante. Son attention déviait sur Jungo à qui avait repris la parole.

- Un cognac. Sec.

Et il se doutait que la bouteille ne serait pas oubliée par l’androgyne, sa favorite étant celle avec laquelle il avait failli le noyer dans son bureau. Souvenir délectable.

- Je suis ravi d’apprendre cela. Nous manquions de psychiatres, alors ça ne m’étonne pas que votre cabinet ai trouvé ses patients sans mal.

Et puis, s’il était bon, il devait être conseillé par ses confrères ou autres professionnels le connaissant un tant soi peu. Il dégageait du commissaire un calme contrôlé. Ce n’était pas du genre à prendre panique pour une petite coupure du courant, bien qu’il avait tout de suite le réflexe de jauger les réactions alentours et d’intervenir en cas de besoin. Heureusement qu’aucun enfant n’était présent, cela aurait engendré des crises de larmes. Rien de moins désagréable pour plomber l’ambiance d’une soirée si tranquille.

Les lèvres du supérieur de la police s’étiraient en un sourire apaisant. Pas débordant de vantardise, loin de la, plutôt humble, même.

- Oui j’en ai été informé. Ils ont du me demander l’accord pour vous ajouter à la liste de professionnels extérieurs à consulter. J’aurais préféré vous rencontré avant, tout de même. Mais je connais mes hommes, je sais que cela n’a pas été fait de manière abusive.

Même si ne pas entrer en contact avec une des personnes allant et venant dans ses bureaux ne lui avait pas particulièrement plus. Les convenances auraient des présentations en bonne et due forme, à minima.

Sa première impression n’est pas déplaisante sauf qu’il manque un petit quelque chose, qu’il cherche tout en discutant. Le commissaire est réactif, mais nonchalant dans les faits. Peut-être à cause de son âge, ou la soirée en tant que tel. Ils auraient dû se rencontrer formellement dans le bureau au poste de police, jamais il n’a eu l’invitation. Henry a mis la faute sur la surcharge de travail, les semaines ont passé et il s’est dit que le policier avait oublié. Une chose l’agace en ce moment, parce que ce n’est pas sa manière de faire. Laisser entrer quiconque dans son cabinet est dangereux, moins qu’en prison mais tout de même, il préfère prendre les distances entre tous ses patients et ses deux psychologues le font ainsi. Il espace le temps entre chaque personne pour ne pas qu’elles se croisent, sinon c’est à risque de savoir qui vient voir un psychiatre. Aucun n’est un numéro pour lui, chacun à son nom. La prison est un endroit peu tranquille, il sait qu’il doit faire attention à leur sécurité et la sienne. Pour l’instant il n’analyse pas plus loin ses paroles donc il n’ose pas envisager qu’il reprend le boulot des autres psychiatres.

La spécialisation d’Henry est dans le domaine pénal. La plupart des gens ne vont pas chercher aussi loin qu’un simple psychiatre dans un bureau. Quelques-uns passent, d’autres reviennent malgré sa façon de travailler qui est plus rude mais efficace.

-En effet, ce n’est pas la soirée idéale pour les présentations mais si vous préférez, je pourrai me déplacer au commissariat cette semaine. C'est un des policiers qui m’a fait signer le papier. Les psychiatres sont obligés de choisir une spécialisation dans les dernières années d’études et peuvent devenir indépendants, s’ils veulent s’aventurer davantage. Si je peux vous donner un conseil, soyez vigilant, les apparences sont parfois trompeuses.

Ces faits là, il les connaissait bien. D’ailleurs, toute une batterie de recherches avait été effectuée pour s’assurer des qualifications de celui qui avait quelques fois arpenté ses murs. Néanmoins il sentait le vent tourner au cours de la conversation, comme une légère tension tirée faiblement. Rien de pesant, juste présent.

- Ne vous inquiétez pas pour cela. Je n’en suis plus à mes débuts.

Le sourire était amusé tandis qu’il avait bel et bien pris la mise en garde en compte. Non. Bien qu’Ivan ai toujours cette présentation avenante et rassurante, il n’était pas un idiot. Il ne se laissait pas avoir par une présentation semblant impeccable. En fait, sa confiance était même très compliquée à avoir, des mots ne suffisaient pas à l’atteindre, ne même à la frôler. Il avait aperçu trop de fois des revirements de caps et il s’était toujours trouvé du bon côté de son intuition. Alors oui, l’homme était mesuré, mais jamais froid dans son attitude. De la bêtise pour certains, pas en son sens. Cela avait maintes fois fais ses preuves au cours de sa carrière.

- Nous pouvons organiser une rencontre, oui. Ça ne devrait pas trainer en longueur, je ne voudrai pas que vos patients soient pénalisés par celle-ci.

C’est ça son excuse, qu’on a besoin du barman qui se démène à chercher ses employés. Je l’enverrais chier mais avec toute la politesse dont je dois garder, ça ne lui gênerait pas de me remercier; princesse. Le mot est choisi à la perfection, lui qui se change deux secondes après pour lui demander s’il veut boire quelque chose. J'ai envie de m’exploser le front avec seulement une heure de boulot. Les yeux vers le ciel pour une énième fois devant lui, j’écoute l’autre. Comment je pourrais oublier deux mois de convalescence avec deux côtes cassées, un tibia éclaté, une commotion cérébrale. Ça lui ferait tellement plaisir que je me mette à pleurer devant lui. Oui, j’ai survécu. Comment, ça restera toujours un mystère. Ça ne m’a pas endurci sur le moment, c’est par la suite que tout s’est enchainé pour être confiant de la bonne manière. Jamais je n’ai cherché la vengeance, ça m’aurait réduit aussi bas que ce chacal, même si la chaleur de mon sang bouille dans mes veines en le voyant derrière son masque. Il ne semble pas avoir compris ma dernière phrase. Un autre soir. Ce qui veut dire qu’on sera amenés à se rencontrer, on est sur une île. Un sourire en coin, plutôt malicieux, le regard même pas pointer vers le premier.

-Quatrième bouteille à partir de la gauche, j’arrive dans deux minutes. À ce que je sache c’est vous qui avez commencé. J’étais tranquille dans l’eau froide, ce que visiblement vous détestez.

C’est mon poignet jadis cassé, ça aussi, je n’avais pas omis. Un sourcil arqué, la seule question que je me pose est de savoir si je vais être exaspéré à la fin de la soirée.

-Vous de même, alors si vous arrêtiez d’importuner le personnel, je n’aurais pas à courir après eux.

Henry oublie souvent de souffler, sortir de sa tête son bourreau du travail et seulement être lui-même. Il reste sur ses gardes face à Ivan, comme si quelque chose cloche, ou qu’il n’y a rien du tout. Le commissaire est trop poli lorsqu’on méprise sans cesse le psychiatre. Voilà pourquoi il devrait lui offrir son sourire au lieu de sortir légèrement ses crocs. Il ne faudrait pas se le mettre à dos, même si ça fait déjà quelques fois qu’on lui demande ses services. C'est une soirée libre à tous et surtout, pour s’amuser. Pourquoi le critiquer maintenant lorsqu’il ne l’a jamais vu à l’œuvre? Les gardiens de prison n’ont pas le même tempérament que les policiers il faut croire, il devrait réfléchir, être plus exigeant. De toute façon, il n’est pas là pour juger qui que ce soit, préférant profiter de la soirée que de présenter son boulot et non lui, même si ça revient au même. Il finit par sourire pour cacher sa nervosité. Si Ivan était dans son bureau, il aurait joué avec ses faiblesses mais ce n’est pas l’endroit ni le moment – ni jamais.

-Je ne doute pas de vos capacités, loin de là. Ce serait préférable une rencontre, seulement pour éviter tout sous-entendu. Mercredi en fin d’après-midi, vous serez libre?

L’échange n’était pas des plus agréable. Pas qu’il le mette mal à l’aise, mais cette espèce d’ambiance qui planait au dessus de leurs têtes n’était tout simplement pas le genre de situation qu’il appréciait. Encore moins en temps de détente. Bien que son intuition le titille, il ne perdait pas cette allure attentive et bienveillante. Pas hypocrite pour autant. Quelque part, il aurait bien aimé avoir un petit quelque chose entre les doigts, un gâteau apéritif ou à boire. Pourquoi pas un café. Il aimait le café. Son bureau arrivait dans ses pensées, si ses échanges tournaient tous de manière similaire, il allait finir par rentrer travailler.

- Je m’organiserai pour. Et bien je vous dis à mercredi et vous souhaite une agréable soirée.

D’un signe poli de la tête, l’homme de loi reprenait son chemin pour aller vers des têtes souriantes. Il les saluait poliment et prenait une coupe qui lui était offerte avec un remerciement sincère. Presque qu’il sentirait des regards perçants sur l’arrière de son crâne, mais il ignorait le tout.

Son attention, elle, cherchait des fils bruns bien connus. Un air un peu contrarié et un masque porté par plus d’une personne ce soir.

Il était en retard. Honnêtement, ce n'était pas son plaisir de se trouver ici. Mais sait-on jamais, peut-être y croiserait-il des âmes en harmonie avec la biochimie... Voir plus si affinité : il manquait cruellement de main d’œuvre de qualité dans les bas-fonds boueux de son empire. Le pas lent mais déterminé, Andrej s'avança jusqu'à la porte d'entrée, haussant un sourcil en voyant la lumière s'allumer brutalement. Okay... Quelque chose à fêter ?

« Tenez. »

S'approchant de l'accueil, le brun retira son cardigan noir pour le remettre au préposé aux vestiaires avant de se mêler à la foule. Et bien il y en avait du monde ce soir...

Le visage froid et lisse, il attrapa une coupe de champagne et déambula distraitement, repérant et mettant un nom sur les visages qu'il reconnaissait. Et étonnamment, ce soir il ne portait aucunement une tenue tape à l'oeil : très chic et classe dans son pantalon à pince noire sur des chaussures vernis, sa chemise blanche tranchant avec le veston sans manche d'un pourpre sombre et moiré, reflétant l'éclat d'argent de ses boutons. Les cheveux éternellement tressé, son regard en amande semblant acéré et tranchant alors qu'il observant ce qu'il se déroulait dans la salle.

Wow putain, insupportable comme toujours. Jungo dut se retenir de cracher volontairement au visage d'Erik alors que celui-ci jouait visiblement à celui qui pisse le plus loin avec son ... ex-collègue.

- Un cognac. Sec.

... Super.
Le serveur n'avait pas oublié l'épisode où la-dite bouteille sous-entendue lui était joyeusement rentrée au plus profondément de la gorge. Claquant d'une langue agacée, le grisé se dirigea d'un pas rapide et franc vers le bas, remplit le verre qu'on lui avait demandé avant de se diriger de nouveau vers les deux ... idiots qui continuaient de se toiser.

- ... Erik. Les invités t'attendent au bar et le directeur te regarde très mal.

Personne n'était à l'aise lorsque le directeur de leur chère académie se permettait de les fixer à travers les innombrables formes qui formaient la foule. Jungo inspira profondément. Une demi-heure ... rien qu'une petite demi-heure et il aurait terminé son service.

- Votre verre. Monsieur. Dit-il en tendant le récipient au brun qui le toisait toujours de toute sa hauteur.

Altaïr regarda l'homme s'éloigner avec celle qui semblait être sa compagne. C'est en les suivant que son attention tomba sur son barman qui visiblement ... se trouvait très loin de son point de chute ordinaire. Son regard s'étrécit sous l'agacement : pourquoi même Erik n'était-il pas capable de faire son travail ? Comment tous ses étudiants pouvaient-ils être aussi peu conscients de l'impact que cette soirée pouvait avoir sur leur avenir ? Parce que vu les deux énergumènes avec qui il était - Altaïr n'était pas assez stupide pour penser qu'Erik copinait avec le fantôme et encore moins avec Malik -, le brun ne doutait pas une seconde que leur discussion ne devait pas être très amicale.

- Bonsoir Phoenix-san.

Son nom de famille attira son attention, lui faisant tourner la tête. Que ne fut pas sa surprise de surprendre, marchant vers lui, un japonais bien connu. Il était rare de le voir aussi élégant, ce que le prince ne manqua pas de noter alors qu'il se tournait déjà vers son invité.

- Bonsoir Takeda-san. Quelques secondes passèrent, le temps qu'il analyse ce que le plus jeune venait de lui dire, Aiko... Je me disais bien que cette personne m'était familière. C'est votre jeune soeur, n'est-ce pas ?

Forcément, la petite quelque part, Jinzo à l'affut derrière. Surement était-ce pour ça qu'il avait rejoint la soirée. Eh bien, le directeur était prêt à parier que c'est lui-même qui avait fait en sorte que le courtisan se sente... nauséeux. L'idée lui tira un mince sourire qu'il chassa rapidement.

- Vous vous amusez ?

Depuis son vestiaire, Hugo s'ennuyait ferme. Mais était-ce vraiment important alors qu'il savait qu'il allait être payé ? Son regard cherchait parfois la haute taille de Jin' qui s'était barré dès que la lumière s'était éteinte, parfois les épaules fatiguées de son père adoptif. Il le capta, là, au bord du buffet à converser avec un homme inconnu mais dont les lunettes ne lui disaient rien qui vaillent. Oui, pour le chien, une personne avec des lunettes est tout de suite plus suspecte. Cela dit ... qui Hugo ne suspectait pas de fourberie ...

- Tenez.

Ses yeux se levèrent sur l'homme (?) qui venait d'arriver, attrapant son manteau avant d'attraper un ceintre pour le coincer dans l'encolure.

- Votre nom ?

Bonsoir. S'il vous plait. Au bout d'un moment si on ne lui disait rien, le polonais n'allait pas s'emmerder.

Sa chemise éclaboussée avait laissé place à ... et bien rien. Kwon l'avait tout simplement enlevé pour se contenter de ses vêtements supérieurs à apposer sur sa peau nue. Eh bien, c'était un style et il était ici en invité, non en employé. La pudeur n'était pas vraiment une de ses qualités et puis... il fallait bien mettre un peu d'ambiance ! Du moins c'est ce qu'il pensait, avant qu'un des professeurs ne viennent le prendre à part pour lui tendre sa veste noire. Et bien ... mignon celui-là, il en ferait bien son quart-d'heure tiens. Mais malheureusement, le littéraire était déjà reparti, laissant l'étudiant avec pour seuls vêtements supérieurs, un corset de taille et une veste déboutonnée par-dessus.
Déjà plus acceptable, mais toujours pas parfait.

Tapotant doucement son masque doré, le jeune homme se saisit de deux nouvelles flûtes avant de se rapprocher de celui qui semblait être soit un professeur, soit un outsider. Mais ne l'ayant pas en cours ... le doute pouvait être permis ?

- Vous êtes seul ? Questionna-t-il en tendant une flûte de champagne à l'homme resté prêt du mur.

Visiblement le gamin à la tignasse sombre avait la langue bien trop pendue. C’était déplaisant pour le co-organisateur de la soirée. Lui ne se parait pas de fausse modestie. Il ne l’appréciait pas et d’ailleurs, il n’avait pas oublié les tournures penchées sur un certain racisme qu’avait employé ce blanc-bec. Il mériterait qu’il lui casse cette articulation une bonne fois pour toute, qu’elle ne soit plus qu’un puzzle impossible à résoudre. Ainsi aurait-il probablement la paix. Ou probablement pas.

Et ces paroles fondées sur un sol aussi bancal que boueux. Voilà tout simplement que le petit barman en herbe se pensait être un héros ? Ce n’était pas comme si sa princesse avait émis le moindre geste de terreur ou d’appel à l’aide.

- Au lieu de perdre ton temps en bavardages inutiles, tu ferais mieux de le suivre. Toi qui semble courir après les secondes.

Parce que sa patience n’avait jamais été une réserve complète. Le moineau voulait se faire plumer ? Quelle invitation touchante. Actuellement, il n’avait pas de temps à perdre avec un être aussi insignifiant. Et puis… Il connaissait déjà la tournure du combat. Ce n’était pas amusant de battre de fois le même adversaire. Mais cette petite gueule lui donnait envie de faire s’embrasser sa mâchoire avec la jointure de ses métacarpes. Et puis, quel bar digne de ce nom n’avait qu’une bouteille de cognac ? Un verre bien apprécié rencontrait ses doigts, le cliquetis de sa bague taquinant la verrerie. Ses billes s’abaissaient sur la créature. L’attrait du jeu aurait pu être intéressant, malgré la soirée avancée.

- Merci.

Et c’était tout ? Tout ce que le grand Malik était capable de dire ? Il portait le verre à ses lèvres et un sourire en coin perlait dessus.

- Cette bouteille est exquise, n’est-ce pas ?

Jungo ressentait un intérêt mesquin et non voilé vis-à-vis de la réaction d'Erik. Visiblement les deux bruns ne s'aimaient pas, de quoi ravir le serpent : un ennemi et un ex-allié-pas-très-sûr-toxic qui se battaient en duel, ça lui permettait de récolter des informations pourquoi pas ...intéressantes.
Enfin Erik partit sous une énième remarque désagréable que le masqué ne prit même pas la peine de relever. Son attention toute portée sur le co-organisateur de la soirée, il lui tendit son verre et attendit quelques secondes pour vérifier qu'il prenait plaisir dans son breuvage.

- Je suis relativement peu de cet avis mais je n'apprécie guère le whisky et ses ... camarades. Aimerais-tu autre chose ? Je vais devoir retourner travailler.

Jungo fit mine de regarder en arrière comme si on l'attendait - ce qui n'était absolument pas le cas, tout le monde s'en sortait très bien sans lui - avant de glisser subtilement :

- Mon service se termine bientôt, je doute que le directeur apprécie de me voir lambiner mes dernières minutes.

L’autre énergumène lui avait dit de… Ne pas chialer ? À ce moment là, il lui fallait un effort surhumain pour ne pas lui saisir la nuque et lui enfoncer le crâne contre son comptoir. Sans aucune once de remord, le co-organisateur ferait part du manque de professionnalisme de certains employés. Mettre le gamin dans la merde ? Avec plaisir, oui. Ses pupilles suintaient déjà la férocité alors que ses doigts portait le récipient à ses lèvres. Son œillade vive s’abaissait sur la princesse.

- Fais donc. Procrastiner n’est pas quelque chose qui ne te vas pas.

A part dans son bureau. Sur l’un de ses sièges, avec très peu de tissu sur lui. Mais l’animal gardait bien ces images pour lui. Toujours sous leurs conversations, quelques pics ressortaient. C’était ennuyant si c’était calme. Et Malik n’était pas de ceux qui démontraient leur éventuel intérêt pour autrui.

- Ne me fais pas honte.

Comme s’il était là en tant que représentant de son hôtel. Mais ce n’était plus le cas pourtant. Leur contrat était terminé. La créature allait tout simplement vers le groupe qui l’attendait en bavardant. Que de choses ennuyantes face à sa distraction.

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