I don't care who was there and who saw me destroy you
Go call you a lawyer, file you a lawsuit
I'll smile in the courtroom and buy you a wardrobe
I'm tired of arguing (of all you)..
I don't mean to be mean but that's all I can be is just me

The way I am - Eminem

L’homme du nord avait mis du temps à retrouver son sang froid suite à l’appel avec son géniteur. Il avait même mis beaucoup de temps.
Maintenant qu’il avait la tête froide, il devait agir. Son père voulait l’île. Très bien. Il allait mettre en branle les tactiques de l’entreprise. Première étape, assurer ses arrières. Une simple recherche sur internet, et le blond esquisse un sourire plus qu’amusé. Un nom. Un seul se détache en lettres noires sur le fond blanc de l’écran.

Asar Lasri.

Il ne s’était pas attendu à voir ce nom, un peu trop familier, dans un coin aussi perdu que cette île. Mais ce n’était pas pour lui déplaire. Au moins, il savait que ses arrières seraient couverts. Et qu’ils le seraient bien. Cela lui évitait aussi de trier les noms et les cabinets, fastidieuse démarche qu’il détestait réaliser. Son père avait-il prévu cela aussi ? Plus qu’à contacter l’homme. Son paternel avait certainement la ligne privée de l’avocat … mais ce n’était pas le cas d’Irwaen et ce dernier n’avait aucune, mais aucune, envie de demander quoi que ce soit à son géniteur. Il soupire, passant une main dans ses cheveux. Il est bon pour passer par la ligne classique.

- Cabinet Lasri, j’écoute ?

Irwaen lève les yeux au ciel, se mettant à faire les cent pas. Quelle plaie de devoir passer par la ligne classique du cabinet. Quelle perte de temps. Il prend toutefois la peine de parler en anglais, ses paroles à peine teintées d’accent.

- Irwaen Hakkonson, je voudrais un rendez-vous au plus tôt avec Maître Lasri.

Le ton est ferme, poli malgré tout. Il est habitué à se faire obéir, ça se sent dans sa voix. Il n’est pas n’importe qui, ça s’entend. Au bout du fil, la secrétaire bafouille un instant. Visiblement, elle ne connaît pas son nom. Effectivement, son père est dans les dossiers, lui n’a jamais vraiment eu à traiter directement avec l’avocat … enfin … si… une fois ou deux, et l’homme lui avait d’ailleurs largement sauvé les fesses. Mais c’était toujours sous le nom et à la demande du géniteur, alors ce n’était pas forcément étonnant que la secrétaire ne le connaisse pas … Et puis, un employé de cet acabit ne devait pas avoir accès aux dossiers de son patron.

- Allez voir Maître Lasri et demandez-lui directement, s’il vous plait. Il me connaît. Irwaen Hakkonson.

La voix est froide, l’agacement commence à poindre dans son ton. Il faut vraiment tout faire soit même avec ce type de personnes … aucune initiative, aucun répondant. De purs moutons. Il continue à faire les cent pas dans le salon, de grandes enjambées, juste pour s’occuper. Il entend la femme hésiter longuement à déranger son patron pour un client qu’elle ne connaissait pas. Il leva les yeux au ciel quand elle se décida enfin à aller porter la question à l’avocat.
S’il n’entend pas l’échange, se contentant de patienter impatiemment au bout du fil, il retient à grand peine une remarque cinglante quand son interlocutrice revient à lui.

- Est-ce que demain à dix heure, cela vous irait ?
- Oui. À demain.

Il raccroche sans même attendre la confirmation que le rendez-vous est bien pris. Demain. Dix heure. Parfait. Son nom avait sacrément dû raccourcir le délai pour obtenir un rendez-vous, et il en était plus que satisfait. Plus qu’à patienter jusque-là.



[Le lendemain]

Séance de sport matinale, douche, petit déjeuner, et le blond est fin prêt à partir. L’itinéraire a été vérifié plus d’une fois pour être à l’heure, et cela va être enfin l’occasion de sortir son nouveau jouet du garage …
Malgré le geignement du loup, Irwaen lui fit signe de rester à l’intérieur alors qu’il quittait le logement, passant par le garage. Les néons s’allumèrent en grésillant. La bâche qu’il retire révèle une moto neuve. Un gros modèle. Sportif. Il esquisse un sourire enfantin et enfile son casque, ses gants et ouvre la porte électrique d’une pression sur la télécommande.

Bientôt le moteur gronde et le blond s’élance sur les chemins et les routes, gagnant à toute allure sa destination. Le vent siffle contre son corps, allongé contre la moto. L’adrénaline coule dans ses veines alors qu’il slalome entre les voitures dans le trafic matinal. Il gagne sans mal sa destination, avec près d’un quart d’heure d’avance. Il prend le temps de garer sa moto, d’y mettre l’antivol, et casque sous le bras, gants dans la poche arrière de son jean, il entre dans l’office, se recoiffant d’une main.

La secrétaire de l’accueil lui lance un regard circonspect. Elle doit certainement le ranger dans la catégorie « jeune impertinent friqué, fils à papa, rien à faire ici ». Mais elle prend son nom poliment.

- Irwaen Hakkonson. Prévenez Maître Lasri de mon arrivée.

Le ton est toujours sec, hautain. C’est une seconde nature pour lui, surtout face à la plèbe. Elle finit par s’exécuter, et à l’heure dite, il est mené au bureau de l’avocat. Entrant dans la pièce, il y jette à peine une œillade circulaire, pour se faire une idée du lieu dans lequel il est, et s’approche jusqu’à l’homme, main tendue.

- Maître Lasri.

Le ton est plus chaud, plus poli, sans l’être trop. Il le reconnait comme important, et cela se voit dans son attitude qui se modifie à peine. Il reste Irwaen Hakkonson. Son client. Mais il sait aussi la valeur de la personne qui se tient face à lui, et il la respecte.  

Suivant son hôte d’un pas souple, le danois s’assied confortablement dans l’un des fauteuils face au bureau de l’avocat, déclinant poliment l’offre de boissons. Si cela ne tenait qu’à lui, il aurait déjà pris un verre, Whisky probablement. Mais il sait aussi qu’il est là pour parler affaires et qu’il doit donc garder la tête froide. La tête froide, et sur les épaules. Alors il préfère éviter l’alcool qu’il réserve pour des instants plus festifs, où le lâcher-prise est de mise. Enfin, un lâcher-prise tout relatif pour l’homme qui aime contrôler ce qui l’entoure … mais c’est une autre histoire.

Ici, il est au travail. Ici, il est là pour son père et pour l’entreprise familiale. L’avocat lui demande d’ailleurs rapidement ce qui l’amène dans ce bureau. Adossé au siège, une jambe négligemment croisée sur son genou, il a posé le casque de moto à ses pieds. Il détaille l’égyptien face à lui. Sa posture est parfaitement détendue, sans être arrogante.

- Mon père souhaite étendre son influence sur cette partie du monde.

L’avocat était parfaitement au courant des affaires menées par l’entreprise. Spiritueux en façade, et puis … le reste … La drogue, les humains de plaisir, les armes aussi … Il savait parfaitement quels types de biens circulaient entre les mains de la famille Hakkonson. Il connaissait les fonctionnements de l’entreprise et les modes d’approvisionnement, les lieux où ils aimaient à écouler leurs marchandises.

Sûrement y avait-il déjà même gouté, mais Irwaen n’en aurait pas mis sa main à couper. Après tout, il ne connaissait pas l’homme plus que ça. C’était son père qui traitait majoritairement avec lui, pas le fils. Il ne connaissait pas tous les arrangements qui avaient pu voir le jour entre ses aînés. Et à dire vrai ? Ce n’était pas franchement son problème. Il était là pour assurer ses arrières avant de lancer le business de l’entreprise sur ce territoire, conformément aux ordres de son paternel.

Son géniteur lui avait bien fait comprendre qu’il n’avait pas intérêt à lui faire honte et qu’il devait s’acquitter de la tâche confiée, quel que soit le danger. Alors, il était là, face à l’égyptien. Attendant d’avoir sa réaction. Encore une fois, ce n’était pas lui qui avait traité avec l’avocat, et il n’avait aucune idée de ce que demandait son père exactement. Il se doutait simplement qu’à force, l’avocat savait, et qu’il saurait aussi quels conseils lui prodiguer quant aux lieux et personnes avec qui frayer pour les affaires qui l’intéressaient. Il n’avait que peu participé aux missions de cette envergue jusque là et c’était bien la première fois que son géniteur faisait peser autant de poids sur ses épaules.

Malgré son nom, le blond ne fait pas exception aux yeux de l'avocat, et sitôt qu'il entendre dans son bureau, c'est un regard d'aigle doré qui l'accueille, le détaillant soigneusement. Bien sûr, ils s'étaient tous les deux déjà croisé, quelques fois où l'égyptien était aller voir son père, une autre fois quand lui s'était attiré des ennuis mais jusque là ils avaient très peu échangé et on ne pouvait pas dire qu'ils étaient familiers l'un avec l'autre. Non pas que l'avocat soit familier avec qui que ce soit mais l'idée était là. Aussi était-il curieux, en plus de voir ce qui l'amenait dans son bureau, de voir comment il était vraiment. 

L'invitant à s'asseoir, il prit place face à lui, de l'autre côté de l'imposant bureau en bois, dans son fauteuil en cuir, se contentant d'un simple hochement de tête quand il décline le verre. Il était encore tôt après tout et lui même ne buvait que très rarement, souvent pour accompagner ses clients. Et comme souvent, l'égyptien détestant perdre son temps, il rompit le silence pour aborder tout de suite le vif du sujet. La raison de sa présence. Et la réponse ne se fait pas attendre mais tire un haussement de sourcil au professionnel de la loi.

Un brin pensif l'avocat, alors qu'il joue négligemment avec une des bagues en or qu'il porte à son doigt. Non pas qu'il soit nerveux, bien au contraire, mais c'était le seul tic qu'il s'autorisait quand il réfléchissait. Bien sûr qu'il savait qu'elles étaient les vraies affaires de cette famille, il les avait défendus plus d'une fois, mais il savait aussi ce qui se tramait sur l'île. L'homme était assez trempé dans ce genre d'affaire qu'il était au courant de beaucoup de choses, peut être trop, mais il savait se tenir hors des ennuis et maintenir le secret professionnel.

Malgré tout il y a autre chose. Autre chose que l'aigle connait bien pour la simple et bonne raison qu'il couvre une partie des affaires qui se trament ici. Et s'il ne peut pas expressément dévoiler l'identité de ses clients ou la nature des relations, le fait de vouloir garder un client en vie était un bon prétexte.

Très clairement l'homme de loi ne compte pas se mouiller et s'immiscer dans ce qui pourrait bien dégénéré dans une guerre entre deux groupes mafieux. Clairement pas. Un coup de poignard lui suffisait largement, et lui faisait encore assez mal, donc il jouait clairement la prudence. Il avait avertit, il proposait son rôle purement d'avocat comme il le faisait avec son père, le reste ce n'était pas ses affaires. 

Irwaen observe tranquillement son interlocuteur. Même si trop de pensées se bousculent dans son esprit, il reste parfaitement calme en apparence, gardant un visage détendu. Le haussement de sourcil de l’Égyptien ne passe pas inaperçu. Le blond acquiesce à peine à l’affirmation de son vis-à-vis. Ce n’était pas une question. C’était une affirmation. Et une affirmation ne demande pas de réponse. Alors le blond n’ouvre pas la bouche.

Il l’observe jouer avec l'une de ses bagues en or, le regard un instant capté par le mouvement répétitif. Il remonte lentement son regard sur son visage, plongeant ses émeraudes dans le mordoré de son interlocuteur. Celui-ci finit par reprendre la parole, d’une voix calme, mesurée. La lèvre du jeune homme se tend à peine, ses pupilles s’étrécissent légèrement, sa nuque se raidit très discrètement. Ce sont les seuls signes qui trahissent que la réponse de l’avocat ne lui convient pas. Pas du tout même.

Il avait bien vu les rapports de ses hommes. Il avait pourtant essayé de dissuader son père. Mais … Mais le géniteur n’avait rien voulu entendre. Il descendait des fiers Vikings, et l’homme n’avait aucune peur de faire couler le sang, même celui de sa propre famille. Irwaen avait déjà perdu un cousin de cette manière, et il savait que son père le sacrifierait sur l’hôtel de la conquête sans la moindre hésitation. Est-ce qu’il l’acceptait ? Non. Est-ce qu’il avait le choix ? Pas le moins du monde.

L’ongle de son index frotte nerveusement la chair tendre de l’intérieur de son pouce. Autre signe d’inconfort, bien vite stoppé lorsqu’il s’en rend compte. Il jauge l’avocat. Il ne le connaît pas, mais si l’homme a l’habitude de traiter avec son paternel, et qu’il est toujours à son service, le danois sait d’expérience qu’il ne fera pas plier l’homme en sa faveur. Pour pouvoir continuer à graviter autour du père Hakkonson, il faut une ténacité et un sang froid à toute épreuve.

- Nous sommes au courant de la situation sur l’île … Pourtant, vous devriez savoir que rien n’arrêtera un Hakkonson.

Le ton est posé, froid, juste poli. Certes, son père le sacrifiait certainement, mais le blond n’en restait pas moins un guerrier nordique dans l’âme, un conquérant. L’impression que son interlocuteur le prenait presque de haut, considérant son entreprise vouée à l’échec ne faisait qu’aiguillonner son désir de lui prouver qu’il avait tort. C’était certainement une grossière erreur … enfin … de point de vue de la survie … mais cela ne le ferait pas changer de direction.

Il finit par esquisser un sourire glacial. De prédateur à prédateur …

- Je compte sur vous pour l’aspect … légal.

Est-ce qu’il lui confirmait qu’il se contenterait de son appui sur leurs activités légales … ? Pas vraiment. Le doute restait permis.

Il est plutôt imperturbable habituellement l'avocat, grâce à des années de pratiques qui ne le laissaient jamais dévoiler ce qu'il pensait au fond de lui pour ne jamais avoir l'air surpris, mais il n'avait cette fois pas pu s'en empêcher. Avouer qu'ils voulaient prendre cette île qui était déjà revendiqué, et sans doute le pays, c'était un peu comme dire qu'on voulait déclencher une guerre? Et ce n'était certainement pas le genre de réponse à laquelle s'attendait l'égyptien en venant travailler ce matin. Malgré tout il se reprend vite, après tout cela ne le concernait pas tant que lui restait en dehors de la ligne de feu... 

Il explicite simplement son point de vue, même s'il doute que l'information ne lui ait pas inconnu, il ne le connaissait pas mais doutait que son père l'ait envoyé ici sans un minimum d'informations. En revanche, toujours aussi observateur, l'aigle ne manque aucune des réactions du Nordique, voyant bien que ses paroles n'étaient pas celles attendues, mais s'il avait beaucoup de pouvoirs...Il n'était pas pour autant magicien. Les paroles étaient dites, maintenant ses services étaient sur la table, à lui de choisir la suite. Il était le client, il posait ses demandes et c'était à l'avocat de s'arranger pour les satisfaire, peu importait le reste. Il sent bien la nervosité du plus jeune, le faisant s'interroger sur son réel désir de mettre sur pied cette affaire, mais ce n'était pas cette affaire, et si l'avocat savait bien quelque chose, surtout dans ce genre de milieux, c'était de ne pas s'interroger sur ce qui ne concernait pas son rôle. S'il était impitoyable et capable de défier sans peur même les gens comme le chef de la famille du norvégien pour avoir les informations qu'il jugeait nécessaires pour faire correctement son travail, il le faisait. Autrement, non il tenait à sa vie et à sa réputation sans tâche. Il hoche la tête à sa réponse

Il avait l'air déterminé. Bien, le reste n'était pas de son ressort. Qu'il échoue ou non derrière ce n'était guère son problème, il réclamerait et obtiendrait son paiement pour tout ce qu'il avait fait de toute façon, et ce n'était pas sa réputation qui était en jeu dans cette affaire. Encore que, on pourrait lui reprocher de servir deux entités aux intérêts opposés, il était tout de même l'avocat du Lux, mais compte tenu de la nature desdites activités...Personne ne pourrait le suspecter. Il ne le lâche pas du regard, le laissant voir ce qu'il faisait de sa proposition, esquissant un sourire à ses mots. Bien. 

On voyait bien que ce n'était pas le première fois qu'il avait à gérer ce genre de contrat. Tout était prêt, même l'accord qu'ils signeraient en les engageant tous les deux pour la suite. Professionnel, efficace et sur de lui, aucune activité illégale ne semblait l'inquiéter et il saurait comme toujours protéger ses clients en tordant légèrement la loi. C'était ce pour quoi il était le plus connu après tout. Faire acquitter les pires crimes de façon totalement légale, et c'était pour cela qu'on se battait pour l'avoir. 

Déterminé ? Oui. Nerveux ? Peut-être un peu. Détonnant mélange dans l’esprit du blond, mais il n’y a pas de combat sans adrénaline et il n’y a pas d’adrénaline sans crainte, aussi bien dissimulée soit-elle. Les deux se mêlaient à merveille, cocktail vivifiant qui coulaient dans les veines du nordique.



Mais Irwaen ne se sentait pas battu d’avance. Pas complètement. Il était en vie, il était entouré de ses hommes, il était jeune, la tête encore pleine de rêves et de volonté de prouver au paternel sa valeur. Peut-être était-il inconscient. Peut-être était-il suicidaire. Peut-être un peu des deux. Mais qu’importait au danois. Il n’allait pas s’avouer battu d’avance. Pas avant d’être mis au pied du mur, et là encore, il n’était pas sûr d’abdiquer. Son géniteur l’avait envoyé dans ce guêpier, alors il s’y conformerait.

Le blond soutient le regard mordoré de son vis-à-vis, émeraudes dans l’or en fusion. Il ne cille pas, gardant son sourire glacé en réponse au sourire de l’avocat. Irwaen penche imperceptiblement la tête sur le côté, signe d’attention aux paroles de l’homme derrière le bureau. Il apprécie les explications, sans fioritures, directes et claires. Il hoche lentement la tête. C’est très certain que les membres plus haut placés de la famille connaissent sur le bout des doigts la liste des documents à fournir … mais ce n’est pas le cas du plus jeune qui apprécie l’idée de tout recevoir pour reprendre l’ensemble à tête reposée.

- Faites donc, Maître.

Non, il ne compte pas avouer son ignorance. C’est déjà assez compliqué de se sentir parachuter en territoire hostile avec aucune chance de s’en sortir ou presque … et de devoir faire bonne figure. Mais le danois a l’habitude dans une certaine mesure. Même s’il n’a jamais été trop sur le devant de la scène encore, il a tout de même côtoyé assez souvent les différents milieux auxquels touchent les affaires de la famille pour savoir s’adapter à toute situation … ou presque.
Il hésite un bref instant à parler, cela se voit peut-être dans son regard, mais il se ravise et plante finalement ses prunelles émeraudes dans celles de son vis-à-vis, l’invitant à clore l’entretient ou à poursuivre sur un autre terrain.

Il n'avait pas besoin de voir l'attitude de bravade que le danois affiché face à lui pour se douter que ses paroles ne lui auraient certainement pas fait changer d'avis. L'égyptien connaissait suffisamment le père pour savoir que le fils ne serait pas bien différent et préférait foncer tête baissée dans un piège plutôt que de se retirer. Est-ce-qu'il était le mieux placer pour le critiquer sachant que lui même ne reculait jamais devant la difficulté ? Sans doute pas mais à la différence près que lui n'avait pas son pareil dans son domaine donc pas de réelle compétition. Mais c'était un autre débat. Il avait simplement glisser un mot par égard à un client qui commençait à se faire de longue date mais il n'en débattrait pas plus, ce n'est pas comme s'il avait un quelconque attachement à cette famille. Si demain il lisait son nom dans la liste de mort, il accompagnerait cette nouvelle d'une gorgée de thé avant de tourner la page. 

Tout à son rôle de professionnel de ce genre d'affaire, il lui explique les principes du contrat qu'il offre dans ce genre de situations. Sans simplification mais sans exagération non plus, quelque chose lui dit qu'il n'a pas du négocier ce genre de choses très souvent. Hochant la tête à sa réponse, il pianote un instant sur son ordinateur avec quelques clics de souris, jusqu'à ce que plusieurs feuilles sortent de l'imprimante à sa droite. Tendant le bras pour attraper les feuilles, il les pose sur son bureau pour rajouter quelques notes d'une jolie écriture à côté de certaines lignes. Il finit par rassembler les feuilles et les tendre à son client.

Il explique tout calmement, le laissant poser des questions s'il en avait, que ce soit par rapport à la liste qu'il venait de lui remettre ou par rapport à la suite du programme. S'il n'avait pas plus de question finalement il n'aurait plus qu'à le raccompagner jusqu'à la sortie et retourner au reste de ses affaires en attendant les documents.