Les journées se ressemblent et s’enchaînent. Depuis que tu es ici, tu dois le dire, ta vie est plutôt tranquille. Tu ne t’es intéressé à personne, et mis à part ton meilleur ami tu ne cherches pas vraiment à élargir ton cercle amical et encore moins amoureux. Artur reste inlassablement dans ton esprit, prenant sur toi pour ne pas prendre le premier foutu avion pour aller lui faire une visite surprise. Mais, tu sais bien que c’est impossible. Alors tu subis, tu vas en cours, tu traînes par moment, et surtout tu vas à l’entraînement. Tu te rappelles ton arrivée ici, blasé intérieurement et faussement souriant tu n’étais pas loin de vouloir te tirer une balle. Ca n’avait pas été simple pour toi d’accepter de te séparer d’Artur. Tu avais littéralement péter un plomb avant de partir, même lui avait eu le droit à ton incapacité à te contrôler. Mauvais souvenir, qui reste ancré en toi, et qui restera là jusqu’à ce que tu arrives à le remplacer pour avancer. Cette journée n’avait pas forcément été meilleure que les autres, mais elle risquait de mieux se finir : Aujourd’hui, c’est entraînement.

Tu repasses par le dortoir, déposant ton sac de cours, tu embarques celui pour la piscine, déjà prêt depuis ce matin, il n’attendait que toi. Tu prends soin de retirer tes lentilles de contact, les troquant contre tes lunettes de vue. Ton portable dans la poche, un léger sourire étire tes fines lèvres alors que tu sors du bâtiment. Tu flânes tranquillement, ayant une petite heure devant toi avant que l’entraînement ne commence, ton humeur jusqu’alors neutre semble meilleure. Ton portable vibre dans ta poche, tu le sors d’un geste mécanique et t’arrêtes nette lorsque tu vois le nom de ton entraîneur

Entraînement annulé. La piscine reste réservée à ceux qui souhaitent y aller. A vendredi.

Pas d’explication. Tu soupires. Quel journée de merde. Hors de question que tu n’y ailles pas. Tu sera sûrement l’un des rares gugus à y aller mais qu’importe, au pire tu auras la piscine entièrement pour toi. Pas moins de 10minutes plus tard, te voilà dans le vestiaire. Pas âme qui vive…d’un côté t’es en avance aussi. Tu en profites pour te changer, tu troques ta tenue de journée contre un maillot de bain dans les teintes noires avec quelques motifs graphiques cyan. Il te colle à la peau, idéale pour un aérodynamisme optimal. Tu enlèves tes lunettes, prenant ta serviette, bonnet, lunette et abandonnant le reste dans un casier, tu te diriges vers les douches. Tu laisses l’eau fraîche couler sur ta peau, tes cheveux soupirant d’aise. Tu es loin d’être désagréable à regarder, ton corps sculpté par la natation est tout en muscle, que ce soit ton torse, ton dos ou tes jambes rien n’est à jeter chez toi.

Tu avances vers ce qui t'intéresse, le bassin. C’est un bassin olympique, d’une longueur de 50m, tu l’adores. Tu met ton bonnet sur ton crâne, ainsi que tes lunettes. Tu déposes ta serviette sur le bord, te dirigeant vers le plongeoir du côté droit. Tu y montes, plaçant correctement tes lunettes sur ton visage, tu te positionnes, souffle doucement et plonge. Au moment où ton corps pénètre l’eau, tu te sens d’une incroyable légèreté. Ton esprit se vide de tout, de la journée que tu viens de passer, de la frustration, d’Artur. Tu te sens complètement vide et tu chéries cette sensation. Tu commences à par le crawl, t’échauffant pendant quelques longueurs au bout de 200 mètres de nage, tu enchaines partant directement sur ta nage fétiche : le papillon. Tu continues, ne faisant pas attention à ce qu’il se passait autour de toi, tu ne comptes même plus le nombre de longueur que tu fais, continuant jusqu’à être à bout de souffle. Personne ne vient te déranger dans ton couloir, et c’est simplement parfait. Tu finis par t’arrêter au mur, t’accrochant sur le bas du plongeoir, tu retires tes lunettes et ton bonnet les jetant sur le bord à côté de ta serviette, tu commences à faire la planche. Ton regard gris fixé sur le plafond, tu reprends doucement le contrôle de ta respiration. Tu entends une présence autour de toi, mais tu ne t’en occupes pas pour le moment. Tu es beaucoup trop bien dans ton élément, avec cette irrésistible envie de ne pas en sortir.