Hater était rassuré par ses paroles. Il ne saurait comment le dire, mais il sentait la sincérité de l'homme autant que la sienne. C'était peut-être le coté russe, pour sa part en tout cas, c'était ce qu'on lui avait toujours apprit et sa nature russe avait suivit naturellement quand il s'agissait d'honnêteté. Il en perdit le souffle et la pensée, jusqu'à ce que le baiser cesse et que les mots amusés du plus âgé vinrent peu à peu, le ramener à cette réalité qu'il ne voulait pas. Hater avait le souffle bloqué, alors il décida de prendre une grande inspiration, avant de capter un mouvement rapide sur le coté de son oeil. Il tendit la main alors pour attraper -non sans aucune force-, le serveur qui passait par là. «Un verre d'eau à la fraise. S'il vous plait.» Le premier de la soirée, mais encore une fois, il voulait rester sobre finalement. Il avait de la marge avant de finir quoi que ce soit, bourré, par exemple. Il était totalement sobre malgré son verre précédent.

Si sobre que s'en était effrayant.

Avant de relaché le serveur, il jeta un coup d'oeil vers Isay, interrogateur sur le coup. Il voulait boire quelque chose ? Hater n'avait pas besoin de le demander, cela se voyait dans son regard et son attitude. Il relâcha le dit serveur par la suite, remettant sa main contre le torse du blond. Il sentait son coeur battre dans sa poitrine, mais ralentissant au fur et à mesure du temps. Tristement. Il ne voulait pas que ce soit éphémère. Il ne voulait pas. Il ne voulait pas que ce moment se finisse. Sauvage, enfantin, il avait quelques défauts qui faisait qu'on ne l'appréciait pas sur le long terme. Pourtant, il avait un sentiment étrange concernant cette rencontre, et ce feeling. Il ne saurait l'expliquer, et les mots ne passaient pas. « Isay » Finit-il par dire, comme se le répéter à lui-même et ne pas l'oublier. Il leva le regard vers lui.

« Cette table, ce lieu, le tien ou le mien, je n'ai pas envie que cela s'arrête au levé du soleil. » Dire qu'il ne savait pas ce qu'il disait était stupide. Dire qu'il venait de carrément dire à un semi-inconnu qu'il souhaitait engagé une relation avec lui, là, tout de suite, sans contexte, sans le connaitre réellement, juste en suivant ses feelings, c'était totalement du domaine du rêve et du fantasme. Cela n'avait aucun sens. Combien de relations avaient débutées, avec un non-sens pareil ? Des tas. Combien avaient durées ? Telle était la question. Il observait la moindre réaction du blond, avant de baisser les yeux et rire légèrement. « Mmh... Je suis stupide. Pardonne-moi. » Ne pas pleurer. Ne pas pleurer. Bordel, pourquoi ses émotions étaient tellement à fleur de pot, tout d'un coup ? Ou était le garçon qui se fichait de tout et qui n'avait la force de rien par flemme ? Celui qui envoyait chier nonchalamment les autres, les saluant à peine ? Celui qui n'avait peur de rien et ne s'attachait que trop, se détachant autant ? Il avait envie de se lever, de retourner s'asseoir, mais il ne le fit pas. Car s'il le faisait, il ne le reverrait pas. Il resserra son étreinte et continua, sans lui laisser le temps de répondre en posant délicatement ses doigts sur ses lèvres. « Ne réponds pas à ça. J'ai pas envie de savoir la réponse. » Il l'observa à nouveau quelques secondes. « Mmh... Et si. Je te disais quelque chose sur moi que peu de gens savent, et toi également ensuite, ainsi de suite ? J'ai envie de te connaitre. Toi, là, à l'intérieur. » Il descendit son doigt sur sa poitrine qu'il pointait du dit doigt, attendant la réponse du blond avant de continuer cette conversation.

Hater observait les faits et gestes du blond. Il sentait ce calme qu'il dégageait l'envahir. Il avait tellement besoin de ce calme pour apaiser la tempête de son existence, qu'il avait réellement peur qu'une fois hors de sa vision, il ne soit plus qu'une tempête dérivant sur d'autres rives. Il hocha alors la tête silencieusement, cherchant dans ses poches pour en sortir son téléphone. Il ouvrit la page de nouveau contact, et au lieu de le laisser mettre son nom, nota simplement "Solntse*" avant de lui tendre pour qu'il note son numéro en dessous. « Je ne manquais de rien. Fils unique et né en angleterre, j'ai toujours eu tout ce que je voulais. » Il avait raconté cela en répondant à sa phrase, à sa confession. Il récupéra son téléphone qu'il remit dans la poche de son jean, avant de continuer sur sa lancée. « Je n'aime pas faire des études de commerce. Je le fais parce qu'il faut bien que j'ai un travail, je le fais pour m'occuper. Je n'aime pas grand chose, en réalité. La musique peut-être. Elle me détend. » Il finit par presque murmurer les mots qui suivent. « En réalité, je suis fier d'être russe, mais je déteste la russie, et surtout, la famille que j'ai laissée derrière moi là-bas. » Il serra alors ses mains, de nouveau contre le torse du blond, déglutissant lourdement. C'était quelque chose pour lui de parler de cela, des choses qui lui tenaient à coeur. Mais il voulait le faire. Sans aucune raison, il se confiait à cet homme avec qui il avait échangé baiser et passion, et qu'il ne voulait pas que l'autre en tenue moulante ne l'arrache d'un sourire et d'un clin d'oeil. L’égoïsme de Hater revenait au galop rien qu'en pensant à ce moment. Il regarda encore dans les yeux Isay, incapable de penser à autre chose, entrecoupé d'insécurité et de peur de l'abandon, surtout de ces sensations qu'il lui avaient trop manqués pour les voir disparaitre. Faisait-il de lui une obsession ? Développait-il une dépendance, si rapidement ? Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? « ... » S'il savait ce qu'il se passait dans son esprit, peut-être que le blond ne serait déjà plus là.

Peut-être aurait-il déjà fuit.
Fuis devant les problèmes sentimentaux de Hater.
Fuis devant sa manière à lui d'aimer.
Fuis devant qui il était réellement, ce sale gosse trop gâté et que rien ne semble atteindre au naturel.

Alors pourquoi ne voulait-il pas lâcher ce haut ? Pourquoi refusait-il de le voir partir ? Parce qu'une part de lui savait, se disait, que ce serait fini. Qu'il ne reviendrait pas. Ils ne reviennent jamais. « Promets-le moi. » Il n'avait pas quitté son regard. Caprice d'un enfant égoiste ? Peut-être. Il ne savait surement même pas ce qu'il voulait qu'il promette.

*Soleil

Hater écoute ses paroles qui ne sont pas dénuées de sens. La musique... Il n'était pas bon chanteur, mais il pouvait apprendre un instrument. Il pouvait préserver, et peut être espérer trouver une voie dans ce métier. Ce n'était pas donné à tout le monde, mais s'il s'en donnait un minimum la peine... Il y réfléchirait. Les caresses du blond, sa voix, lui faisait du bien. Il s'y perdrait volontiers des heures sans se soucier du temps qui passe. Il en avait peut être besoin, de cette sensation de stabilité emotionnelle, contrebalancant avec la sienne.

La question d'Isay lui fit cligner des yeux avant qu'une moue s'affiche sur son visage. Il n'y avait pas 30 académie ici. Une seule, même. Ou voulait-il en venir ? Hater essayait de récupérer les informations passées avant que l'une d'elle ne percute son cerveau. Professeur. Il était prof. Pas le sien, il l'aurait reconnu sinon, mais professeur quand même. S'ils étaient dans la même académie, cela changeait quoi ? Hater avait réellement du mal avec le concept de peur de perte d'emploi, de peur tout simplement de perdre une stabilité de vie, ou encore de ne pas suivre ses émotions. "Euhm. La seule académie dans les environs..." Non, il n'étudiait pas à Londres. Il remonta l'une de ses mains sur la joue du blond et l'observait avec calme et attention. "Me promettre de revenir." Il se mordit légèrement la lèvre en observant celle de son vis-à-vis, parlant sincèrement comme toujours, avant de lâcher un léger soupire et de décrocher un sourire alors qu'il observait le blond avec une tendresse presque dissimulée tellement il n'en avait pas l'habitude ces derniers temps. Un de ces sourires dont on remarque le rayonnement et le bien être, discret et fin, mais présent et suffisant.

Dire que Hater ne s'en doutait pas était faux. Il savait que ce rêve allait s'éteindre et peindre sur lui ses couleurs éphémères. Pourquoi cette réalité ennuyante et blessante ne lui aurait pas arraché le peu d'émotions qu'il cherchait à avoir. Professeur, étudiant, il ne comprenait pas réellement ce que cela avait à faire dans cette discussion quand les émotions étaient aussi sincères et vraies. Il y avait toujours des solutions, pourquoi les balayer d'un revers de la main avec compassion, quand les lames s'immiscent en lui comme un poison ? Des questions dont les réponses ne venaient pas. Hater le regarda, de longues secondes, en silence. Lentement, ses doigts desserrent leur pression sur le haut du blond et il recule avec autant de lenteur, comme si la scène qu'il venait de vivre etait suffisamment choquante pour lui provoquer un mutisme temporaire.

Hater glissa ses pieds, ses jambes, vers l'arrière et finit par atteindre sa chaise. Il plaça ses mains dans ses poches à nouveau, et s'affaissa sur ce siège, tournant son visage vers la salle. Il regardait dans cette direction, mais voyait flou, son esprit s'étant perdu ailleurs, essayant d'encaisser ce qu'il se passait. Probablement que des observateurs omniprésents penseraient "oh, il s'en remettra", "bwah, ce n'est rien", "une peine de coeur d'amour naissant, ridicule", les jugements et les paroles sur cette situation pouvaient être multiples si l'on assistait à cette scène. Hater, lui, ne pensait rien. Juste rien. Il préférait se faire dévorer par le vide, que de simplement ressentir le pique de la douleur creuse.

Ce n'était pas parce que cela ne faisait que vingt minutes que c'était moins important.
Ce n'était pas parce qu'ils apprenaient encore à se connaitre que c'était moins douloureux ou que la force des émotions qu'il avait mit, portées par une dose de confiance naïve, étaient moins valables que d'autres situations .
Ce n'était pas parce qu'il préférait la stabilité de sa vie qu'il allait le détester soudainement.

Pour toutes ces raisons, Hater resta muet. Incapable de sortir le moindre son, laissant ses yeux contenir sa vague emotionnelle sans pour autant qu'une larme ne soit versée. Non. Il ne pleurerait pas... N'est ce pas ? Gamin. T'es qu'un gamin. Un frisson de froid parcourut son corps alors qu'il cligna des yeux plusieurs fois, tournant son regard et le reste de son visage vers Isay, lui souriant légèrement. "Merci." De ton honnêteté. De ce moment. De ces confessions. Pour tout.

Hater ne remarqua pas tout de suite sa présence rapprochée et sa main dans la sienne. Il était dans une sorte de torpeur, comme à la sortie d'un rêve, si bien que seul son prénom le fit sortir de cette semi-transe, et il posa son regard vairon voilé sur le russe. Hater le laissa s'exprimer. Il culpabilisait de sa décision prise soudainement. Il regrettait ce rejet, cette absence de promesse et pourtant, les mots étaient là. Pas maintenant. Plus tard. Une seule question et un seul mot persistait dans l'esprit du plus jeune : Pourquoi ? Pourquoi avoir lacérer ses émotions, le rendre vide, pour revenir lui prendre la main et lui donner la pire chose qui soit. L'espoir. Hater ne voulait pas d'espoir. Hater voulait vivre, se laisser vivre, et ne pas vivre avec des peut-être, égoistement. Il regardait le blond, silencieux, laissant les secondes s'écouler entre eux comme si le temps lui même comprenait qu'il était temps d'accélérer la cadence, de les séparer, avant que l'un ou l'autre ne regrette ses décisions passées et présentes. « Tu te souviens de ce que tu m'as dis, quand j'ai accepté de t'embrasser ? » Sa voix était douce, emprunt d'une certaine mélancolie. « Ne pozhaley pozzhe. Ne le regrette pas plus tard. » Il se rapprocha doucement, venant ramené son visage contre celui du blond, murmurant. « Tu es celui qui a regretté, Isay. » Une larme roula sur la joue du bicolore avant que celui-ci ne se rassoit et retire sa main de l'emprise de sa consoeur. C'était douloureux. Affreusement, douloureux. Il ramena sa main, enfouie maintenant dans la manche de son sweat toujours aussi rose pâle, pour essuyer cette larme sur sa joue et renifler brièvement. Il croisa alors les bras contre sa poitrine, et n'osait pas le regarder.

Il ne voulait pas que cela se termine ainsi.
Il aurait tellement aimer cette promesse.

Il brisa le silence. « La russie te manque, parfois ? »

Hater tourna le regard pour le regarder. Il observait l'une de ses mèches bougeant au rythme de ses mouvements, puis descendit son regard sur ses lèvres avant de plonger dans ses yeux. Les bras toujours croisé, il commençait à trembler. Il devait calmer cela. Une vie stable et vivre heureux. Pouvait il offrir ça, ne serait ce qu'a quelqu'un ? Qu'a lui même ? Hater deglutit et son regard se détourna à nouveau. Il sortit son téléphone et envoya un message à Isay.

"Mon numéro.
S'il te plaît.
Ne m'oublie pas.
H."

Il remit son téléphone dans son sweat cette fois-ci, et ferma les yeux quelques secondes. Il repensa à ses bras autour de ses hanches, ses lèvres contre les siennes. Ces mots. Il rouvrit les yeux et deglutit une nouvelle fois. "Je ne veux pas que ça se termine ainsi. Isay, je ne veux pas !" Je ne veux pas qu'un autre te regarde avec intérêt. Je ne veux pas qu'un autre te touche. Il souffla du nez avant de sortir les mains de son sweat et de poser son visage à l'intérieur de celles-ci.

Hater n'haussait jamais le ton. Il n'aimait pas les disputes qui le touchait. Il préférait éviter. Il avait toujours eut un coeur compliqué, capable d'aimer plusieurs personnes, mais jamais il n'avait su assumer une relation non-exlusive. Sa possessivité et sa jalousie étaient beaucoup trop importantes. Il finit par se redresser de sa chaise pour venir s'asseoir à nouveau sur les genoux de Isay, enlaçant ce dernier, le respirant, enfouissant son visage contre son cou. C'était peut être la dernière fois, après tout.

Hater était capricieux. Hater faisait souvent des caprices. Pourtant, il connaissait les limites des gens. Il aimait juste jouer avec, la plupart du temps, mais pas ce soir. Il s'était, contre toute attente, prit dans ses propres filets, une nouvelle fois. Le silence du blond faisait mal autant qu'il lui faisait du bien. Il n'avait ni positif, ni négatif. Il subissait les assauts du plus jeune, sans pour autant les rejeter. Il l'accueillait, comme la vague d'émotions qu'il était. Il finit par murmurer. « Que puis-je faire pour que tu me promette de revenir... Dis-le moi. » Hater glissait, lentement mais surement, dans cette mentalité où les rêves se melaient à la réalité. Il accepterait d'entendre n'importe quelle demande. Il voulait savoir. Savoir ce qu'était cet espoir qu'il avait laissé flotter quelques minutes plus tôt. « Parle-moi. Un son. Un mot. N'importe quoi. » Finalement, les silences étaient pesants. Il avait une légère peur qui se créeait en lui, une insécurité qu'il ne connaissait pas. Il pouvait se braquer, d'un moment à l'autre, et redevenir cette boule d'indifférence qu'il avait toujours été. Ce qu'il redeviendrait après son départ, mais, cet homme, aussi peu connu soit-il, avait réussit à lui faire ressentir une émotion. Quelque chose. Un frisson, une chaleur, un sentiment de sécurité. Des choses qu'il ne voulait pas perdre et que, récemment, il ne connaissait plus. Son étreinte se ressera doucement, et une part de lui pensait clairement qu'il mettait une nouvelle fois le "professeur" dans un inconfort de situation. Il s'en fichait. Clairement. Qu'il le repousse, s'il était gênant pour lui. Les choses seraient plus simples s'il était brisé par terre comme du verre. C'était toujours plus facile de casser les choses que de souhaiter les réparer avec du coeur.

Hater avait été conciliant. Impatient, mais tout de même patient. Compréhensif. Intéressé. Entreprenant. Il avait fait la plupart des pas en avant, et ce qu'il demandait simplement, c'était une promesse de le revoir. Une promesse de revivre. Il souhaitait du temps. Le temps. Hater en aurait chouiner. Il savait péniblement comment le temps lui éloignait les gens qu'il pouvait aimer, aimait, ou juste... éloignait les gens. Le temps. Le temps laisse des portes ouvertes. Le temps mange, le temps tue, et il voulait du temps. « ... » Il leva les yeux vers lui, pupilles tremblantes, attendant la suite. Les mots et les actes n'avaient pas été assez fort, ils devaient être plus violents. Le ramener à une réalité évidente pour tous. Une réalité qu'il n'arrivait pas à comprendre. L'espace de vingt minutes, il avait penser que les choses auraient pu être différentes. Qu'il le comprenait. Qu'il pouvait se laisser aller à cette passion dévorante et voir si elle durait un jour, un an ou une vie. Il ne voulait... juste pas. Se laisser aller. Stabilité. Normalité. Temps. Des notions inconnues. Des notions non appréciées. Il déglutit, l'écoutant encore. En lui demandant de parler, il avait choisit de se lacérer le reste de ses émotions, volontairement surement. Car les réponses attendues, n'arrivent que dans les contes de fées. « Je... » Les mots ne sortaient pas. Oui, il comprenait. L'acceptait-il ? Avait-il le choix ? S'il souhaitait le revoir, il ne l'avait pas. Il hocha alors la tête, essayant de comprendre ce que c'était, cette normalité d'émotions. Essayant de comprendre le fonctionnement des autres. Essayant d'être quelqu'un qui n'aime pas en un regard, mais aime avec le temps. Ce n'était pas lui, ça, mais comment le dire sans paraitre ridicule, enfantin, ou même juste utopiste ? Ce n'était pas l'image qu'il voulait donner de lui. Il laissa sa tête se reposer contre son épaule, quelques minutes de plus. Avant que l'homme qui viendrait le changer de table, ou l'éloigner de lui n'arrive, il se redressa. Il ne voulait pas mettre Isay dans une posture qui l’embarrasserait.

Il était embarassant pour lui, n'est-ce pas ?

Cette pensée lui fit une douleur à la poitrine et il retourna s'asseoir à sa chaise. « Je comprends. » Finit-il par sortir. Hater noua ses doigts, jouant avec les bagues qui ornait certains. Il ne le reverrait pas, hein ? Il allait partir. Juste partir, et disparaitre de son champ de vision. Il ne lui renverrait pas de message, n'est-ce pas ? Il ne ferait rien de tout cela. Hater ne voulait pas, mais il n'avait pas le choix. Il n'avait plus le choix. Il ne pouvait rien imposer, exiger, ordonner. Il ne pouvait que subir, et c'était déjà suffisamment douloureux ainsi. Il le regardait, toujours silencieux, redoutant ce moment qui ne tarderait plus maintenant. Redoutant cet éloignement. Sans promesse.

Hater observa l'homme en face de lui. Il écoutait sa première demande, et fut le premier surprit. Ses pensées pessmistes avaient rendus la fausse réalité vraies, mais Isay lui prouvait le contraire : ce n'était que des pensées pessimistes. « Oui. » Il n'avait presque pas attendue la fin de la réponse du professeur pour emettre son envie, son avis, sur la question. Evidemment qu'il aimerait le revoir, encore plus en dehors de tout ce stress ambiant qui ne le mettait pas à l'aise, visiblement. Il détourna légèrement le regard à la suite de ses phrases. « ... Tu penses vraiment qu'on saute des étapes ? » Hater n'était pas un habitué des relations. Il pensait simplement qu'il n'y avait pas d'étapes. Chaque relation était différente, après tout. Créer des étapes pour que les choses se passent soient disant bien, n'éloignait pas les disputes ni les mésententes, ni les ruptures. En quoi était-ce mal d'êtres si proches soudainement, et de se connaitre ensuite ? Prendre le risque que les deux caractères ne matchent pas ? Certes, et alors ? Au moins, ils auraient passés d'agréables moment, avec une flamme naissante, et des souvenirs précieux.

Il comprenait cependant. S'efforçait de comprendre. Les choses devaient être ainsi pour beaucoup de gens, pas seulement pour Isay. « J'ai aussi envie d'apprendre à te connaitre en dehors de ce lieu, et de l'académie où si je n'avais pas la tête ailleurs, j'aurais pu remarquer peut-être et te croiser au détour d'un couloir. » Certes, elle était grande l'académie, mais ce n'était pas une excuse. Ce n'était pas un pique non plus, même si aurait pu dire, et c'était effectivement un reproche pour lui même d'avoir mit l'homme dans l'embarras. Il inspira doucement, et sourit légèrement et sincèrement au plus vieux. « Ca fait longtemps que je ne suis pas aller voir la mer. » Il laissait planer cette information, sait-on jamais, elle pourrait servir. Un coup d'oil amusé vers Isay et son sourire s’agrandit un peu.

Hater écoutait le discours d'Isay. D'un coté, c'était avantageux, et de l'autre, ce n'était pas toujours que du positif. Il était surement trop déçu par ses précédentes relations, ce que Hater pouvait comprendre, même si malgré ses déceptions, cela ne changeait rien à sa façon de faire personnelle. Il penchait doucement la tête en l'écoutant, ayant l'impression qu'il se justifie pour ne pas le blesser, et rien que cela, lui décrocha un petit sourire. "Oui, c'est une bonne idée."

Il aimerait ne pas forcément attendre les beaux jours, car ils ne viendraient pas tout de suite avec le printemps, mais il était quand même content que cela ne se termine pas sur un "non" catégorique et une non réponse à tout ça. Cependant, il gardait une certaine part de tristesse pour lui, bloqué derrière sa nonchalance et derrière ce qu'il montrait. Il ne voulait pas qu'Isay se sente mal, de l'avoir rejeté globalement, mais également, de tout ce qu'il venait de se passer en trente minutes. Ils ne s'étaient rien promis finalement, et ça, cela voulait dire quelque chose d'important, finalement. Hater inspira grandement et observa l'heure. Il ne voulait pas... mais n'avait pas le choix. "Profite bien du reste de ta soirée." Finit-il par lancer, un léger sourire aux lèvres, un peu plus affalé sur sa chaise.