Willow Nakamura

Henry descend de sa voiture rapidement dans le stationnement du gymnase. Laissant souvent dépasser l’heure du rendez-vous de ses patients, il priorise cette longueur que d’aboutir en retard, même si ce n’est jamais arrivé. La ponctualité est importante chez lui, alors il active le pas en poussant la porte, habillé bien trop élégant pour courir sur un tapis. C'est pourquoi il apporte son sac de sport, le dépose sur le banc du milieu, enlève sa cravate puis ouvre un casier. Il n’a jamais aimé les vestiaires à cause des harcèlements subis au lycée. Sa carrure n’était pas imposante dans sa jeunesse, sans cesse reclus des autres élèves qu’on le traitait d’intello - qui en est toujours un aujourd’hui. Les lunettes cassées, les vêtements volés, il était la proie des brutes. Ce n’était pas de sa faute s’il préférait lire que de se faire des amis qui au final, n'en avaient rien à faire que de copier ses devoirs. L'ironie est qu’il est psychiatre maintenant, à comprendre le cerveau des tueurs. Vivre ou être mort, la loi première de la jungle. À l’université tout s’était calmé. Il est devenu Henry Preston, normal, que personne ne connaissait encore. Malgré le bouquin en main, il s’était fait quelques amis, sortait de chez lui pour se rendre en cours sans se faire insulter et sa présence aux fêtes était régulière.

En ce moment il n’y pense pas, prenant un ceintre propre pour y déposer son pantalon, chemise, veston. Son manteau est déjà placé sur le crochet à l’intérieur. On ne se cachera pas qu’il porte une grande attention à ses vêtements de marques, en plus de ses bijoux qu’ils enlèvent rarement sauf les mercredis soir. L'envie manquante de graffigner ses bagues ainsi que se faire arracher le collier, non merci. Nu mis à part son sous-vêtement, Henry met ses shorts et sa camisole légèrement trop serrée, ses chaussures de sport et tire sur les liens qui pressent chaque main. Cadenas fermé, il sort à l’heure pile pour retrouver son coach privé de boxe. Le gym est assez grand avec beaucoup d’équipements, un seul ring. Même étant psychiatre, il n’éprouve pas de gêne si quelqu’un le reconnait, tout le monde a le droit au sport. Après une heure d’échauffements, jeux de pieds, coups de poing, sauts à la corde, Henry est épuisé. Son coach est tout de même fier de lui, ce qui le flatte suite à de gros efforts.

Une douche brève aux vestiaires, il en prendra une chez lui à défaut d’avoir des microbes ici. Remettant les vêtements d’aujourd’hui, il est bientôt neuf heures lorsqu’il ouvre une autre porte; celle du café où il a pris l’habitude de se rendre après son entrainement. La sonnette qui s’ébruite, le même serveur derrière le comptoir qui lui sourit.

-Même chose Monsieur Preston?

-Oui, merci James.

Un sourire en retour, mais qu’on l’appelle ‘’monsieur’’ le fait encore tiquer. À partir de quel âge on devient vieux? Le serveur n’est pas un ami en tant que tel, une simple politesse pour un pourboire. Dans une petite assiette ronde se trouve un muffin aux myrtilles et comme breuvage, un thé Earl Grey. On ne sort jamais un Britannique de ses habitudes. En attendant l’infusion, il paie l’addition et se retourne pour choisir une table. Quelque chose, surtout quelqu’un, attire son attention. Ces longs cheveux noirs avec une mèche blanche, il n’y croit pas au début. Comment est-ce possible de le retrouver ici, lui qui ne croit pas aux coïncidences. Ses jambes s’activent avant ses pensées et soit, le serveur lui apportera sa commande.

-Puis-je? Ça fait combien de temps Willow, au moins six ans? Tu es de passage à Lifelam? Dis-moi tout.

Il s’invite sur la chaise face à lui, déposant son manteau sur le dossier avec précaution.

Codage par Libella sur Graphiorum