Quel est ton choix ?
The Lord
Fondateur
Nous sommes de retour ... pour vous jouer un mauvais tour !
La première épreuve s'est terminée et vous avez eu le temps de voter toute la journée d'hier alors nous pouvons annoncer le grand gagnant de l'épreuve : Laurent de RoncePourpre mais ça c'est joué à peu. ~ On l'applaudit bien fort !
Cette épreuve-ci se fera - j'espère - dans le sang et les larmes *drama* : vous avez à partir de l'ouverture de ce sujet et jusqu'au 08/07 à 00h00 pour poster vos posts à la suite de ce message ! Vous utiliserez un de vos personnages au choix (ou plusieurs d'ailleurs) en tant que narrateur et/ou acteur de votre histoire. Pas de longueur minimum, l'important c'est de s'amuser. Vous n'êtes pas limités par les lois de la physique, la réalité ou l'espace et le temps alors épatez nous. ~
Cette épreuve opposera donc nos fières/fiers champions Lucjan Biernat et Kris McGeyver chez Contraste et Roman Desmarais et Aldric de RoncePourpre chez RoncePourpre ! Chacun pour soi, encore une fois. ~ Applaudissez les fort !
Votre seule contrainte est la suivante : vous semblez être sous l'emprise d'une étrange substance qui modifie votre perception de votre monde.
A vos plumes... composez ! ~
Messages :
1785
Invité
Invité
Voici ma participation à cette seconde épreuve avec Naël. Ne connaissant pas vos sensibilités par rapport aux esprits et à l'horreur, je mets une partie de mon texte sous "spoiler". Si vous vous sentez mal à l'aise avec tout ce qui peut se montrer angoissant, évitez simplement de le lire. Si cela peut vous rassurer, j'aborde la paralysie du sommeil et ce que l'on peut vivre dans ces moments là. C'est plus romancé que la réalité et j'ai essayé de faire parler mon expérience, en ayant déjà vécu cette situation. Je vous souhaite une bonne lecture à tous.
« L'ornithorynque »
Interforum épreuve N°2
J'avais été invité par un client important dans une boîte de nuit privée de la ville. Je n'allais que rarement dans ce genre d'endroit, mais j'avais fais un effort pour le mettre dans ma poche. Il n'y avait dans les lieux que le gratin de l'ile et quelques personnes qui étaient venues de loin afin de goûter à la spécialité du gérant. J'avais donc suivis l'homme dans la pénombre jusqu'à une table qu'il réservé pour nous. Je m'assis sur une chaise confortable, dos au mur et lui sur ma droite. Les battements de la musique raisonnaient jusque dans mon corps.
- Que buvez-vous Monsieur Edel ?
- De l'eau pétillante s'il vous plait.
- Il est hors de question que vous ne consommiez que de l'eau ce soir, surtout que je vous invite.
L'alcool ce n'était vraiment pas mon truc, mais je n'en montrais rien. Je ris alors doucement, lui offrant un sourire qui semblait sincère et des plus charmeur.
- Que me conseillez-vous dans ce cas ?
J'allais lui donner l'impression qu'il avait du pouvoir sur moi, pour mieux le manipuler. Je le vis se pencher vers moi, posant sa main sur ma cuisse, avant qu'il ne reprenne la parole.
- Est-ce que vous me faites confiance Monsieur Edel ?
Un rire clair, presque naïf sortit de ma gorge, bien sûr que non je n'avais aucune confiance en lui, mais je lui répondis sans hésiter.
- Évidemment que j'ai une totale confiance en vous.
Je vis un sourire espiègle se dessiner sur ses lèvres et il fit signe à un serveur de s'avancer vers nous.
- Une spécialité de la maison pour mon compagnon et je prendrais un Whisky. Demandez également au patron de nous rejoindre, j'ai quelqu'un à lui présenter.
Je ne le sentais pas du tout, mais je restais calme, le laissant diriger. Il finit par retirer sa main de ma cuisse et je l'observais avec ce qui pourrait sembler de l'intérêt. Il m'ignora, observant la piste de danse.
- Savez-vous danser Monsieur Edel ?
- Cela fait longtemps, mais je crois ne pas être trop mauvais. Mais je souhaiterais profiter que nous ayons encore l'esprit clair pour parler de...
Il posa son index sur mes lèvres après tourné son visage vers le mien, m'intimant de me taire. Mais pour qui il se prenait ce connard ? Il se pensait au dessus de moi ? J'allais lui montrer le contraire. Avec une pointe d'agacement j'ouvris la bouche pour lui répondre, mais une voix parvint à mes oreilles.
- Sam, tu aurais du me dire que tu comptais venir ici ce soir et je vois que tu as amené une magnifique créature ?
Je relevais alors les yeux sur un homme qui était grand, parfaitement musclé. Ses long cheveux bruns lui donnaient un air de prédateur et son regard signifiait clairement que j'étais sa proie
- Jack, je voulais te faire la surprise. Je te présente Naël Edel, tu as du en entendre parler non ?
Je vis le serveur revenir avec nos boissons, le brun les pris pour les poser sur la table, mettant devant moi un liquide bleu azur transparent. Je ne bougeais pas, le voyant prendre place à ma droite, se mettant en face de son acolyte. Cette soirée n'était plus du tout amusante et je ne prendrais l'avantage qu'avec difficulté.
- Naël, j'espère que ce lieu vous plait, j'en suis le créateur et propriétaire.
- Je préfère Monsieur E...
- Allons, détendez-vous, profitez et appelons nous par nos prénoms, c'est plus conviviale.
Je souris, me forçant à être naturel et hochait la tête pour acquiescer. Je les vis tous les deux boire leur verre, amusé. J'observais le mien et portais le liquide étrange à mes lèvres que je trempais dedans. C'était sucré et ça avait un goût de baie plutôt agréable. Je sentis les regards des deux hommes sur moi et bu une grande gorgée avec hésitation. L'alcool me brûla agréablement la gorge et je reposais mon verre.
- Connaissez-vous les ornithorynques Naël ?
Il me prenait pour un con ou quoi ? Et pourquoi est-ce que mon client était si silencieux d'un coup ?
- Oui, je sais ce que c'est, mais j'avoue ne jamais les avoir étudié de près.
- Ces bestioles sont venimeuses, si elles vous piquent, vous ressentirez une forte douleur, mais il n'y a pas de risque de mort pour l'homme.
Je continuais à boire, glissant mes doigts sur mon verre, je ne voyais pas où il voulait en venir.
- Lors d'un de mes voyages en Australie, je me suis intéressé à cet étrange animal et je l'ai étudié. J'ai réussis à extraire du venin et j'ai mené quelques expériences dessus. Je l'ai transformé en drogue et j'ai découvert qu'elle avait des effets intéressants. Elle provoque des douleurs incontrôlables à la première prise, puis elle rend le corps chaud et docile.
Son histoire ne m'intéressait pas et il le remarqua bien rapidement. Je portais à nouveau mon verre à mes lèvres, poliment avant de m'arrêter brusquement quand il ouvrit à nouveau la bouche.
- Cette drogue est liquide et mélangée à la vodka, elle prend une magnifique couleur bleu azur. D'ailleurs, la spécialité que sert mon établissement s'appel un ornithorynque, j'espère que vous en appréciez le goût.
Je me figeais alors, laissant mon geste en suspend. Je tournais mon regard vers mon client qui semblait un peu trop amusé pour que ce soit faux. Furieux, je me levais avant de poser violemment mon verre sur la table.
- Vous allez trop loin Messieurs !
Ils ne bougèrent pas, je bousculais mon client pour passer, mais une douleur insupportable me saisit au niveau de la poitrine. Je serrais alors ma chemise entre mes doigts, prêt à m'écrouler. Sam me rattrapa avant de me mettre sur son épaule, riant légèrement.
- Jack, je te laisse ouvrir le chemin jusqu'à ta salle de jeu.
Je ne pouvais pas bouger, mon corps entier me brûlant. Je respirais rapidement et mon regard se perdait sur le sol. Ce dernier commença à bouger étrangement, ondulant à chaque pas que faisait l'homme qui me portait. Il ressemblait à la surface d'un lac et chaque impacte provoquaient des vagues. La musique commença alors à passer au ralentit, j'entendais lentement chaque note mourir avant de laisser place à la suivante. Mon corps était de plus en plus léger, de plus en plus faible. Je ne comprenais plus ce qu'il se passait, un brouillard épais ayant prit possession de mon cerveau. Sam me lâcha alors sur un lit, quand est-ce que nous étions arrivé dans cette pièce ? Quand avions nous changé de lieu ? C'est les yeux vitreux que je regardais autour de moi, les couleurs dansant, changeant de place avec les autres. La matière n'avais plus aucun sens, plus aucune signification. Je n'entendais presque plus les sons et mon cerveau n'enregistra pas la suite des évènements. Tout ce que je me souviens c'est d'avoir entendu des rires et une promesse de me réveiller avec de beaux cauchemars.
Mon esprit voyagea, m'envoyant plusieurs images que je ne comprenais pas, je tombais dans le vide, le monde entier tournait autour de moi. Puis le calme absolu. Tout semblait si réaliste et pourtant si flou, alors que des images calmes apparaissaient. Je voyais un étrange animal, barbotter dans l'eau. Je compris rapidement que c'était moi, cet étrange castor avec un bec de canard. Je reconnu la bestiole et l'identifiais comme un ornithorynque. Je nageais alors dans ce qui me semblait être une rivière, l'eau caressait ma fourrure alors que je profitais de sa fraîcheur. Je me dirigeais vers la rive pour en sortir quand…
- Paralysie :
J'ouvris soudainement les yeux, ne me souvenant pas les avoir fermés. J'étais allongé dans mon lit, observant le plafond de ma chambre plongée dans la pénombre. Mon corps me semblait lourd, comme si le moindre mouvement allait me coûter toute mon énergie. Est-ce que je m'étais injecté une trop forte dose d'insuline ? Non, je ne reconnaissais pas les symptômes de l'hypoglycémie. Chacun de mes membres semblaient peser une tonne, mes organes semblaient me tirer vers le bas, m'enfonçant un peu plus dans mon matelas hors de prix. Je sentis soudain un poids appuyer sur ma poitrine, mes yeux se baissèrent alors légèrement pour croiser le regard d'une créature semblant sortir tout droit d'un cauchemar.
Son visage était creusé par une maigreur maladive, sa peau grise dévoilait une santé fragile. Je continuais de l'observer alors que deux membres vinrent se poser de chaque côté de ma tête. Des bras anormalement long, si fin que je pouvais deviner les os de son squelette. Je sentis alors les battements de mon cœur accélérer, je voulu hurler, mais la boule qui s'était formée dans ma gorge me rendait incapable d'émettre le moindre son. Je ne voyais pas le bas du corps du démon qui me surplombait, mais je pouvais le deviner tout aussi infâme que ce que je voyais pour le moment.
L'être approcha son visage du mien, ouvrant une bouche démesurée pourvue de dents acérées. Une odeur épouvantable vint me chatouiller les narines et sans même l'avoir sentie par le passé, je pus l'identifier. C'était l'odeur de la mort, l'odeur d'un cadavre en décomposition. Je plongeais alors mon regard dans les deux immenses billes qui lui servaient d'yeux, remarquant alors qu'elle n'avait pas de paupière. Je l'avais pourtant vue cligner des yeux il me semble, mais peu importe. J'observais ses pupilles transparentes qui n'étaient entourées d'aucun iris. Cette chose n'avait rien d'humain.
Je ne sais pas combien de temps s'écoula avant qu'elle ne recommence à bouger, je ne pouvais que l'observer avec crainte. Mon corps ne m'autorisait aucun mouvement et j'étais privé de parole. Elle finit par se redresser, retirant ses mains qui étaient posées autour de ma tête. Mais je ne me sentais pas soulagé pour autant. Je la vis se lever avec lenteur, dépliant chacun de ses membres un à un. Elle atteignait une hauteur effrayante, avoisinant les deux mètres cinquante. Je pus enfin apercevoir ses longues jambes tout aussi maigre, je me dis qu'elles pourraient facilement se briser au moindre choque, mais mon esprit comprit rapidement que j'étais bien loin de la réalité.
Je sentis mon matelas s'enfoncer légèrement quand elle posa chacun de ses pieds autour de mes hanches. Je me sentais fragile et impuissant, je compris qu'elle pouvait me tuer si elle le désirait. Je sentis les battements de mon cœur accélérer, pulser dans ma poitrine comme s'il allait finir par exploser. Elle baissa alors la tête, me regardant de toute sa hauteur, comme si elle réfléchissait à la manière dont elle allait m'arracher chaque organe. La pression sur ma poitrine s'était allégée et un temps que je ne saurais définir s'écoula, lentement, seconde par seconde. J'étais comme un enfant effrayé, comme un être inférieur, une victime qui pouvait mourir à tout moment.
J'entendis ses articulations craquer alors qu'elle pliait ses jambes, venant prendre à nouveau place sur ma cage thoracique, s'asseyant sur mon corps. Ma respiration s'accéléra et cela sembla attirer son attention, ce qui m'angoissa encore plus. Mon estomac se serra quand je vis ses doigts aux ongles longs et abîmés s'approcher de mon visage. Elle ne me toucha pas, stoppant son geste avant de m'effleurer. Un grondement parvint à mes oreilles, il s'échappait de sa gorge. Puis elle bascula vivement la tête en arrière, poussant un puissant cri, à la fois aigu et grave. C'est comme si plusieurs voix s'entremêlaient. Je voulais me boucher les oreilles, me réveiller, fuir. Mais je ne pouvais pas. Elle dévorait toute la joie, tout l'espoir qui m'habitait, me rendant encore plus insignifiant que je ne l'étais déjà en sa présence.
Dans un grondement sourd elle mit fin à son cri, rebaissant la tête vers mon visage, m'écrasant de tout son poids, m'empêchant de respirer correctement. Sans m'en rendre compte, j'avais enfin réussis à fermer les yeux. Je les serrais si fort que mon visage se plissant entièrement, mais sa présence était toujours palpable, tout comme son poids qui écrasait mon buste. Je voulais que ça s'arrête. Alors que la folie commençait à s'emparer de mon esprit, je sentis la pression sur ma poitrine disparaître peu à peu. La présence de la créature s'effaça au même rythme, pour laisser place au calme et à la sécurité habituelle de ma chambre. Et pourtant, cette peur viscérale ne me quitta pas, je n'osais toujours pas bouger ou crier, je ne pouvais que serrer mes paupières. Mon corps s'allégea alors, je sentis que je pouvais enfin bouger, mais si je le faisais, est-ce qu'elle reviendrait immédiatement ?
Je réfléchis alors, ayant l'impression que mon cerveau allait exploser sous la pression. Comment me mettre en sécurité, loin de cette chose. La lumière… Oui c'est bien ça ! Sans réfléchir je me redressais d'un coup, allumant la lampe qui était sur ma table de nuit à ma droite. J'entendis le clic rassurant quand mon doigt pressa le bouton. J'ouvris alors enfin les yeux, regardant autour de moi. Mon cœur battait jusque dans mes tympans, mon crâne me faisait souffrir, tout comme chacun des muscles de mon corps. Ma respiration était vive, j'avais l'impression d'étouffer. Je réalisa enfin que tout cela n'était qu'un cauchemar, qu'un putain de rêve éveillé. Je ramenais mes genoux contre ma poitrine, les entourant de mes bras, mon front se posant contre ceux-ci.
Et dire que tout cela à commencé sur un rêve où je me prenais pour un ornithorynque… Je n'avais aucun souvenir de la boîte de nuit, je ne me doutais pas des choses terrifiantes qui avaient pu s'y passer. Mais quoi qu'il en soit, mon corps n'avait aucune séquelles. Comment est-ce que j'étais rentré chez moi ? Est-ce que tout ce qui s'est passé avant cela était un rêve ?
Bonifacio Castelli
Survivant de l'Escape Game Halloween 2021
Je post sous Bonifacio mais c'est le texte de Roman oké ? oké.
L’ombre est repassée sous la glace.
Tu as tenté de la suivre, mais tes jambes se sont rigidifiées sous les lamentations du lac gelé. Partout où tes yeux se posent, la berge n’est qu’un mirage, une idée lointaine, et elle te laisse vulnérable au beau milieu de l’étendue déserte, fissurée, prête à t’avaler au moindre pas qu’elle jugerait trop lourd. L’animal revient, fantôme tourbillonnant, sombre et étrange ; une petite Mort, peut-être, attendant que l’eau ne t’avale. Elle nage avec aisance, te montre la facilité par laquelle les hommes meurt dans le silence des autres.
Une douleur déchirante te coupe le souffle. Tu tombes à genoux.
Et la glace craque sous eux, puis sous tes paumes, sans fendre tout à fait. Elle fait le bruit d’une déchirure. C’est sec, presque comme une peau qu’on fend.
Et c’est bien une peau qu’on fend. C’est la tienne, celle de ton dos, et qu’on fendra encore, comme le fouet se lève à nouveau. Tu ne comptes plus les coups. Il n’y a plus de lac, plus d’animal étrange - l’animal, c’est toi. À quatre pattes comme une bête. Sous un murmure nerveux de la foule, le bourreau semble attendre que tu te redresses contre le pilori pour continuer la sentence. C'est peut-être pour avoir le plaisir de te faire retomber, à défaut de t’arracher un cri. Toi qui ne bronches jamais. Tes doigts retournent se nouer contre le bois, et dans tes omoplates, les muscles crevassés tremblent pour te hisser sur tes pieds.
Et les dents irrémédiablement soudées les unes aux autres, tu te répètes les mêmes mots qu’à chaque fois, au creux de tes pensées, bien qu’elles fassent moins en moins sens. Tu es en Slovaquie. Tu t’appelles Roman Desmarais. Tu as vingt-cinq ans. Tu es mortel. Tu es condamné pour meurtre. Tu es condamné pour avoir eu l'ambition de vivre pour toi-même. Mais ils ne te tueront pas, car tu ne sais pas mourir.
Tes yeux se plantent dans ceux, vairons, d’un homme statique au coeur de la foule. Toujours le même. Toujours présent, à chaque séance de coup de fouet. Et des séances, il y en aura jusqu’à ce que tu trépasses de ton dos en charpie. C’est la troisième, peut-être ta dernière. Tu ne sais pas si tu survivras à celle-là.
Mais ils ne te tueront pas, car tu ne sais pas mourir.
Avant d’être traîné à l’extérieur, ton voisin de cellule t’a filé quelque chose d’étrange à avaler. Tu vas voyager, qu’il t’a dit. Tu vas voyager là où ils ne pourront plus jamais t’atteindre.
Le fouet claque, et tu bascules à nouveau dans le rêve, l’esprit engourdi par le mal lançinant. La glace grince sombrement sous ton corps épuisé, tu vois s'agiter l’animal inconnu sous toi, prêt à accueillir ta noyade inévitable. Alors tu tombes sur une épaule, et tu as le temps de voir au loin, sur le lac blanc, la silhouette noire de l’homme qui a été présent à chaque séance de fouet. Mais il n’y a plus de foule. Plus de bruit. Plus de douleur.
L’eau glaciale t’avale, tu coules dans l’ombre. Et c’est paisible. Ça pourrait se terminer ici, jusqu’à ce que tu sentes le petit corps tiède de l’animal venir se blottir contre ta poitrine. Tu passes tes jointures raides dans sa fourrure lisse, quelque chose se réchauffe dans tes poumons.
Sur ton torse, la tête de Lysandre s’est appuyée dans le sommeil, bercé par les battements de ton coeur.
Platypus
J'ai allumé des feux dans la neige
L’ombre est repassée sous la glace.
Tu as tenté de la suivre, mais tes jambes se sont rigidifiées sous les lamentations du lac gelé. Partout où tes yeux se posent, la berge n’est qu’un mirage, une idée lointaine, et elle te laisse vulnérable au beau milieu de l’étendue déserte, fissurée, prête à t’avaler au moindre pas qu’elle jugerait trop lourd. L’animal revient, fantôme tourbillonnant, sombre et étrange ; une petite Mort, peut-être, attendant que l’eau ne t’avale. Elle nage avec aisance, te montre la facilité par laquelle les hommes meurt dans le silence des autres.
Une douleur déchirante te coupe le souffle. Tu tombes à genoux.
Et la glace craque sous eux, puis sous tes paumes, sans fendre tout à fait. Elle fait le bruit d’une déchirure. C’est sec, presque comme une peau qu’on fend.
Et c’est bien une peau qu’on fend. C’est la tienne, celle de ton dos, et qu’on fendra encore, comme le fouet se lève à nouveau. Tu ne comptes plus les coups. Il n’y a plus de lac, plus d’animal étrange - l’animal, c’est toi. À quatre pattes comme une bête. Sous un murmure nerveux de la foule, le bourreau semble attendre que tu te redresses contre le pilori pour continuer la sentence. C'est peut-être pour avoir le plaisir de te faire retomber, à défaut de t’arracher un cri. Toi qui ne bronches jamais. Tes doigts retournent se nouer contre le bois, et dans tes omoplates, les muscles crevassés tremblent pour te hisser sur tes pieds.
Et les dents irrémédiablement soudées les unes aux autres, tu te répètes les mêmes mots qu’à chaque fois, au creux de tes pensées, bien qu’elles fassent moins en moins sens. Tu es en Slovaquie. Tu t’appelles Roman Desmarais. Tu as vingt-cinq ans. Tu es mortel. Tu es condamné pour meurtre. Tu es condamné pour avoir eu l'ambition de vivre pour toi-même. Mais ils ne te tueront pas, car tu ne sais pas mourir.
Tes yeux se plantent dans ceux, vairons, d’un homme statique au coeur de la foule. Toujours le même. Toujours présent, à chaque séance de coup de fouet. Et des séances, il y en aura jusqu’à ce que tu trépasses de ton dos en charpie. C’est la troisième, peut-être ta dernière. Tu ne sais pas si tu survivras à celle-là.
Mais ils ne te tueront pas, car tu ne sais pas mourir.
Avant d’être traîné à l’extérieur, ton voisin de cellule t’a filé quelque chose d’étrange à avaler. Tu vas voyager, qu’il t’a dit. Tu vas voyager là où ils ne pourront plus jamais t’atteindre.
Le fouet claque, et tu bascules à nouveau dans le rêve, l’esprit engourdi par le mal lançinant. La glace grince sombrement sous ton corps épuisé, tu vois s'agiter l’animal inconnu sous toi, prêt à accueillir ta noyade inévitable. Alors tu tombes sur une épaule, et tu as le temps de voir au loin, sur le lac blanc, la silhouette noire de l’homme qui a été présent à chaque séance de fouet. Mais il n’y a plus de foule. Plus de bruit. Plus de douleur.
L’eau glaciale t’avale, tu coules dans l’ombre. Et c’est paisible. Ça pourrait se terminer ici, jusqu’à ce que tu sentes le petit corps tiède de l’animal venir se blottir contre ta poitrine. Tu passes tes jointures raides dans sa fourrure lisse, quelque chose se réchauffe dans tes poumons.
Sur ton torse, la tête de Lysandre s’est appuyée dans le sommeil, bercé par les battements de ton coeur.
Kris McGeyver
Super Admin' à votre service
"En vrai. De vrai. J'm'en bats les c*biiiip*".
Anissa de Wejdene, bizarrement peu épilée.
J'sais pas vraiment comment j'en suis venu à regarder ça. Allongé devant la télé', à l'envers, les jambes contre un mur. Genre tourné dans l'autre sens. Ah et j'ai tourné la TV ' aussi, faut pas déconner non plus. J'veux bien être dans le mauvais sens par contre, faut qu'elle le soit aussi. Y a pas que moi qui dois changer d'univers.
B u t, heureusement, I'm not alone.
Y a le gars là-bas. Enfin j'crois que c'est un gars. Je sais pas vraiment en fait mais il a un genre de poivron sur la tête. 'Fin c'est de la même couleur mais comme j'ai dis, je vois à l'envers donc discerner les éléments tangibles de l'image c'pas encore très évident pour moi. Visiblement pour lui non plus vu sa façon de me fixer.
- Anissa c'est le nom de mon chat.
Tant que c'est pas le nom d'ta bite j'ai envie d'te dire.
Pourquoi il me dit ça lui ?
- T'as un chat ?
Nan j'ai pas d'chat frère. J'sais déjà pas faire à bouffer, j'vais pas prendre un chat. Puis j'ai un "Zack". Qui a besoin d'un chat quand il a un "Zack" ? C'est vrai, c'est quand même à peu prêt la même chose : t'utilises plus d'tune pour l'entretenir, ça t'fait des câlins et deux minutes après ça te griffe la gueule en te feulant dessus comme si tu l'avais castré. Ah. D'ailleurs le castrage serait peut-être une bonne idée. Il allait falloir que j'appelle un médecin pour ça. Ou un véto'. M'bon, quoiqu'il en soit j'avais pas masse de tune en ce moment.
D'une main aussi lâche que lasse, j'attrapais le premier tube qui me passait sous la main, attirant le bâton contre mes lèvres avant de tirer dessus. Pas de fumée. C'était une nouvelle sorte ? Du genre qui délivre des sensations mais dont on sent pas les relents ? Je redressais la chose devant mes yeux, plissant légèrement les paupières pour essayer de lire les hiéroglyphes gravés contre la paroi translucide du matos. B..i..c? Bic ? Connait pas cette marque. Y avait un capuchon noir, c'était marrant. J'avais cette tendance à vouloir ouvrir un peu tout ce qui me passait sous la main. Souvent, c'était des briquets, d'où mes quelques tendances pyromanes que j'bridais un max. Et parfois c'était des gens. La dernière fois que j'avais fais ça, j'avais vomis.
Et pourtant, j'vomissais pas souvent. En tout cas, c'était pas avec cette clope que ça allait arriver. Ah, quoique peut-être qu'il fallait lécher le bout pointu là. Ça avait un goût ... de goût.
- Moi j'ai un concombre. Il a pas de nom, peut-être "giant". D'ailleurs c'est plutôt une courgette. Je
lui ai même appris des tours ! Il se lève quand je l'appelle et quand je le caresse, parce qu'il est gentil !
Hn ?
Ma tête loooourde bien trop loooourde bascula vers la droite, essayant d'ignorer l'intoxication sonore provoquée par la machine en face de moi pour porter mon attention sur la gamine qui venait d'arriver. Ouais parce qu'elle avait une robe à motif canard et un mec aussi skinny que ça normalement, c'est à l'hôpital. Pourquoi il était là lui ? En tout cas, sa présence semblait surprendre le poivron qui commençait à tourner sur lui-même.
- Pourquoi tu tournes ?
- Parce que je suis gêné.
... Et quand t'es gêné tu tournes, t'es sûr de toi là ? Et l'autre chieuse - ça se voyait à sa gueule - qui commençait à sautiller sur place avant de tendre d'un coup la jambe pour l'appuyer contre le ventre de l'amateur de chats. Etirement-time ?
- Vous ne m'écoutez pas, péons ! J'ai dis que j'avais une courgette très obéissante ! D'ailleurs c'est plutôt une courge !
... Ah. Je venais de mordre ma nouvelle clope par réflexe. Elle avait craqué et maintenant j'avais un bout de plastique coincé dans la gencive et une substance visqueuse et noirâtre partout sur la gueule. Ça avait un putain de goût amer, j'étais quasiment sûr que c'était pas fait pour être bu. J'allais pas mourir si ça avait quand même coulé dans ma gorge ? La langue noire, je la tirais en direction du poivron qui glapit soudainement avant de se cacher la tête sous une couverture pleine d'aiguillons venimeux qui gisait lamentablement au sol. Le cul sortit. Il était au courant que j'le voyais toujours ? C'était quoi son problème encore ? Un vague "démon !" me répondit alors que j'haussais les épaules, reprenant ma position initiale en tirant sur le morceau de plastique. J'allais finir par me péter les dents. Que j'avais plus au final. J'étais présentement sans dents. Tier. Sans dents et dentier. J'avais quel âge pour ne plus avoir de dents ? Ou alors on m'en avait vraiment trop foutu plein la gueule. C'est la faute de Zack, ça a tous les coups. J'savais qu'il fallait le castrer.
- Ne bouge pas, je vais te l'enlever.
L'arrivée du chirurgien. Enfin du médecin de la peste vu le masque qu'il portait. Exactement le même quoique celui-là semblait vachement abîmé et avec des gravures nordiques sur les côtés. C'était sympaaaa ... Aïe. Pourquoi il me pokait avec son bec lui ? Aïe, aïe, aïe MAIS STOP PUTAIN.
- Ne bouge pas sinon il ne sortira pas. Il faut taper un peu plus fort et le morceau jaillira tel. Un. GeYsEr.
Il était vraiment en train de prendre la pause là ? L'index lancé vers le monde, le dos droit et la nuque brisée vers le ciel. Waw. J'allais pas bouger histoire de le laisser faire son affaire. Tant qu'ça n'avait aucun rapport avec un des trous de mon corps ou la chose entre mes jambes affectueusement renommée "la poutre" par UnPeuTropDeGensQuiSuiventMesAventures ça m'allait. Quoique j'avais besoin de mes mains pour tatouer aussi. M'enfin bon, le piaf s'évertuait surtout à tapoter sur mon front à l'aide de son bec.
- Tu devrais utiliser une courge ! Pour faire pied de biche !
Et l'autre légume qui continuait à chialer sous son plaid là. Putain mais c'était pas une vie. Pourquoi tout le monde était bruyant ?
- Non, si j'utilise autre chose que mon bec, Odin va me punir.
- Ça tombe sous l'sens.
- Odin lance des éclairs ! Et les éclairs brûlent les courges ! Je ne veux pas qu'on brûle ma courge, sinon elle ne pourra plus se lever pour avoir des câlins après !
J'étais pas sûr de savoir si son légume était une référence peu subtile de l'écrivaine au phallus d'une quelconque personne ou si la gamine avait vraiment un réel traumatisme vis-à-vis de la flore de son jardin. Quoiqu'il avait peut-être cette bestiole là, qui ressemblait vaguement à un concombre. Le truc un peu long qui rampait et qui secouait sa tête en rythme avec la musique. Le serpoiseau là ouais. Cousin du castorcanard. Très con cette bestiole, mais délicieuse avec un peu de feuilles. Je sais pas quelle feuille. Des feuilles.
En plus y en a partout des feuilles. Dans les arbres, dans mon placard, dans les magasins de fournitures scolaires. C'était cool d'avoir de la diversité.
- Tu veux une feuille ? Lâchais-je au chirurgien qui tapotait toujours mon crâne dans un rythme bien défini.
Genre ... paf. Paf, paf, paf. Paf ! Paf. Paf. Paf paf paf paf. Et rebelotte.
- Non, si je mange autre chose que mon bec, Odin va me punir.
- T'es vraiment trauma' toi.
- Odin a un oeil en moi ! Est-ce qu'il l'a mangé tout seul ? Il faudrait que je demande à Georges.
Pensive la nana en plus de ça. D'ailleurs elle semblait avoir arrêté de vouloir à tout prit piétiner le poivron. Il était où ? La couverture était plate maintenant. Bah, pas que j'en ai vraiment quelque chose à foutre mais c'était chelou des gens qui disparaissaient d'un coup. D'habitude fallait ouvrir la porte de la dix-huitième dimension et ça faisait quand même un sacré bordel entre les hurlements de Moloch et les discours insupportables de la reine girafe des Etats-Unis d'Amrosie.
"C'est votre buisson ? Vous avez des rapports très privilégiés avec ce buisson ! ... Espèce d'enculeur d'arbres."
... Ah, c'était pas le bruit de mes chaussons ça ? Ils passaient du Darktek en boucle depuis qu'on avait eu le malheur d'aller mater un remix de Vocaloid au ciné', eux et moi. Meilleure soirée. 'Fin pas pour eux, ils étaient trauma' maintenant. Et moi j'entendais les couleurs depuis, c'est chaud. Des couleurs qui existent pas en plus. Genre ... genre la couleur du transparent. Tu vois pas ? C'est normal, j'ai dis que j'l'entendais pas que j'la voyais.
- Odin arrive !
Nan. Si ? Aaaaah un siège qui roule poussé par monsieur poivron en académique. Il faisait de la danse lui ? QUELLE HONTE. Pour la danse. Un poivron qui danse trop vite, ça devient un piment non ?
Pourquoi il laissait la chaise là d'ailleurs ? Surtout dos à nous ? Et c'était quoi cette position qu'il prenait ? A genoux dans le même sens que la chaise et les bras levés vers le ciel. J'avais un peu de mal à comprendre le délire. Ils étaient tous bourrés ma parole. Heureusement que j'étais ToTaLeMeNt SaIn d'EsPrIt. Et intelligent. Et beau. Et drôle. Et très bon sur les murs.
Bon, on va pas s'mentir, à côté de moi, le chir' semblait pas dans son meilleur état étant donné qu'il tentait de s'auto-piquer sur le ventre avec son propre bec.
- J'ai vraiment un ventre très dur. Je n'arrive pas à me manger.
Un adepte de l'auto-cannibalisme donc. Intéressant. Et sinon la courgette, rien à ajouter ? Ah non, juste un regard vide et un filet de bave au coin des lèvres alors qu'elle regardait ses mains avec un émerveillement total. J'étais de moins en moins sûr de vouloir rester là. Peut-être que si j'entrais dans ma télévision ... D'ailleurs on était passé sur un documentaire animalier. Ca parlait de canards et de castors. Ou de castorcanard, j'étais pas sûr et j'pouvais pas vraiment en savoir plus vu que mes yeux menaçaient de tomber par terre. C'était chiant, j'allais devoir les ramasser après. Mais avant qu'un ploc ne se fasse entendre, le siège face à moi commença à pivoter leeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee ... deux secondes j'inspire. C'est mieux. eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeentement. A la James Bond. Sans James. Et sans Bond d'ailleurs. Pourtant tout le monde savait qu'ils étaient inséparables !
Et là.
Là.
L à.
Un homme à la peau ébène, aux yeux verts perçant et habillé d'une toge. Toute la prestance du monde dans un seul corps.
- Odin !
Waaaw.
Il avait même un animal de compagnie fabuleux, gracieux et grandiose qui tenait sans mal sur sa tête. Couronné l'animal.
- Asssssoiyez-vous devant la puissance de notre maître à tous ! Tonna l'apparition alors que mes genoux disparaissaient de mon corps pour me faire tomber sur mes moignons.
Etais-je en train de me décomposer à la vue d'une si formidable créature ? Si belle ? Si puissance ? Si... Odintesque ? Une respiration brutale me prit à la gorge. Gorge que je perdis également. L'animal n'était fait que de couleurs que je pouvais entendre et non voir. Lentement, l'inconnu éleva les bras en tenant la boule de poils à bec comme s'il s'était agit de la plus précieuse chose au monde.
- Et treeeeemblez devant son PoUvOiR !!!!!
Y avait décidément beaucoup trop de point d'exclamations qui sortaient de sa bouche. Et qui venaient danser autour de nous. Visiblement, je n'étais pas le seul à avoir perdu mes rotules. Et lorsqu'enfin, la tension sembla chuter et que l'animal divin ouvrit son bec majestueux, déployant ses petites pattes ornées d'aiguillon et ébrouant sa fourrure si adorable, le tonnerre gronda. Et nous sûmes à qui nous faisions face.
- ... Ce serait pas plutôt une aubergine ?
... J'suis quasiment sûr qu'on s'en serait sorti sans griller si la princesse avait pu fermer sa gueule au lieu de penser à-dieu-sainte-bite.
Alia [Roncepourpre]
Invité
“Allez, viens !”
C’est le solstice d’été, j’ai à la fois trop bu et trop dansé, pour profiter de l’ambiance. Pour une fois, je me sens léger, un peu trop peut-être. J’ai faussé compagnie à mon maître, Joan aussi, et sa main entourant la mienne me donne une impression de liberté volée délicieuse. On glousse, il pose un doigt sur ses lèvres et siffle un “shhhhh” pour qu’on ne fasse pas de bruit. Lui, ça fait longtemps qu’il est là, moi c’est ma quatrième année. On oublierait presque qu’on a le même âge, vu sa jeunesse apparente, mais il me le rappelle souvent. On ricane tous les deux quand on est assez loin de la soirée, il fait chaud et pas uniquement à cause de la température.
Tout focalisés sur notre fuite et ne pas se faire interrompre par un vieux grincheux, certainement avec la discrétion de deux scorvils dans une buandrie - ou un truc du genre, j’ai jamais été bon pour ces expressions - on manque de faire tomber une décoration et je ralentis le pas. Personne derrière nous, mais je tire sur la main de Joan.
“Arrête, j’te crois pas.”
Il se tourne, me sourit, son regard chaleureux pétille. Bien plus expressif que moi, bien plus à l’aise, je me retrouve à sourire en même temps que lui. Il pose un doigt sur son menton avec une expression d’intense réflexion exagérée. Le sol tangue un peu et j’ai le torse chaud comme jamais.
“Qu’est-ce que je pourrais faire pour te convaincre…
- Eviter de me raconter n’importe quoi ? La dernière fois, c’était colibriquet !”
Ca marche, il glousse à nouveau. Il est beau, Joan, quand il glousse. Il a le regard qui s’illumine et l’expression ouverte. Il me tire à sa suite, sans me laisser le choix. On pourrait marcher sur une corde suspendue dans le vide que je le suivrais quand même, sans hésitation. Par moment, le couloir y ressemble d’ailleurs, tant il tangue à droite et à gauche. Je sais même pas où on va.
“Et tu y a cru, à l’oiseau allume-feu ! Jusqu’à demander où tu pouvais en voir ! Promis l'ornithorynque, c’est pas juste un mot inventé. Donc le mieux, c’est de t’en montrer un… Voir de t’en faire toucher un !”
Joan pétille, son pétillement monte dans mon ventre et embrume mon cerveau. Il se remet en route, résolument, et j’essaye de rester prudent. Il faut dire, un animal mi loutre mi serpent, avec un bec de canard, y’a de quoi se méfier. C’est pas le moins bizarre qu’il m’ait sorti.
“Y’avait aussi apnésique, tu as essayé de me faire croire que si j’arrêtais de respirer trop longtemps, je perdrais la mémoire.
- Et tu oublies mon préféré : esgalope. Tout un repas à te faire croire que la viande changeait de nom si elle venait d’un animal qui avait couru ! Mais tu sais Tabris, là, c’était pas toi qui marchait, mais qui courrait, carrément !”
Quoi ? Comment ça ? Je ralentis encore, sidéré, par ma bêtise et sa malice. On passe la porte de la bibliothèque, j’y vais jamais et il le sait : je sais pas lire, pourquoi l’embêter à faire semblant ? Il passe quelques rayons et s’arrête. Il a les joues aussi roses que moi à cause de l’alcool.
“C’est un animal très timide, c’est pour ça que sa cage est dans la bibliothèque, c’est moins bruyant. Ferme les yeux, je vais te guider…”
Je ferme les yeux, plus sensible aux sons, à son odeur aussi, je lui rentre à moitié dedans quand il s’arrête et on ricane tous les deux. Il appuie son corps contre le mien, un instant, et j’entends un bruit de tissus. Pourquoi couvrir la cage ?
“Ne t’inquiète pas… Il n’est pas dangereux. Mais garde les yeux bien fermés.”
Je hoche la tête, je lui fais confiance. Trop, pour tout ce qu’il a pu me faire, mais je réfléchis simplement pas. Il me murmure “tend la main”, encore une fois, et je tend les doigts dans la direction qu’il m’indique… D’abord, je touche quelque chose de lisse, chaud, très chaud. Ca frissonne et se tend, gonfle, palpite un peu. Je remonte, surpris du petit couinement que l’ornithorynque fait. Je suis le cou, jusqu’à tomber contre… De la fourrure ? Des poils frisés, comme… Je glapis et rouvre les yeux soudainement. Joan me fixe, les joues rouges, les lèvres entr’ouvertes…
“Joan. C’est ta bite.” Il m’offre un sourire d’ange, puis un rire, sans lâcher mon poignet pour autant. Moi, j’me renfrogne. “Tu m’as encore menti.”
Je retire la main, et je regrette presque. Parce qu’il a une moue attristée et que c’est à peu près mon seul ami ici...
“Je voulais juste une excuse pour qu’on soit seuls”, avoue-t-il. “Mais ça existe vraiment…”
Il s’écarte un peu, déçu, et récupère un livre, qu’il tourne quelques instants avant de me montrer une image. Ok. J’imaginais pas ça. Je fais semblant de lire, l’air concentré, avant de hocher la tête. Il range le livre et me fixe, cherchant quelque chose à dire de toute évidence. Au final, il m’attrape une mèche de cheveux et me tire vers lui, m’embrassant sans que j’aie le temps de le repousser. C’est doux. Plus que mon maître, moins que mon épouse.
“On devrait retourner à la fête.”, qu’il annonce, faisant comme si de rien n’était. Et c’est plus simple comme ça, non ? “Je crois que j’ai encore soif…”
J’acquiesce, détournant les yeux le temps qu’il se rhabille. Je lui donne un coup de coude dans les côtes pour le taquiner, sans remarquer son sourire qui donne le vague à l’âme. Demain, l’ivresse sera passée. Demain, ça deviendra une plaisanterie entre nous. J’ignore encore que, demain, il rentrera chez lui…
C’est le solstice d’été, j’ai à la fois trop bu et trop dansé, pour profiter de l’ambiance. Pour une fois, je me sens léger, un peu trop peut-être. J’ai faussé compagnie à mon maître, Joan aussi, et sa main entourant la mienne me donne une impression de liberté volée délicieuse. On glousse, il pose un doigt sur ses lèvres et siffle un “shhhhh” pour qu’on ne fasse pas de bruit. Lui, ça fait longtemps qu’il est là, moi c’est ma quatrième année. On oublierait presque qu’on a le même âge, vu sa jeunesse apparente, mais il me le rappelle souvent. On ricane tous les deux quand on est assez loin de la soirée, il fait chaud et pas uniquement à cause de la température.
Tout focalisés sur notre fuite et ne pas se faire interrompre par un vieux grincheux, certainement avec la discrétion de deux scorvils dans une buandrie - ou un truc du genre, j’ai jamais été bon pour ces expressions - on manque de faire tomber une décoration et je ralentis le pas. Personne derrière nous, mais je tire sur la main de Joan.
“Arrête, j’te crois pas.”
Il se tourne, me sourit, son regard chaleureux pétille. Bien plus expressif que moi, bien plus à l’aise, je me retrouve à sourire en même temps que lui. Il pose un doigt sur son menton avec une expression d’intense réflexion exagérée. Le sol tangue un peu et j’ai le torse chaud comme jamais.
“Qu’est-ce que je pourrais faire pour te convaincre…
- Eviter de me raconter n’importe quoi ? La dernière fois, c’était colibriquet !”
Ca marche, il glousse à nouveau. Il est beau, Joan, quand il glousse. Il a le regard qui s’illumine et l’expression ouverte. Il me tire à sa suite, sans me laisser le choix. On pourrait marcher sur une corde suspendue dans le vide que je le suivrais quand même, sans hésitation. Par moment, le couloir y ressemble d’ailleurs, tant il tangue à droite et à gauche. Je sais même pas où on va.
“Et tu y a cru, à l’oiseau allume-feu ! Jusqu’à demander où tu pouvais en voir ! Promis l'ornithorynque, c’est pas juste un mot inventé. Donc le mieux, c’est de t’en montrer un… Voir de t’en faire toucher un !”
Joan pétille, son pétillement monte dans mon ventre et embrume mon cerveau. Il se remet en route, résolument, et j’essaye de rester prudent. Il faut dire, un animal mi loutre mi serpent, avec un bec de canard, y’a de quoi se méfier. C’est pas le moins bizarre qu’il m’ait sorti.
“Y’avait aussi apnésique, tu as essayé de me faire croire que si j’arrêtais de respirer trop longtemps, je perdrais la mémoire.
- Et tu oublies mon préféré : esgalope. Tout un repas à te faire croire que la viande changeait de nom si elle venait d’un animal qui avait couru ! Mais tu sais Tabris, là, c’était pas toi qui marchait, mais qui courrait, carrément !”
Quoi ? Comment ça ? Je ralentis encore, sidéré, par ma bêtise et sa malice. On passe la porte de la bibliothèque, j’y vais jamais et il le sait : je sais pas lire, pourquoi l’embêter à faire semblant ? Il passe quelques rayons et s’arrête. Il a les joues aussi roses que moi à cause de l’alcool.
“C’est un animal très timide, c’est pour ça que sa cage est dans la bibliothèque, c’est moins bruyant. Ferme les yeux, je vais te guider…”
Je ferme les yeux, plus sensible aux sons, à son odeur aussi, je lui rentre à moitié dedans quand il s’arrête et on ricane tous les deux. Il appuie son corps contre le mien, un instant, et j’entends un bruit de tissus. Pourquoi couvrir la cage ?
“Ne t’inquiète pas… Il n’est pas dangereux. Mais garde les yeux bien fermés.”
Je hoche la tête, je lui fais confiance. Trop, pour tout ce qu’il a pu me faire, mais je réfléchis simplement pas. Il me murmure “tend la main”, encore une fois, et je tend les doigts dans la direction qu’il m’indique… D’abord, je touche quelque chose de lisse, chaud, très chaud. Ca frissonne et se tend, gonfle, palpite un peu. Je remonte, surpris du petit couinement que l’ornithorynque fait. Je suis le cou, jusqu’à tomber contre… De la fourrure ? Des poils frisés, comme… Je glapis et rouvre les yeux soudainement. Joan me fixe, les joues rouges, les lèvres entr’ouvertes…
“Joan. C’est ta bite.” Il m’offre un sourire d’ange, puis un rire, sans lâcher mon poignet pour autant. Moi, j’me renfrogne. “Tu m’as encore menti.”
Je retire la main, et je regrette presque. Parce qu’il a une moue attristée et que c’est à peu près mon seul ami ici...
“Je voulais juste une excuse pour qu’on soit seuls”, avoue-t-il. “Mais ça existe vraiment…”
Il s’écarte un peu, déçu, et récupère un livre, qu’il tourne quelques instants avant de me montrer une image. Ok. J’imaginais pas ça. Je fais semblant de lire, l’air concentré, avant de hocher la tête. Il range le livre et me fixe, cherchant quelque chose à dire de toute évidence. Au final, il m’attrape une mèche de cheveux et me tire vers lui, m’embrassant sans que j’aie le temps de le repousser. C’est doux. Plus que mon maître, moins que mon épouse.
“On devrait retourner à la fête.”, qu’il annonce, faisant comme si de rien n’était. Et c’est plus simple comme ça, non ? “Je crois que j’ai encore soif…”
J’acquiesce, détournant les yeux le temps qu’il se rhabille. Je lui donne un coup de coude dans les côtes pour le taquiner, sans remarquer son sourire qui donne le vague à l’âme. Demain, l’ivresse sera passée. Demain, ça deviendra une plaisanterie entre nous. J’ignore encore que, demain, il rentrera chez lui…
The Lord
Fondateur
L'épreuve numéro deux est désormais terminée mais nous laissons le sujet ouvert si jamais un membre d'une des deux communautés veut poster un message, un commentaire ou un petit mot gentil d'amour krkrkr ! Il en sera de même pour les autres sujets bien évidemment. ~
Messages :
1785
Contenu sponsorisé
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|