A l’accord du prêt de salle de bain, l’angelot ne se faisait pas plus prier que nécessaire pour s’éclipser de la cuisine. Pauvre lieu qui avait subit toutes leurs bêtises. Enfin, ils avaient été sages comparativement à ce que d’autres personnes pouvaient faire en cas de bataille de nourriture. Mais pour Logan c’était déjà beaucoup de casser des œufs et de jeter la farine sans les manger. Il faisait demi tour pour aller vers la salle de bain et ainsi, disparaître du champ de vision de son hôte. A peine le seuil passé, il enlevait son haut qu’il jetait tout de suite sur le miroir. Sa nuque se redressait lentement, comme s’il se méfiait de ce qu’il pourrait voir.

Bien visé. Parfait.

Le morceau de tissu recouvrait la majeure partie de la glace, rendant invisible son reflet à ses yeux. Un soupire de soulagement s’échappait de ses lèvres fines tandis que le reste de ses fringues s’écrasait mollement sur le sol, exposant son corps nu à des yeux qui n’étaient pas présents. Le blond passait ses doigts interminables dans ses mèches en se glissant sous l’eau après avoir attendu que celle-ci chauffe. La texture faisait grimacer l’américain. Il retirait ses doigts et observait la mélasse jaunie qui teintait ses doigts fins.

Sauf que. C’était Logan dont on parlait. Et Logan, il lui manquait plusieurs connaissances dans son cerveau.

Logan qui avait mis de l’eau chaude. Alors qu’il avait de l’œuf sur la tête. Un œuf, ça cuit.

Pensant que c’était simplement un effet normal de la mixture qui avait imprégné ses mèches, il essayait de frotter comme un forcené mais.. le résultat devenait de pire en pire. La tension commençait à se faire ressentir dans la nuque. Puis l’animal agacé et totalement déboussolé se mettait à tirer dans des râles contrariés. Puis ça commençait à le prendre à la gorge, le souffle qui commençait à s’accélérer. La pièce qui lui semblait rétrécir. L’américain avait la panique qui courait dans ses entrailles. Une crise qu’il ne savait pas gérer. Il avait l’impression de voir trouble, que le monde se dérobait sous ses pieds.

- Hater..!

La prostituée finissait au sol, tremblant de tout son corps et des larmes sur les joues, en pleine hyperventilation. Il lui suffisait pourtant d’ouvrir la porte. De sortir. De respirer. Mais la créature était paralysée. La fumée que provoquait la chaleur de la douce n’aidait en rien à sa sensation d’étouffement. Des cris dans sa tête. Des yeux qui n’étaient pas là face à lui. Ses doigts inexistant qui caressaient sa carcasse abîmée.

Mon ange…

Non..!

- He-Help..!!

Ses mains étaient remontées dans ses mèches, tirant dessus avec force en se mettant à se balancer d’avant en arrière. Au revoir le face de marbre. Bonjour petite créature brisée, aux ailes déplumées. Aux muscles déchirés. A l’âme fracassée. Bonjour, déchet.

Les doigts du mannequin tiraient fortement sur ses mèches blondes, comme une échappatoire qui tentait de le faire redescendre sur terre. De lui faire prendre conscience que ce n’était que son cerveau malade qui s’imaginait des choses irréelles. Mais même la douleur ne suffisait pas à le ramener dans le monde des vivants. Son souffle était sifflant, plus ça allait, plus il perdait en efficacité, ne faisant qu hyper ventiler. Sa tête tournait, quelques paillettes se dessinaient dans son champ de vision, mauvais signe. Mais ça lui donnait l’impression qu’il allait mourir, chose qui ne faisait qu’accélérer le battement de son muscle cardiaque.

Le noir arrivait, soudain, la voix lointaine également. La créature ne cessait de se balancer d’avant en arrière, les yeux écarquillés sur une vision qui n’existait pas et dont les lumières s’éteignait. Sa vue était rivée sur un monde qui l’envahissait pour l’engloutir et le faire disparaître de la surface de la terre. Ses démons. Quand le tissu s’abaissait pour dévoiler sa carcasse, le blondin avait laissé tombé sa tête entre ses genoux pour se cacher, lui et son malaise. Un reniflement discret indiquait l’état mental dans lequel il était. L’angelot abaissait ses mains sur son visage pour essayer d’effacer discrètement ses larmes. Pas si facile quand l’homme qui ne devait pas les voir se trouvait juste en face. Sa tête bougeait lentement de haut en bas pour accepter la proposition de l’aider à se débarrasser de la mélasse qui avait cuit. Tout ça pour des œufs… Docile, Logan se redressait un peu, honteux de sa propre réaction. C’était vraiment pitoyable pour lui de se montrer comme ça, mais bon, ce n’était pas comme s’il l’avait fait volontairement… Serrant la serviette sur lui, la prostituée suivait sagement Hater puis s’asseyait pour se laisser faire.

- … J’suis désolé.

D’être dans un état aussi pitoyable. D’être un faux ami aussi nul. De pas être capable de se demerder tout seul pour enlever un œuf de ses cheveux. L’américain triturait l’angle de sa serviette avec une espèce de nervosité. Se montrer comme ça était toujours un calvaire pour lui. L’éclat de ses iris semblait irréel à cause de ses yeux rougis par les larmes. D’ailleurs, le t-shirt se trouvait toujours sur le miroir, ça avait le bénéfice de lui éviter de se voir dans cet état. Au moins un soulagement pour sa matière grise. Son regard se relevait vers Hater qui s’occupait de lui.

- Merci.

Sur lui, il n’avait que la serviette pour couvrir son intimité. Mais de là, le bicolore pouvait tout de même voir l’impact qu’avait la vie sur l’épiderme du blanc-bec.