Nylian Hugues

À la patinoire, je peux me sentir libre. Le hockey fait encore partie de ma vie après les études terminées; un jour par semaine. Mis à part ce sport, juste avoir les pieds dans les patins me fait un bien fou. Autant habitué aux vagues chaudes de Californie, j’aime le froid des arénas. Cette brise, la brume qui sort de notre bouche, je m’y plais quant aux autres qui portent tous des moufles. Les enfants ont de jolis patins, ils essaient de reculer avec un entraineur qui fait n’importe quoi sauf les aider. Avec leur casque sur la tête, des protections, les parents à moitié présent. Je soupire en attendant sagement mon tour, soit quand la patinoire va se libérer pendant la prochaine heure. C'est son anniversaire aujourd’hui, ne sachant même pas si elle pense à moi. Probablement, à sa dernière fête je lui avais faite un gâteau tellement sucré que c’en était dégueulasse. À l’instant ce n’est qu’un beignet avec un glaçage aux pommes, une chandelle non allumée en plein milieu. Mon régime ne me le permet pas vraiment mais si je trouve preneur, tant mieux. La petite boite en carton n’aura pas servi pour rien, ni le temps que j’y ai mis pour une pâtisserie. J'aime cuisiner, ce n’est pas un secret sauf que j’aurais pu en faire plusieurs et non juste un. Ça aurait senti dans l’appartement, Danny s’en serait rendu compte et comment justifier une connerie. ‘’Oui j’ai fait un gâteau pour une gamine disparue...’’ Une boule monte rapidement à ma gorge, je déteste le sentiment familial quand c’est d’une tristesse.  

Assis dans les estrades un peu à l’écart des parents, mon regard est perdu dans le vide. Je lui avais appris à patiner. Pour une enfant de six ans, elle se débrouillait super bien. J'ai encore de la difficulté à dire son prénom de vive voix, ça me glace le sang même si on gèle ici. À la fac, j’étais terminé capitaine pour la dernière saison et c’était plutôt sympa je dois l’admettre. Les joueurs avaient confiance en moi quand je me demandais encore pourquoi l’entraineur sortait mon nom en majorité lors du vote à l’aveugle. Ma mère m’a toujours dit que j’étais sur des patins avant d’être capable de faire mes premiers pas. À quel point c’est réel? Aucune idée. Par contre c’est sur la glace que j’arrive à me vider la tête. Aujourd'hui c’est plus pénible, et je n’ai pas osé contacter mon psychiatre pour...pour ça. En parler avec Danny serait épineux, il ne l’a pas connue et certaines choses du passé doivent rester cachées afin de protéger ce qu’on a de plus précieux. Si quelqu’un vient demander des informations en passant par mon petit ami, d’une part c’est irrespectueux et d’une autre, il ne sait pas tout. Même moi, on m’a tenu au silence ce qui m’a franchement déplu, malgré les circonstances dont je connaissais. Putain de vie compliquée.  

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Nylian Hugues

 

L’erreur du débutant, on l’a tous faite en étant enfant. Je ne suivais plus les mouvements de pieds sur la patinoire, perdu dans mes pensées. Un gosse était passé par une porte plus loin du chemin qui se rend directement aux vestiaires, une voix plutôt grave me réveille sans avoir le temps de bouger mes bras pour le récupérer. Il devait être pressé - ou le parent chiant. Voyant la scène à quelques centimètres de mon corps, je lâche un son à peine audible. Et pourtant j’ai un sourire en coin, comme s’il était vraiment pris en faute. Ce serait dommage de les faire limer, déjà que l’équipement coûte assez cher. Enfin pour moi, ça ne veut rien dire parce que tout ce qui est sport, le prix ne vaut rien pour la satisfaction de l’adrénaline. Mis à part le golf, le petit t-shirt polo de Lacoste, j’ai touché à tout. Si je n’avais pas eu ça, je serais en taule. Je devrais presque faire des conférences afin d’aider les jeunes, mais les parents devraient s’en charger. Pas de drogue, du sport.

-Mets tes protections bonhomme si tu ne veux pas tomber et abîmer tes lames.  

Je le regarde, perplexe. Très rouge, là n’est pas le problème sauf que ça sent bon? Je baisse les yeux, comprenant de quoi il parle. Parle Erik, sinon tu as l’air ridicule en ce moment. Je ne crois pas l’avoir déjà vu, ce qui est étrange. À moins que je ne traine plus assez dans les bars du quartier le soir. Peut-être est-il nouveau, ce n’est pas de mes affaires toutefois, tant qu’à être deux visiblement du même âge, on peut discuter. Qu'est-ce qu’il y a d’étrange à ça. Sauf le gâteau évidemment, en plus de l’avoir fait moi-même. Elle aimait les crêpes aux pépites de chocolat, un peu trop d’ailleurs. J'aurais aimé avoir une petite sœur, elle aurait été tellement cajolée que mes parents seraient devenus fous. Puis merde, aussi bien faire la conversation dans un moment...surprenant.  

-Il est à toi si tu le veux, sinon il va finir dans les poubelles. C'est son anniversaire aujourd’hui, mais je sais qu’elle ne viendra pas. Elle aura huit ans, quelque part sur la planète.  

Poussant le gâteau vers lui, qu’il le prenne avant d’enlever la bougie.  

-Erik. J’imagine que tu ne venais pas chercher ton gamin, à moins d’être parent très jeune.

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