Les jours avaient été sombre. Pas tous. Beaucoup d’entre eux. C’était une lutte de chaque instant pour remonter la pente dans laquelle il était tombé. Mais le rouquin avait des épaules solides et un entourage sur lequel il pouvait compter sans craindre de dévoiler ses faiblesses. Alors peu à peu, jour après jour, il se récupérait, reprenait une routine et puis matinée après matinée, il avait moins mal. Voir cette chambre vide devenait un peu moins insupportable jusqu’à devenir tolérable. Il faut dire que le nouveau chaton apportait pas mal de joie dans sa vie aussi. Une boule de connerie qui ne laissait pas le temps de s’effondrer sous ses malheurs.
Alors après tout ce temps, il avait décidé de ressortir. C’était bon. Les gens étaient vivants. Heureux. Heureux… Sa nuque se secouait et son sourire étincelant revenait à l’attention du serveur alors qu’il se penchait en avant.

- J’vais vous prendre un twist s’il vous plait !

- Je te fais ça tout de suite mignon.

Reprenait sa ligne dorsale plus droite, il triturait l’angle de son sous verre avant de ressentir une chaleur étrangère. Ses sourcils se haussaient et sa nuque se tournait vivement vers l’étranger. Non. Pas un étranger en fait.

- Hater !

L’autre le reconnaissait et il ne pouvait s’empêcher de rire à son expression. Passant une main dans ses mèches par rapport au compliment de plus tôt.

- Merci, j’te retourne le compliment.

Clin d’œil complice. Car même si l’horizon pouvait être sombre, face à ses amis il ne perdait rien de sa malice et de ses expressions espiègles. Il ne voulait pas être considéré comme le pauvre Jace qui avait perdu son meilleur ami. Tout ce qu’il voulait transmettre aux autres c’était sa joie de vivre, son rayonnement. Ses sourcils se haussaient une nouvelle fois à la demande alors que le mouvement sur sa mâchoire électrisait un cours instant sa nuque. Vieux vice qu’il avait. Vieux vice presque oublié d’ailleurs, sa vie devenue presque chaste. Ses incisives venaient kidnapper sa lèvre inférieure alors que son regard se plongeait dans celui du bicolore.

- Et pourquoi pas…

Après tout. Pourquoi pas, n’est-ce pas ? Derrière, le serveur déposait un verre sur le carton qui avait été trituré sans ménagement.

- Et un twist ! L’homme posait les yeux sur Hater et lui souriait tout aussi chaleureusement. Et pour toi ça sera quoi dis moi ?

L’épaule du mannequin s’étirait pour qu’il attrape son verre et il buvait une gorgée sans dévier ses iris de celles de son camarade. Il voulait jouer n’est-ce pas ? Lui aussi, voulait jouer. Jouer pour oublier. Jouer pour respirer. Vivre.

La lenteur qu’il percevait sur ce visage n’avait pas de prix. Sans gêne, le rouquin riait un peu, se délectant des premières gorgées de sa boisson. Il n’y avait rien de moqueur, c’était juste amusé et cette légèreté lui faisait un bien fou. Après tout, à quoi bon dire non ? A quoi bon s’interdît des choses alors qu’il n’y avait personne pour dire si oui ou non, les choix faits étaient les bons. Pas qu’il faisait n’importe quoi désormais, mais il réalisait. Il réalisait qu’il était jeune, que la vie était courte et impitoyable. Rien de mieux qu’une perte pour remettre des pendules à l’heure. En même temps qu’une main rejoignait sa nuque, la sienne se déposait sur le torse parfaitement moulé. La chaleur montait dans ses joues alors que ses pommettes restaient rehaussées sous ses yeux.

- Comment ? C’est vague.. Au bar ?

Il l’embêtait, tout comme il se faisait embêter. Le baiser trouvait une réponse. Ses yeux se fermaient pour profiter de l’incendie qu’ils démarraient à deux. Ses doigts se crispaient un peu sur le tissu tandis qu’il s’essoufflait dans leur valse de lèvres. Ses joues s’échauffaient jusqu’à rougir quand il s’exclamait, explosant de rire.

- Ils vont croire que tu m’as demandé en mariage avec ça !

À combien de verres était-il lui ? Plusieurs. Vu l’état de ses pupilles, Jace n’avait pas été très sage non plus. Son verre descendait aussi vite, chaque baiser trouvait une réponse et sa seconde main se déposait sur la nuque musclée alors que ses rires ne cessaient de s’échapper de ses lèvres. Il se sentait léger et vivant. C’était tout ce don il avait besoin en cet instant. L’intimité du front contre front lui faisait se mordiller la lèvre inférieure de sa canine, pouffant quelques peu.

- Tu me frapperas aussi alors… Deal.

Se faisant attirer, il déposait de nouveau ses mains sur la nuque de son homologue et la caressait de ses pouces. Ses gestes devenus plus doux et lents. Sagement, il opinait du chef, retenant cette boule qui menaçait de se former dans sa gorge.

- Ouais… Il fallait bien à un moment, hein ? Toi aussi à ce que je vois d’ailleurs.

Pour ponctuer sa phrase, il lui volait un nouveau baiser. Il ne réfléchissait même pas aux conséquences de ses paroles. Il était fatigué de pas mal de choses et voulait juste se lâcher ce soir.

- T’es devenu super musclé, j’ressemblerais presque à un raisin sec à côté de toi ! Y’a injustice franchement !

Toujours ses petits traits d’humour bien à lui. Un peu nul sûrement, mais il n’en était pas gêné. Il pressait son torse contre le sien, montant une main dans ses cheveux, le rouquin se penchait pour venir murmurer à l’oreille de son partenaire.

- Hater… Fais moi oublier la vie.

Il s’abaissait un peu pour venir mordiller le lobe d’oreille du nouveau sportif. Oublier la vie. C’était un bon objectif ça. Juste profiter. C’était bien. L’esprit vide. L’alcool aidait. Il avait encore envie de boire d’ailleurs, et de fumer. Peut-être de prendre un rail aussi, mais Allen n’était pas là pour ça.

Les sourcils du rouquin se haussaient avec cet air indigné qu’il savait si bien prendre en situation de crise. Sa main montait à sa poitrine alors que la seconde se déposait sur ses lèvres. Tout de la drama queen parfaite. Sa voix montait dans les plus aiguës et son regard se détournait dans un élan des plus grandes comédiennes de Hollywood.

- Tu ne peux pas avoir fait ça… Parce que… Où est la bague de notre amour éternel dans ce cas ? Comment les autres sauront que je ne suis plus un coeur à prendre ?

Un faux sanglot s’échappait de sa gorge pour ponctuer sa phrase. La main qui était à ses lèvres montait pour essuyer une larme invisible du bout de l’index avant qu’il ne craque et se mette à rire. Un son sincère et franc qui trahissait toute sa petite comédie. Le rapprochement faisait monter une main du rouquin sur la nuque de son homologue alors que ses paupières s’abaissaient sur ses pupilles dilatées par l’éclairage et les liqueurs qu’il avait ingéré. Un léger soupire de contentement fuyait de ses lèvres, son rictus amusé de la situation ne s’évaporant pas. Ça faisait du bien, d’oublier le monde, d’oublier le master, d’oublier la vie et ses tracas. D’oublier et de juste profiter. Fallait bien ça pour le remonter un peu de ses soirées à pleurer, avec ce sentiment d’abandon et d’incompréhension qui rongeait ses entrailles. Brutales et dévastatrices. L’éclat de ses pupilles brillait de malice.

- Et vous mien désormais.

Pour jouer à un jeu, il fallait être deux et lui ne faisait pas que suivre, il plongeait dans l’action. Le français glissait son index dans le col de son homologue alors que celui-ci lui tirait des frissons au niveau de sa hanche. Il repliait le bras pour l’attirer à lui et déposait une nouvelle fois ses lèvres sur les siennes pour échanger un baiser fort. Ses incisives se dévoilaient pour mordiller la lippe inférieure avec cet expression bien à lui, quand il s’amusait et séduisait. Démoniaque créature. Il la léchait lentement ensuite, rouvrant les yeux pour plonger dans ceux aux couleurs différentes.

- Tu as bon goût ~

Ses doigts passaient sur le verre de son fraîchement fiancé pour lui voler une gorgée et passer ensuite son membre humide sur sa propre lèvre supérieure. Ça éclatait encore de rire et à la musique, il levait les bras en l’air et bougeait des hanches en rythme. Sensuel.

- Cette nuit doit battre toutes les autres.

Un défi. Une main s’abaissait pour attraper sa complice, il terminait son verre cul sec et l’entraînait vers la piste. Bouger. Sentir ses muscles. Respirer. Exister.

De doux rayons de soleils traversant les vitres immaculées venaient caresser le visage du bel endormi. Sa peau semblait plus lumineuse, lui offrant un éclat presque irréel. Ses cheveux désordonnés donnaient une idée de l’agitation que les deux jeunes hommes avaient vécu la veille. Lentement, avec la chaleur contre son corps et les mots doux murmurés à son oreille, ses paupières battaient pour récupérer le sens de la vue. Le violoniste portait sa main à son visage pour frotter ses jolies mirettes dérangées par le l’éclairage étincelant.

- Hm… Hey…

Un fin sourire étirait ses lèvres alors que sa voix était encore rocailleuse de son réveil, et probablement de sa consommation excessive de tabac nocturne. Il ne savait pas trop dans quelle position il était. Son corps était allongé en diagonal dans le lit, sa tête frôlant le bord du matelas alors qu’un de ses bras tombait de celui-ci. Un étirement réveillait ses muscles. Sa main pendante faisait tomber une bouteille, qui résonnait contre d’autres dans un bruit de verre bien familier. Son regard tournait vers celles-ci et il haussait les sourcils surprit. Une. Deux. Trois… Six. Ha, une huitième par là-bas. Son visage trouvait refuge dans la gorge chaude de son complice de crime avec un léger rire.

- J’crois qu’on a beaucoup bu…

Une inspiration contre cette peau et l’odeur appuyait un peu plus sur son sourire. C’était agréable comme réveil. Le rire du bicolore lui faisait sortir la tête de sa gorge.

- Parce que j’le suis pas.

Il était perplexe. Finalement, il se redressait lentement, difficilement pour observer l’endroit dans lequel ils étaient. Le battement de ses paupières s’accélérait un peu, comme pour vérifier qu’il n’avait aucun problème de vue. C’était vraiment un lieu magnifique. La vue qu’ils avaient était elle aussi imprenable mais ne lui rappelait pas les paysages de leur ville.

- … Hater, on est où..?

Les huit bouteilles qu’il avait vu s’additionnaient aux autres qui étaient sur la table basse près du canapé. Encore d’autres à côté du canapé. Un peu partout. Il avait du mal à en revenir.

- On était que deux, hier soir ?

Une main passait sur sa nuque pour la masser lentement, celle-ci quelque peu rigide. Probablement à cause de la position dans laquelle ils avaient dormi. Après une hésitation, il s’approchait du bord du lit pour trouver ses vêtements du regard mais… Rien. Sceptique, le rouquin se levait, les rayons du soleil embrassaient son dos, le creux de ses reins et le haut de ses fesses. Il s’avançait un peu dans l’endroit pour découvrir leur lieu de perdition. Un regard par le fenêtre et… Non..? C’était pas possible ! Il s’en approchait aussi vite que sa tête le lui permettait pour regarder en face, se tenant au bord de la fenêtre.

- Hater ! Nos vêtements ! Ils sont… Sur le toit d’en face ?

Un léger rire nerveux courait le long de sa gorge. Mais ils avaient fait quoi exactement ? Ils devaient retrouver leurs téléphones. Mais effectivement, deux pantalons, des hauts et même leurs baskets se trouvaient sur les tuiles d’un hôtel voisin. Le rouquin croisait un regard en contrebas qui détaillait son corps et se décalait de la fenêtre rapidement pour se cachef.

- On a peut-être fait des bêtises… Il riait. Pleins, de bêtises.

Sa nuque tournait vers Hater. Est-ce qu’ils avaient couché ensemble ? Il ne s’en souvenait pas. Il allait devoir trouver des indices pour ne pas être trop con.

Le rouquin n’en revenait pas. Qu’avaient-ils bien pu faire, et surtout consommer, pour en arriver là ? Il montait une main dans ses mèches et là, l’expression « avoir mal aux cheveux » prenait tout son sens. Il soupirait lentement avant de sursauter d’un bond au cri de panique.

- Quoi ?!

Son regard écarquillé se posait sur le bicolore avant de comprendre. Il portait sa main à ses lèvres et serrait son coude entre ses doigts pour s’empêcher d’exploser de rire avec trop de puissance. Ça serait très mal venu au vu de la détresse de son homologue. Mais la scène était incroyable. Il se retrouvait à pouffer un peu jusqu’à se faire examiner sans aucune gêne sous différents angles, et certains qu’il trouvait pas forcément avantageux. Le rouge lui montait aux joues alors que quelques flash difficiles remontaient à son pauvre crâne qui se faisait matraquer.

- Heu… J’sais pas… J’ai pas mal au cul donc j’ai… Fin j’me suis rien pris dedans… j’crois.

Holalala. Les joues du pauvre violoniste avaient virées sur une jolie teinte coquelicot. Peut-être que le réveil était trop brutal. Mais étonnamment, il se sentait bien entre ses bras. Comme s’il se trouvait à sa place. Il n’y avait pas ce malaise imputable à leur nudité. Bien qu’il n’était pas des plus confortable par sa tenue d’Adam. Il inspirait doucement. Pudique ? Timide plutôt, parce que le soleil était bien haut dans le ciel et que ce n’était pas la même ambiance qu’une lumière tamisée.

- Et toi ?

Sa voix était plus douce, la caresse d’un murmure. Ses doigts se posait sur la nuque du bicolore pour la caresser de leur pulpe il ne cherchait pas à se défaire de sa prise. Sa cambrure offrant une chute délicieuse du creux de ses reins pour se terminer sur un fessier rehaussé. Il tournait la tête vers Hater et dans son champ de vision, ça buguait.

- … Hater… On est pas tout seuls…

Son murmure était encore plus faible que le précédent. Comme une pointe de suspens. Il pointait du doigt un coin de la chambre avant de se mettre à rire. Là-bas, installée confortablement, la peluche d’un nounours énorme avait le regard posé sur eux. Elle était d’un beau brun et même en un seul regard, ça se sentait qu’elle était vraiment super douce. Le rouquin ne cessait de caresser son complice de crime, secouant lentement la tête en riant. Peut-être un peu dépité mais surtout très amusé d’eux.

- T’as une idée de c’qu’on a pu foutre ?

Ça l’avait quand même rassuré de découvrir cette absence de tatouage ou barre en métal non désirée sur son corps. Bien que quelque chose lui disait qu’il n’était pas à l’abris des surprises avec le bicolore. Trop, beaucoup trop, d’alcool. Ou d’autres choses en plus. S’il retrouvait son téléphone, il avait peur des messages ou photos qu’il pourrait retrouver dessus.

En dehors de toutes ces anomalies sur leurs aventures, son palpitant avait changé. Il s’était un peu accéléré, tout comme son souffle à cette proximité. Il sentait contre lui qu’Hater n’était plus ce type gringalet mais qu’il avait prit en masse. Pas qu’il était vraiment gringalet, mais par rapport à maintenant… C’était devenu un homme, voilà. Ses yeux noisettes se reposaient sur son visage puis ses lèvres. Il l’avait embrassé ? Il en avait l’impression. En tout cas son désir de fondre sur ces lèvres n’était pas qu’un fantasme. Il savait qu’il connaissait la manière qu’il avait d’embrasser.

- Tu t’souviens de quoi d’hier ?

Les mots crus, bien que son expression tentait de rester assez calme, faisaient palpiter plus vite son cœur. Il se retenait de rire bêtement alors que son sourire restait tranquillement sur ses lèvres. C’était une façon assez bien éduquée de dire qu’ils n’avaient pas couché ensemble. Soit. La chaleur l’abandonnait et le rouquin croisait les bras sur son ventre en suivant des yeux son complice de crime. Hmm… Il aurait bien aimé qu’il reste encore un peu contre lui visiblement. Mais les découvertes que cachaient la chambre d’hôtel étaient bien plus préoccupantes, à juste raison. Il s’approchait de la table basse pour constater l’état de leurs dégâts. De la poudre, des cachets bien connus, de l’herbe, d’autres substances qu’il connaissait également. Une chose était sûre : il savait combien tout ça coûtait. La deuxième : c’était le genre de consommation qu’il pouvait avoir donc peu de chances qu’ils se soient trompés de chambre. La troisième : il allait manger des pâtes jusqu’à la fin de l’année.

- Wow… Soufflait-il, presque plus impressionné que choqué. A un certain stade, l’étape du choc était dépassée.

Même lui ne pensait pas un jour avoir un si gros black out. Il se grattait légèrement la nuque en essayant de se concentrer et de rassembler les morceaux du puzzle éparpillés, bien que son lobe frontal qui vibrait à la manière d’une bombe prête à exploser n’aidait en rien. Ils étaient mal. Son regard suivait les gestes et lentement, sans chercher à le brusquer, le violoniste s’agenouillait près de Hater. Il glissait sa main sur sa joue pour la caresser avec délicatesse, voyant bien la détresse de son partenaire. Sur sa tête à lui, c’était une expression rassurante avec une voix douce pour l’aider à s’apaiser.

- Hey. Ça va aller ok ? On va comprendre c’qui c’est passé. T’en fais pas.

Avec une certaine tendresse naturelle, il embrassait le front de son non amant puis se redressait. Ses muscles étaient douloureux aussi, ils s’étaient amusés à courir à travers plusieurs villes et à faire du sport de malade hier soir ? En tout cas il en avait l’impression. Les choses dans son esprits essayaient d’être claires. Il prenait la main de Hater pour l’aider à se relever.

- Va prendre une douche, ça te fera du bien. Réfléchi pas trop pour l’instant. Juste, douche toi. Profite de l’eau chaude, okay ?

Il l’emmenait jusqu’à la salle de bain et le mettait sous la douche. Trouver leurs portables allait aider à beaucoup de choses, en espérant qu’ils se soient filmé ou qu’ils aient appelé quelqu’un pour avoir des informations sur leurs actions. Retournant dans la chambre, il passait ses doigts sur la grosse peluche jusqu’à ce que son attention soit attrapée par une vibration intense. Un téléphone. Il se mettait à fouiller rapidement, soulevant les oreillers, tirant la couette dans de grands gestes. L’agitation et le bordel de l’appartement n’aidaient pas à trouver un si petit objet.

Finalement, c’était à quatre pattes sous un meuble qu’il trouvait le portable. Il posait ses fesses sur ses pieds et clignait lentement des yeux.

+555 765 000

Hm. Il plissait un peu le nez et raccrochait. Il déverrouillait l’appareil et allait dans ses photos. Quelques râles lui échappaient aussi en constatant que l’appareil était collant. Le rouquin ouvrait son application et se stoppait un peu. Beaucoup de photos. De vidéos. Ça commençait par du sage, des verres, des photos d’eux en train de fumer. Un petit rire coulait de ses lèvres, ils avaient l’air de s’être bien amusé. Puis… ha ? Il zoomait la photo et ouvrait grand les yeux. Sa nuque tournait rapidement sur la salle de bain où le photographié était encore. Il recollait son nez dessus.
Hater. Enlevant peu à peu ses vêtements. Semblant en plein mouvement. Un geste de glissement vers la gauche, puis une vidéo s’activait. Il baissait rapidement le son et ses sourcils se levaient plus haut. Le bicolore en plein stipe tease, à bouger avec la musique. Le dos du rouquin s’appuyait sur le matelas alors qu’il observait en détail la chose. Les rires fusaient de son portable. Il soupirait, amusé.

- J’crois qu’on a abusé Haty…

Il tendait le bras pour attraper une clope et l’allumoir après l’avoir glissé entre ses lèvres en continuant de découvrir le contenu de son appareil. Arme du crime.

+555 765 000

Il raccrochait de nouveau. Puis la vidéo d’après s’activait. Bien plus flou. Beaucoup de beige. Il fronçait un peu les sourcils en essayant de comprendre ce que c’était. Puis il entendait des bruits. Encore les vibration d’un coup.

+555 765 000

- Rah mais ! Il décrochait. Oui ?

- Mark ?

Il tournait le nez vers son écran puis le recollait à son oreille en se frottant le visage.

- Nan. C’est Jace. Vous êtes qui ?

- Haaaaa ! Les deux p’tits rigolos ! Alors, ça va la tête ? J’t’avais dit que la langue du diable était brutale !

- La langue du..? Attends, t’étais avec nous hier ?

- Ha bah ça ! Oui que j’y étais ! Aller, rejoignez nous, on est au Palace, on fait un brunch. On vous attend !

Bip. Bip. Bip.

Clignant lentement des yeux, la vidéo qu’il regardait s’activait et là, il entendait ses propres gémissements. Le son avait été augmenté pour l’appel. Il écarquillait les yeux et d’un coup, ne savait plus comment couper le son. On entendant, de manière bien distincte « Han… Hater… Hm… » et des bruits de bouche.

Le bruit de ses propres gémissements avait fait vire aux rouge la teinte pâle de ses joues. Jace essayait de dompter l’appareil, avant que son cœur ne cesse de battre à la voix de son complice. D’un coup, il verrouillait l’écran et balançait son téléphone de l’autre côté de la pièce, comme si c’était une bombe -ou discret de faire ça.

- Y’a rien à voir !

S’exclamait un peu trop brutalement le coupable.
La suite lui faisait hausser les sourcils et étouffer difficilement un rire dans sa gorge. Toute cette situation le mettait peut-être un peu sur les nerfs. Peut-être. Un peu. Et lui qui était encore complètement nu. Il profitait de la chute pour tirer la couette sur ses jambes, détaillant ses réactions.

- Ça va ?

Pas sûr.
L’objet volait et à la manière d’un pigeon se prenant une balle, explosait en plein vol. La pluie de billet laissait le rouquin bouchée bée.

De… L’argent ?

Son cœur semblait cesser de battre. Son cerveau se mettait sur pause et d’un coup, un million de scénarios se dessinaient dans son esprit :
a : Ils avaient volé un cartel de drogue et allaient être pourchassés.
b : Le strip tease de Hater leur avait fait gagné un max de thune.
c : Ils avaient joué au poker ou gagné au loto.
d : Ils étaient dans la merde.

« d », étonnamment, était en tête.

Le souffle lui revenait soudain et il s’affalait un peu contre le cadran du lit. Il entendait son cœur battre dans ses tempes.

- J’ai failli faire une attaque ! Mais comment ça s’est retrouvé ici ?

Sauf que l’autre le contrait avant. Le regard du violoniste se détournait soudainement, ses pommettes devenant d’un coup de nouveau très chaude. Il secouait la tête un peu vivement.

- Heu. On est invités à aller manger au Palace. Un mec, j’sais pas qui. Il nous a appelé les deux rigolos. Je pense qu’on a fait la soirée avec lui et d’autres personnes. Ils sauront peut-être nous aider tu penses pas ?

Totalement dans l’évitement des gémissements, Jace était bien content d’avoir balancé son appareil au loin.

- On devrait trouver une solution pour nos fringues, ça sera pas possible de sortir discrètement sinon.

Léger rire nerveux. Le français avait envie de se regarder sous toutes les coutures pour voir s’il n’avait pas des suçons ou ce genre d’indices. Sa tête était encore lourde d’ailleurs, ça ne lui ferait pas de mal de se laver. Tous les relents de la veille n’étant pas si loin que ça.

Trois coups secs résonnaient contre la porte. Le jeune homme tournait la tête vers celle-ci, appréhendant la suite des événements.

- C’est le service de chambre.

Froncement de sourcils, Jace regardait Hater et lui soufflait.

- J’ai rien commandé.

Ça frappait de nouveau à la porte. L’heure de rendre la chambre était probablement arrivée ? Il ne savait pas vraiment. Son coude s’appuyait contre le matelas.

- Votre carte n’est pas passée. Vous devez vous rendre à l’accueil pour régler les frais.

Une déglutition pénible coulait le long de sa gorge. Une nuit ici ça devait aller dans les combien ? 200 ou 400 balles ? Ça allait faire un trou dans son budget. Et son porte feuille, il était où ?

- J’vais aller leur parler…

Se relevant, il attrapait un tissu pour se couvrir les hanches. Avec hésitation, celui à la chevelure de feu ouvrait la porte pour regarder la personne de l’autre côté.

- Bonjour, je vais venir régler ça. Juste, serait-il possible de… Heum… Récupérer nos vêtements qui sont sur le toit… D’en face ?

Sourire gêné. L’homme qui lui faisait face clignait lentement des yeux. Comme s’il n’en revenait pas.

- Pardon ? Ai-je bien compris ?

Un rire plus que gêné fuyait des lèvres du petit français.

- La soirée à été animée et mon porte feuille est dans mon jean…

La personne travaillant dans l’hôtel hochait lentement la tête et s’en allait. Presque sonnée par la demande inhabituelle de sa clientèle. Le rouquin soupirait en fermant la porte. Il appuyait son dos contre celle ci et passait ses doigts dans ses propres mèches.

- Ça de presque réglé…

Appuyé contre la porte, les doigts du rouquin montaient dans ses mèches pour les rejeter en arrière. Un long soupire s’échappait de ses lèvres. Il lui fallait deux minutes. Juste deux. Le temps d’essayer de remettre les choses en place. De réorganiser ses pensées pour réussir à trouver un fil conducteur. Y’avait toutes ces vidéos dans son téléphone, puis la drogue qui trainait un peu partout dans la chambre. Pas de doute, ils s’étaient pris pour des gens riches hier soir.

Une pause. Juste une pause. Rien que quelques instants de plus.

Qui n’arrivait pas. Le rideau de peau qui couvrait ses jolies mirettes se soulevait à la question de son complice de crime. Il lui fallait un moment pour les informations remontent jusqu’à son cerveau.

- Un chien ? Non je-

Déjà, Hater allait chercher de quoi manger et là il la voyait. Cette petite truffe aux grands yeux luisants. Le violoniste restait un moment sur pause avant d’exploser de rire. Un fou rire qui lui faisait se tenir le ventre alors qu’il se laissait glisser au sol. Il avait complètement perdu les pédales, voilà la réalité de la chose. Mais une fois l’animal un peu plus en avant, le français se calmait pour se redresser et s’approchait. Faisant preuve de plus calme que précédemment afin de ne pas effrayer le petit être.

- Pauvre p’tit père. T’sais pas c’qu’on a foutu toi ?

Le criminel se laissait glisser au sol et attrapait la grosse tête entre ses doigts. Il caressait les poils tous doux alors qu’il sourire plus calme naissait sur ses lèvres.

- T’es beaucoup trop mignon. On t’as volé à qui dis moi ? Hein ? On va avoir des gros soucis ?

Son regard se posait sur Hater. C’était beaucoup trop informations pour une seule matinée. Il collait sa tête contre celle du chien, faisant un grand sourire.

- On peut le garder ?

L’être aux cernes marqués riait alors que le chien commençait à vouloir lécher son nouveau meilleur ami. D’ailleurs sa queue se mettait à remuer et il se tournait pour lécher Hater à son tour. Donnant un coup de cul à Jace au passage qui l’affalait sur le sol. Le rouquin grommelait un peu en se retrouvant en étoile de mer à terre. Il posait son coude au sol et son menton au creux de sa main. Pensif, alors que ses billes fatiguées détaillaient les deux autres cœurs battant dans la chambre.

- J’suis quasi sûr que c’est pas autorisé. On est mal barrés. Mais comment on a pu le faire entrer d’abord ? Et discrètement en plus.

Parce que ça signifiait que la garde à l’entrée en pleine nuit n’était pas particulièrement assurée. N’empêche qu’ils avaient de la chance que le gros toutou soit très gentil et tout mignon. Jace tendait la main pour caresser le chien mais se figeait un instant.

Un anneau.

Un anneau sur son annulaire.

Un anneau sur son annulaire gauche.

Gauche.

Il clignait lentement des yeux. Très lentement. Sa nuque se pliait en arrière pour que sa tête se lève et que son regard ne tombe sur ce garçon à la chevelure bicolore.

- Hater… Hater dis moi que tu te souviens de ce qu’on a fait hier soir. S’il te plaît.

Sa main était toujours levée. Bien visible pour son ami. Pardon.

BIEN VISIBLE POUR SON MARI.

Bien qu’en tripe totale sur sa main, Jace n’avait pas lâché le chien qui était toujours blottit tout contre son torse et qui remuait la queue bien sagement. Est-ce qu’ils avaient vraiment fait ça ? Dans quelle comédie ils étaient tombés ? Il devait y avoir des caméras quelque part qui allait éclairer leurs lanternes ! Ou des photos sur lesquelles il n’était pas encore tombé ? C’était plus que nécessaire à ce stade là ! Respirant profondément, le regard du rouquin se posait sur… comment ça, pas son mari ? Hater n’avait pas de bague ? Perdu ? Envolée ? Le violoniste se glissait sur les genoux alors que son regard tombait sur le dos puis descendait lentement sur les fesses du bicolore. Holala… cette vue… Une sensation de chaleur faisait hérisser les duvet présent sur la nuque du mateur. Les souvenirs n’étaient pas là, mais Dieu qu’il avait envie de plaquer ses lèvres contre les siennes et de se rouler dans le lit en entremêlant leurs jambes et en- STOP ! Inspire. Terminé les fantasmes !

Son souffle se bloquait un peu. Et si ce n’était pas avec lui qu’il s’était marié ? Si y’avait un inconnu en plus dans l’équation ? Et puis s’il ne s’agissait pas d’une vraie bague de mariage mais d’une blague idiotie qu’il avait fait dans la nuit et qui avait duré toute la soirée ? Sauf que quand il regardait son annuaire, ça ne ressemblait en rien à une blague. Ho ! Il venait de retrouver l’objet. Les pommettes du rouquin avaient de légères taches roses. C’est que c’était beaucoup d’émotions là. Ils n’avaient même pas bu un café ni fumé une clope. Honteux.

- Ouais…

Se dépliant finalement, Jace s’approchait de Hater, le pas flottant presque sur le sol.

- Hé, Hater ?

Qu’il prononçait pour attirer l’attention de son partenaire tout en tapotant sur son épaule. Quand le visage de l’autre se tournait vers lui, le français passait sa main sur la nuque de son homologue et s’approchait de lui pour sceller leurs lèvres. Ses yeux se fermaient alors qu’il sentait son propre palpitant se mettre à hurler comme un sourd. Avec une douceur presque chaste, il interrompait le baiser, se mordillant la lèvre inférieure sous cette presque innocente indécence.

- Désolé. J’en ai envie d’puis que j’suis réveillé.

Le regard clair du rouquin avait une douceur assez étonnante, mais peut-être qu’elle renfermait en elle l’un des sept péchés capitaux. Sauf que leur proximité le rendait presque fébrile. Il se détachait de lui pour l’aider à ranger toutes leurs conneries. Une chose était sûre, le fait d’avoir goûté ses lèvres maintenant lui confirmait qu’il avait passé la nuit à l’embrasser. D’ailleurs, pourquoi ils portaient tous les deux la vague au lieu de l’enlever ? Et puis pourquoi y’avait une bouteille de rosé au pamplemousse ?

Se faire rattraper comme ça pour entamer un nouveau baiser… Hmmm… Ça chauffait l’entièreté du corps du violoniste. Il avait l’impression d’être dans l’un de ces films remplis de passion. Ses doigts élancés se glissaient sur les hanches du bicolore afin de s’imprégner un peu plus de sa présence. Son souffle était plus rapide, avide de cette présence dont il avait déjà tant abusé toute la nuit. Mais il en fallait encore. Toujours plus. C’était vital, comme l’oxygène et le glucose pour le bon fonctionnement de ses encéphales.

Son dos rencontrait le matelas alors que ses lèvres n’avaient pas quitté un seul instant celles de son partenaire. Son complice. Son.. mari. Haha. Détail qui serait vu plus tard, ils avaient le temps.

- Haaa ! Arrête ! C’est traitre ça, j’suis faible !

Plus bas, ça laissait échapper une jouissance coincée entre ses chaires par la contraction abdominale. Il soupirait amusé et observait son amant rire. Tendant le bras, Jace caressait délicatement la joue de Hater, n’étant pas gêné de leur nudité. Au contraire, il aimerait rester lové dans ses bras pendant des heureux encore. Ses pupilles trahissaient l’état de bien être dans lequel il se trouvait à cet instant.

- J’adore t’entendre et te voir rire…

Nouant leurs doigts, il tirait sur sa main pour le faire s’allonger avec lui et revenait l’embrasser. Qu’est-ce que ça lui faisait du bien. Son cœur meurtri se remettait à battre. Le violoniste passait ses doigts sur sa nuque pour profiter de la chaleur de cette étreinte encore un peu. Il se mordillait finalement la lèvre inférieure.

- J’veux encore rester au lit avec toi mais j’dois trop prendre une douche là…

Son rire aussi était franc. Bien moins rare. Il déposait une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes et se redressait, offrant une vue indéniable sur son fessier à son partenaire. Amusé, il tournait la tête vers lui.

- Quelle lune de miel ~

Mutin, Jace allait dans la salle de bain et allumait l’eau. Il décidait par la même occasion de fouiller dans les tiroirs. Aucune idée de comment ils avaient réussi à foutre autant le bazar en si peu de temps. Il y avait du talent à ce stade.

Pendant ce temps, ça venait frapper à la porte de la chambre.