Trash day

La journée a été agitée, autant que la nuit. T’es sorti, t’es drogué un peu trop, tu profites de l’instant mais tout te dépasse, commencent les crises d’angoisse. C’est un putain de mauvais rêve. On te colle dans un taxi et on te récupère une fois chez toi. Lucidité soudaine, depuis quand il y a quelqu’un pour t’attendre ? T’as la tête qui tourne, des relents d’alcool et de cachets qui refont surface.

Tu t’éveilles les membres entremêlés à ceux d’un corps trop familier. Les derniers mois sont comme un brouillard, épaisse chape t'empêchant d’entrevoir la réalité, tu t’es trop mis la tête à l’envers et t’as pas réalisé.

Tu t’affaires à remplir cartons et valises, dégager la gangrène qui s’est étendue dans ton appartement sans que tu le réalises. C’est la simple histoire d’un coup occasionnel qui s’immisce chez toi tel un parasite, c’est pas la première, ce ne sera certainement pas la dernière. Un scandale de plus qui fera plaisir aux paparazzis, c’est lassant.

Tu finis par ne vivre qu’au rythme de leurs flashs pour irriter un fantôme qui n’en a que faire.

Tu soupires, éventrant les cartons par la fenêtre d’où l’intrus beugle excuses et suppliques. Tu n’écoutes même plus, t’as les tempes qui tambourinent et une terrible envie de café. Mais plus encore, tu ressens de l’empressement à l’idée de purger ton appartement d’une vie de couple non désirée.

T’as la gerbe et le cœur en berne.

Valises et fringues de marque volent sur le trottoir, se déchirent le long des branches d'arbre, cadeaux couteux offerts au fil du temps, simple excuse pour faire griller la carte bancaire. Il scande quelques mots rageurs.

- Tu fais une belle salope !

Tu serres les dents, reviens vers le balcon pour te saisir de la rambarde.

- Mais certainement pas la tienne !

Tu lui fais un doigt, retombant dos à la parois laissant quelques larmes perler dans tes yeux, te recroquevillant sur toi-même. Tu n’es rien d’autre qu’un objet alors pourquoi tu pleures ? Tu poses tes doigts sur la pluie qui s’échappe de tes yeux avant de laisser échapper un rire amer. T’as la rage et personne à qui en parler. Tu te redresses observes la silhouette ramasser ses biens et tu souffles du nez.

Tu reviens avec un carton de sextoys que tu lui renverses sur la tête satisfait.

- T’as oublié ça !  

Tu ricanes, c’était gratuit, mais t’as la rage et voir le visage des passants est un délire. Tu restes appuyé sur le balcon, observant la scène dont tu es à l’origine, jusqu’à entrevoir une tignasse rouge familière. Tu te penches sur le balcon.

- HEY ! BOUGE PAS TOI !  

Tu dévales les escaliers, ouvres la porte prêt à lui bondir dessus mais une main te retient.

Un sourire complaisant à en filer la gerbe, une poigne trop forte.

- Je savais que tu reviendrais à la raison… - Tu frémis de dégoût alors que ses lèvres s’approchent de ton oreille. - Tu n’es rien sans moi.

Tu grimaces et repousses son visage à l’odeur de clope refroidie et de vodka mal digérée.

- Nylian !  

T’essaies de te défaire de la prise qui se raffermit. T’étais plus en sécurité du haut de ta tour d’ivoire. Ça n'a même pas l’air d’être lui. T’as pas réfléchi, t’as le sang chaud et t’as une explication à avoir avec le concerné aussi. Tu te dissipes et te retrouves dans de beaux draps. Ton “ex” autoproclamé grogne.

- Sérieusement, tu me dégages pour un autre connard ?

Tu viens lui mordre le bras.

- Pas ma faute si t’as un micropénis !  

Tu attaques là où tu peux, tu sais même plus quoi dire. Il resserre sa prise et tu fermes instinctivement les yeux te disant que cette fois tu vas t’en prendre une.