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C O N T R A S T E
BL | slide of life | 200x400
LIFELAM...Quel nom étrange pour une ville occidentale ! Nous sommes nous trompés d'endroit ? Mon GPS a-t-il un problème ? Détrompez-vous, vous êtes exactement là où vous souhaitez être... Gare où vous mettez les pieds et avec qui vous vous liez d'amitié. Votre existence sur cette île pourrait être lumineuse et heureuse comme beaucoup plus sombre et dramatique..."
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Dim 7 Jan - 13:08
Le ciel était sombre et les températures glaciales. Les vêtements qui recouvraient Lorenzo ne lui tenaient pas bien chaud, mais il avait pris l'habitude de faire face aux caprices de la météo et avait même appris à apprécier le froid. Il passait le plus clair de son temps à travailler, son corps avait l'habitude d'être souvent chauffé par l'effort et l'air de l'hiver lui faisait le plus grand bien lorsqu'il devait s'occuper des terres de ses employeurs.

- Eh, petit ! Viens par-là une minute.

Lorenzo releva la tête de sa hache et lança un regard intrigué au vieux paysan qui l'avait embauché quelques semaines plus tôt. Il planta la lame dans la souche qui lui servait d'établi et se dirigea d'un pas tranquille vers le vieil homme.

- Les bêtes de Marston ont encore traversé le ruisseau. Il a besoin d'un coup de main pour les rentrer. Va en ville chercher de la main d'oeuvre et retrouve-le directement à sa ferme.
- Oui m'sieur.
- Et rentre avant la tombée du jour, je veux que tu me rentre ce bois-là avant la nuit.
- Oui m'sieur.

Lorenzo n'était pas de ceux qui défiaient l'autorité. Il n'avait pas les moyens de se permettre pareille audace. Et puis, il n'avait pas grand chose de mieux à faire que travailler, de toute façon. C'était son fonctionnement depuis qu'il avait quitté sa famille et cette vie lui convenait amplement ainsi. Il quitta donc la ferme pour rejoindre les quais. Il n'en n'était pas très loin, et c'était probablement là qu'il était le plus susceptible de trouver quelqu'un pour l'aider à rapatrier un troupeau de vaches en vadrouille. Sur les quais il pourraient aisément rencontrer des voyageurs tout juste arrivés, qu'il pourrait convaincre de venir l'aider contre quelques sous.
Les rives du bras de mer étaient bondées, faisant probablement suite à l'arrivée récente d'un nouveau navire. Il observa les déambulations des inconnus, analysant les allées et venues pour faire son choix parmi ses semblables. Il repéra quelques gros bras, mais après réflexion leurs gabarits ne les aideraient pas à gérer des bêtes en mouvement. Finalement, après avoir observé le bas-peuple pendant un certain temps, il jeta son dévolu sur un petit mec à l'air agile. Il était trop petit pour être lent, et trop maigre pour refuser un boulot.
Lorenzo s'approcha donc du gamin d'un pas tranquille, le dominant par sa taille bien avant d'arriver près de lui. Quel âge pouvait-il avoir ? Douze ? Peut-être treize ans ? C'était largement suffisant pour l'accompagner. Il était bien assez âgé pour comprendre la tâche et serait sûrement suffisamment dégourdi pour s'en sortir sans mal.

- Eh, tu cherche du boulot ? Il y a un fermier à quelques kilomètres, qui a besoin d'un coup de main. Il te paiera.

C'était peut-être un mensonge : son propre employeur n'avait pas parlé de salaire lorsqu'il lui avait confié cette mission. Mais a semblait logique pour Enzo d'être payé, et s'il devait au final impressionner un peu le vieux pour obtenir quelques pièces, il n'hésiterait pas longtemps. Personne ne travaillait gratuitement, ici. Il ne serait certainement pas le premier.
Anonymous
Invité
Invité
Dim 7 Jan - 14:44
Cela faisait quelques semaines que Kyle était entré au service du seigneur Lasri. La vie n’était pas de tout repos, mais il s’y faisait. Une fois le travail du jour effectué, il avait obtenu d’Amir la permission d’une escapade en ville. C’était la première fois qu’il pouvait y s’y rendre, et l’excitation coulait dans ses veines, réchauffait son corps malgré la température peu clémente. Remontant sa pèlerine pour couvrir son cou, le jeune homme s’élança sur la route, bravant le vent hivernal.
Par où allait-il commencer sa visite de la ville ? Kyle n’en savait trop rien. Il laissa ses pas le guider, remontant progressivement la route qu’il avait empruntée quelques semaines plus tôt, à la suite des hommes d’Asar.
 
C’est ainsi que Kyle se retrouva sur les quais, là où tout avait commencé. S’installant à l’écart, Kyle grimpa sur un assemblage de caisses un peu branlant, prenant de la hauteur. Il observa avec intérêt le déchargement d’un bateau, les allées et venues des marins, réfléchissant à la prochaine étape de son périple à travers la ville. Il ne devait pas se perdre s’il voulait être rentré au soir, comme promis à Amir.
 
Une ruelle assez large pour permettre le passage des charrettes finit par attirer son attention. C’était dans cette direction que le gros des marchandises était évacué. Il devait bien y avoir quelque chose d’intéressant à les suivre. Glissant de l’amoncellement de caisses, Kyle se fraya, lentement mais surement, un chemin vers la ruelle qu’il avait repéré. Il n’avait pas fait quelques pas, qu’une silhouette venant vers lui, attira son attention.
 
- Eh, tu cherches du boulot ? Il y a un fermier à quelques kilomètres, qui a besoin d'un coup de main. Il te paiera.
 
Kyle pencha discrètement la tête sur le côté. Était-ce à lui que s’adressait l’homme ? Une fois assuré que le regard du rouquin le désignait bien comme son interlocuteur, le brun prit le temps de la réflexion. Du boulot ? Est-ce qu’il en cherchait vraiment ? Non. Mais avait-il de la monnaie sonnante et trébuchante ? Pas encore.
 
- Ma foué, c’est que … j’pourrais t’y p’t être aider. C’était quoi l’travail ?
 
On ne change pas l’entièreté d’un patois en quelques semaines. Kyle avait beau faire des efforts, il y avait toujours une trace de ses longues années de pratique dans ses paroles. Pour s’éviter les réprimandes, il avait ainsi tendance à éviter de parler en présence des autres domestiques de son maître.
La question posée, Kyle leva son regard dans celui de son interlocuteur, dans l’expectative.
Anonymous
Invité
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Ven 9 Fév - 13:33
L'hiver était une saison mortelle. Beaucoup de paysans tombaient malades et se retrouvaient incapables de maintenir leurs terres dans un état décent. Enzo avait vu mourir beaucoup de gens au fil de son errance et il avait perdu autant de job, laissant toujours derrière lui des femmes éplorées et des orphelins. Il ne s'attachait jamais à ceux qui l'employaient, il était trop occupé à se préoccuper de sa survie pour perdre son temps en amitiés futiles.
Enzo pensa un instant à ce vieux barbu, voisin de son employeur actuel. Il était bien plus âgé que la plupart des hommes chez qui le jeune homme avait pu travailler et s'il y réfléchissait vraiment, il était presque sûr de l'avoir déjà vu tousser à en cracher ses poumons, à plusieurs reprises. Serait-il encore en vie à la fin de la journée ? Il avait intérêt : Enzo ne partirait pas sans se faire payer. Et s'il devait arracher les pièces des mains d'une femme ou d'un gosse endeuillé, il le ferait. Rien n'importait davantage que de pouvoir vivre un jour de plus dans ce foutu monde.

- Ouah, tu parle super mal. T'es pas du coin, toi, non ? Ou c'est moi, va savoir.

Ouais, c'était peut-être juste lui, qui n'était pas encore habitué à l'accent du secteur. Il ne sortait que peu de la ferme où il travaillait et il parlait rarement aux gens. Peut-être que son employeur était un étranger ou un nouvel arrivant sur ses terres ? Enzo ne s'était pas renseigné sur le passé du vieil homme, se contentant d'accepter louer ses bras et ses forces pour passer la saison froide à l'abris de la mort.

- Le troupeau de Marston a pété une clôture  de son champ. Il faut les rapatrier dedans et réparer la brèche. Y'a rien de compliqué. Toi, t'aura qu'à marcher où je te dirai. Les vaches suivront ton mouvement, elles sont habituées à être guidées. T'as pas peur des vaches ?

C'était une question rhétorique : il lui semblait évident qu'un gosse qui trainait les rues ne devait pas avoir peur de grand-chose et encore moins de simples vaches. Après tout, ces animaux étaient placides et dociles. Et puis Enzo avait déjà vu ce troupeau, les animaux n'étaient pas bien énergiques et ne poseraient aucun problème. Il n'avait pas besoin d'un type avec des gros bras, il suffisait de quelqu'un d'assez dégourdi pour suivre ses consignes et tout se passerait bien. La brèche ne devait pas être trop importante, sinon les vaches auraient déjà parcouru plus de terrain qu'un simple bras de ruisseau.
Enzo fourra ses mains dans ses poches et sans attendre la réponse du gamin, s'éloigna de quelques pas en quittant la ruelle. Il observait partout autour de lui, analysant les gens et leurs déplacements. Il était toujours plus ou moins sur le qui-vive, prêt à réagir à la moindre information que son cerveau capterait dans l'environnement. C'était ça, aussi, survivre : pouvoir s'adapter aux situations et anticiper ce qui risquait de se produire autour de lui.

- Alors, tu viens ?

Il n'y avait pas de temps à perdre : plus vite ils prendraient la route, plus tôt ils auraient fini leur boulot. Pas qu'Enzo pusse être impatient de n'avoir plus rien à faire, simplement il n'avait aucune envie de se retrouver à la tombée de la nuit avec un troupeau de vaches dont il ne pourrait plus compter les têtes. S'il manquait des bêtes à la traite le lendemain, pour sûr que ça lui retomberait dessus.
Anonymous
Invité
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Dim 11 Fév - 22:04
À la question posée, le rouquin répond rapidement, arrachant un rougissement à Kyle. Peut-être que le froid qui rougit déjà ses joues le dissimulera. Peut-être pas. Il sait qu’il parle « mal ». Enfin « mal » … pour les gens de cette île étrange. En fait, ce sont eux qui parlent bizarrement … mais comme il est l’étranger ici, c’est lui qui parle mal. Il peut comprendre, c’est lui qui arrive ici, c’est à lui de s’adapter. Pour autant, de là à dire qu’il parle mal … Mais l’homme en face de lui ne s’en formalise pas plus que ça et lui expose le travail. Raccompagner des vaches échappées dans un champ, refaire une barrière. Rien de bien compliqué en tout cas.

- Non, j’vions pas peur d’les vaches.

Pas peur, non. Pas l’habitude par contre, ça oui. S’il lui arrivait de s’occuper des deux ou trois équidés de son seigneur : une mule, un âne et un cheval de selle, il n’avait jamais trop approché les troupeaux qui paissaient autour du domaine, et il n’en avait pas vu sur l’île. Son nouveau maître n’en avait pas non plus. Ou alors, il n’était pas au courant et il n’était pas dans ses attributions de s’en occuper. Mais l’homme face à lui semblait savoir quoi faire pour rentrer le troupeau. Peut-être avait-il juste besoin d’un peu d’aide. Alors il acquiesce à la proposition de travail. Après tout, ramener quelques vaches, ça ne doit pas être bien compliqué. Les vachers sont bien souvent des enfants, alors il devrait y arriver.

- J’t’suivions ! j’con’sions pas l’Marston. Y a t’y b’coup d’bêtes ?

Et le jeune homme d’emboiter le pas au rouquin, quittant les quais pour gagner la périphérie de la ville. Son pas est vif, souple et léger, et il en profite pour observer l’environnement. Pour une première sortie en ville, il n’allait pas y rester fort longtemps. Raté pour découvrir les environs et les charmes de la ville… Mais qu’importait, l’idée d’un peu de travail ne lui déplaisait pas. Cela lui changerai du métier de domestique. Et puis, il serait toujours temps de revenir plus tard en ville pour en découvrir les merveilles, faire d’autres rencontres, bonnes ou mauvaises.
Anonymous
Invité
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Mar 13 Fév - 20:36
Bon sang, c'était un calvaire, ce langage. C'était à peine si Enzo comprenait ce que l'autre lui racontait. Heureusement qu'ils n'avaient pas besoin d'apprendre à se connaître, parce que le jeune ouvrier n'aurait certainement pas la patience de chercher à traduire tous leurs échanges en direct. Il n'était naturellement pas doué pour se faire des amis, alors s'il fallait carrément se transformer en traducteur, Enzo baissait les bras d'avance.
Par chance il devinait que le gosse n'était pas inquiété de s'occuper d'un troupeau avec lui. Il n'avait pas besoin de grands discours pour imaginer que son nouvel acolyte saurait s'adapter à leur besogne et il saurait se montrer suffisamment clair pour que le gosse fasse le boulot correctement. Il avait déjà travaillé en équipe, il savait coordonner les capacités de plusieurs personnes avec les siennes pour rendre les manoeuvres plus efficaces.

Voilà que le gosse le suivait, à présent. Alors qu'Enzo s'était préoccupé quelques secondes de ce qui se tramait sur les quais, il prit conscience qu'il avait laissé son jeune inconnu entamer une conversation sans y prendre part. Enzo tourna brièvement la tête vers son partenaire tout en se remémorant rapidement ce qu'il avait entendu l'instant d'avant.

- C'est un petit troupeau. Il a seulement une quinzaine de têtes, de mémoire. Bon sang, ton accent est vraiment violent à entendre. Tu sors d'où, comme ça ?

Enzo avait pourtant voyagé durant sa vie, mais jamais il n'avait entendu pareille façon de s'exprimer. Fallait dire qu'en voyageant principalement à pieds, le jeune homme n'avait certainement pas encore fait le tour du monde. Certaines histoires parlaient d'une immensité. Enzo n'avait aucune idée de ce qui était vrai ou pas, mais il se doutait bien que le monde ne s'arrêtait pas à trois champs et une église. Il avait déjà vu bien trop d'endroits pour accepter de croire que ça pourrait s'arrêter là. Et puis, il aimait imaginer que le monde était assez grand pour voir voyager des dragons dans les airs. Vu la taille de ces bestioles, il devaient bien y avoir des milliers de kilomètres à parcourir pour qu'elles puissent ne serait-ce que se dégourdir les ailes, n'est-ce pas ?
Bientôt les rues pavées laissèrent la place à une terre battue par les roues des charrettes et les sabots des chevaux de trait. Enzo se mit d'instinct sur le côté, longeant les clôtures d'une quelconque pâture pour ne pas gêner le passage des plus imposants chargements. Les mains fourrées au chaud dans les poches de sa culotte, il tapa machinalement dans un caillou qui lui passa devant le pied. Il n'appréciait pas vraiment marcher aux côtés de quelqu'un : il ne savait jamais trop quoi dire et il n'avait pas particulièrement envie d'entamer une quelconque conversation, de toute façon. Mais il n'était pas idiot, il savait aussi que le socialement correct imposait de savoir discuter avec son prochain. L'hypocrisie faisait partie intégrante de ce monde et même s'il n'y prenait aucun plaisir, il avait appris à se tenir correctement auprès de ses semblables.

- T'as déjà travaillé dans une ferme ? Tu sais qu'ici, il y a du boulot un peu partout. Certains pourront même te loger en échange de ton travail, si tu cherche un endroit où dormir.
Anonymous
Invité
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Mer 14 Fév - 19:18
Kyle esquissa un sourire amusé en entendant la remarque du rouquin. Il haussa les épaules, sans se formaliser plus que ça du fait qu’encore une fois, on lui fait une remarque sur son accent. D’où sortait-il d’ailleurs ? Il n’en savait trop rien. Il n’aurait pas su situer avec précision le patelin perdu dans la campagne, en bordure de côte, dans lequel il avait vécu autrefois. Aurait-il eu envie d’y retourner qu’il n’aurait même pas su par où partir.

- J’viendions d’l’aut’ côté d’la mer. D’un p’tit bourg dedans d’la campagne.

Ils parlaient foncièrement la même langue, alors il ne devait pas venir de si loin que ça, non ? Certains ménestrels qui avaient pu s’arrêter chez son ancien maître avaient conté des histoires de peuplades à la langue étrangère.
Suivant le pas de l’homme qui l’avait abordé, Kyle marchait à peine à côté de lui, discrètement en retrait sur le bas-côté.  Même s’il n’y avait pas foule, ce n’était pas la peine de risquer de se faire écraser par une carriole un peu trop pressée, ou un cavalier peu regardant. Le silence ne dérangeait pas le jeune homme, pas plus que la discussion, il avait tendance à s’adapter. Présentement, il enregistrait les informations de leur itinéraire pour être sûr de pouvoir retrouver le chemin du domaine de son maître une fois son travail terminé. S’il devait arriver en retard, il ne donnait pas cher de la peau de son dos.
Le rouquin rompit finalement le silence, posant quelques questions au brun. Celui-ci prit un instant avec de répondre. Est-ce qu’il hésitait à dire la vérité ? À trouver comment la formuler ? ou bien essayait-il de formuler une phrase correcte ? Nul ne saurait le dire précisément.

- Non, j’vions jamais été dedans z’une ferme avant. J’dormions chez un l’seigneur. J’travions pou’lui et j’suis logé et nourri. C’lui qui m’avions sauvié des marins qui ‘ssayaient d’me vend’ com’ esclave.

Il esquisse un sourire. Certes, il servait toujours un seigneur. Il n’était pas très loin d’un esclave, à ceci près qu’il avait la liberté de se déplacer, d’aller en ville comme il le souhaite, une fois le travail réalisé. Il était nourri, et bien, logé, blanchi … il était somme toute bien traité. Il n’avait pas à se plaindre dans l’ensemble.

- Y toi ? Tu z’y travailles chez l’paysan ? C’fait longtemps qu’t’es du coin ?

Il esquisse un sourire, continuant à observer distraitement la voirie, écoutant la réponse de son interlocuteur. Il allait certainement encore se plaindre de son accent, mais …. Eh bien, le brun faisait des efforts pour en changer au manoir … il avait aussi le droit à ses moments de repos.
Anonymous
Invité
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Mer 14 Fév - 20:09
Pour lui-même, Enzo se dit qu'allez, il allait bien s'en remettre, de cet accent à couper au couteau. Le gamin n'avait certainement pas besoin qu'on lui rappelle à chaque phrase à quel point il était compliqué de le comprendre, et désagréable de l'entendre. Alors plutôt que faire une nouvelle remarque, l'ouvrier pencha la tête sur le côté pour mieux observer son partenaire. Le petit n'était pas bien épais. Pour avoir traversé les mers, il avait dû laisser quelques kilos sur le navire qui l'avait trainé jusque là. Surtout si c'était un marchand d'esclaves, lesquels ne se formalisaient pas d'un certain pourcentage de pertes à l'arrivée.
Enzo reporta les yeux sur ses chaussures en cuir de vache fourrées, regardant ses pieds se suivre docilement sur la chaussée. Il savait ce que c'était que d'avoir une vie difficile. Lui n'avait pas connu les fers mais il n'en n'était probablement pas passé loin : pour survivre il avait dû faire des choses qui les lui auraient fait valoir si il avait été pris. Le gosse semblait bien jeune, pourtant il n'avait pas l'air de ceux-là qui se laissaient aller à leur malchance et attendaient patiemment la pitié des passants dans les rues. Quel âge pouvait-il avoir, d'ailleurs ? Peut-être Enzo aurait-il l'envie de lui poser la question plus tard.

- Moi, je bouge beaucoup. Je travaille pour le vieux Monsieur Morgan depuis les dernières récoltes de l'automne. Je partirai probablement au printemps mais en attendant, je donne mes services à qui en a besoin, pour remplir ma bourse et dormir au chaud.

Au chaud, c'était vite dit : il dormait au-dessus des vaches. Ce n'était pas le confort d'une maison ni la chaleur d'un feu de bois, mais les vapeurs des corps chauds étaient assez efficaces pour le protéger des rudesses de l'hiver et il avait appris depuis longtemps à se contenter de peu.
Devant eux se profilait peu à peu la pâture de Marston. Enzo voyait déjà quelques têtes dépasser d'un ruisseau en contrebas. Les bêtes semblaient paisibles, profitant de pouvoir racler la neige pour atteindre l'herbe à laquelle elles n'avaient habituellement pas accès. L'ouvrier sortit ses mains de ses poches et fouilla dans sa besace pour vérifier la présence d'une pince et d'un rouleau de fil de fer : il était équipé pour réparer la clôture, ne restait qu'à rassembler les vaches et les replacer dans la bonne direction pour les raccompagner chez elles.
Enzo s'arrêta en tendant une main sur le côté pour inciter le gosse à ralentir la cadence et s'arrêter à son tour. Il continuait de regarder les bêtes mais son attention se partageait aussi avec son partenaire, pour anticiper ses mouvements.

- Tu vois la plus claire, là-bas ? Celle qui a le rimo avec la grosse cloche ? Il y a l'écusson de Marston dessus. C'est bien son troupeau.

Enzo s'éloigna de la clôture de quelques pas sans se rapprocher des bêtes. Dès qu'il serait à une distance trop réduite, elles se mettraient instinctivement en mouvement et s'il ne les poussait pas dans la bonne direction, il risquait d'aggraver la situation.

- D'abord on va les faire passer de l'autre côté du ruisseau. Après on leur fera longer la clôture jusqu'à la brèche et dès qu'elles seront toutes passées, je réparerai les barbelés. Je veux que tu traverse le chemin et que tu t'approche lentement de celle qui porte la cloche. Tu marche sans geste brusque en la contournant par la gauche, pour l'obliger à partir sur la droite. C'est compris ? Je reste là pour les empêcher de faire demi-tour.
Anonymous
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Jeu 15 Fév - 19:08
Kyle penche tranquillement la tête sur le côté, écoutant la réponse que lui offre son interlocuteur. Il suit le relief du coin de l’œil, évitant ci une branche, là une racine. Le bas-côté est loin d’être égal et s’y promener sans regarder où l’on met les pieds peut vite mener à une chute. Alors il prend le temps de poser ses pieds, d’éviter une flaque de boue ici, de choisir plutôt cette pierre là.
La réponse de l’homme lui tire un discret sourire. Il faut dire que Kyle a le sourire facile. Malgré tout ce qu’il a pu croiser, sans pour autant avoir à se plaindre vraiment de la vie qu’il a mené pour quelqu’un de son rang, il préfère garder le sourire.
Il prend un moment pour se demander s’il aurait aimé vivre ce type de vie, plutôt que celle donnée par son seigneur ? Tous deux devaient suivre des ordres. Tous deux devaient travailler pour avoir à manger. Mais au moins, lui était certain d’avoir un toit et à manger, du moment que le maître était satisfait de lui. Au fond, ils avaient tout deux la même précarité, les caprices d’un noble étant souvent tout aussi imprévisibles voir plus que ceux d’un paysan. Mais il avait une forme d’abondance que l’autre n’avait pas. Alors quel sort était plus enviable ? Que préférait-il, lui ? Avait-il d’ailleurs vraiment le choix ? Il n’était pas certain que son maître voit d’un très bon œil qu’il décide du jour en lendemain de quitter son service. Pas qu’il ait une quelconque valeur à ses yeux, mais il ne faudrait pas qu’il décide de le vendre au plus offrant pour tomber sur pire … ou qu’il le fasse abattre ?

Kyle en était là de ses réflexions quand son acolyte de l’après-midi l’arrête d’un geste. Il obtempère, se mettant à l’affut du moindre mouvement, revenant dans l’instant présent. Les vaches ne devaient pas être loin. En effet, le rouquin les lui désigne, grosses masses sombres au loin.
La tête légèrement penchée sur le côté, attentif, il écoute les consignes que lui donne l’homme. Il a l’air de savoir quoi faire, comment faire. Il hoche finalement la tête. Il a bien compris.

- C’t’y clair.

Lentement, gardant à l’œil la vache que lui a indiquée l’homme, il traverse le chemin. Pas de geste brusque. Une démarche lente. Bien qu’il ait les yeux rivés sur sa cible, il fait tout de même attention aux obstacles qui jonchent le sol. Il progresse lentement, très lentement, peut être trop. Doucement, il contourne la vache par la gauche. Le gros animal placide lève bientôt la tête vers lui. Avisant qu’il se rapproche, elle s’éloigne, comme le lui dicte l’instinct de proie qui l’anime. Chaque lourd pas fait tinter la cloche à son cou. Bientôt, le troupeau échappé se met en marche, suivant plus ou moins calmement la vache à la cloche.
Kyle n’est pas bien certain d’avoir vu l’endroit où la barrière avait été abimée, mais il faisait confiance au rouquin pour guider le troupeau dans le bon sens. Il se contentait donc de pousser les bêtes d’un pas tranquille, en profitant pour compter les têtes, non sans difficulté.
Anonymous
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Ven 16 Fév - 18:56
Les sabots écrasaient la terre dans un bruit visqueux et régulier. Dès l'instant où son partenaire avait entamé son déplacement, les bêtes s'étaient mises en marche et quelques meuglements accompagnaient le mouvement du troupeau sans qu'aucune vache ne cherche à fuir. Enzo les observa qui redescendaient dans le ruisseau, le traversaient et remontaient de l'autre côté. Certaines s'arrêtaient en chemin pour grapiller quelques brins d'herbe mis en surface par le passage de ses congénères, mais se remettaient en mouvement dès qu'elles sentaient la pression de celles qui les suivaient. Il faisait un froid glacial et pendant un instant, Enzo éprouva de l'empathie pour ces animaux qui passaient leur vie dehors sans rien d'autre sur le dos que leur poil naturel, parfois bien peu épais malgré les mues qu'elles étaient capables de faire tout au long de l'année.

Tout se déroulait bien. Le gamin était calme, les vaches semblaient tout aussi sereines et même les meuglements demeuraient sur un ton qu'Enzo jugeait tranquille. Il ne leur faudrait pas longtemps pour rapatrier ce beau monde à sa place et ils pourraient bientôt récupérer leurs quelques sous bien mérités dont Enzo savait déjà qu'il n'en ferait rien d'autre que remplir sa bourse : il n'était pas dépensier et préférait n'utiliser son argent qu'en dernier recours.
Tant que les vaches étaient encore à bonne distance de lui, Enzo descendit dans le ruisseau en trottinant, sans craindre d'effrayer les animaux. Il traversa l'eau d'un bond et rejoignit la clôture qu'il ouvrit en plus grand en tenant fermement dans ses mains l'un des piquets. Il redescendit ensuite vers l'eau en tenant toujours sa porte de fortune, bloquant ainsi la route des vagabondes pour les forcer à tourner vers l'intérieur du pâturage.

- Maintenant, longe la clôture derrière elles et pousse-les vers moi ! Si l'une d'elles tourne la tête vers toi ou que tu vois une épaule amorcer un demi-tour, marche droit sur elle sans te précipiter et fixe-la dans les yeux. Ca devrait la dissuader.

Petit à petit, les animaux arrivèrent jusqu'à lui et si les premières tentèrent de poser leur gros nez humide sur ses vêtements, Enzo les chassa gentiment d'un geste un peu vif pour les pousser à rentrer chez elles avant qu'elles ne s'agglutinent autour de lui et ne forment un bouchon devant le passage. Par chance il était rare qu'un paysan noue avec ses bêtes une quelconque relation amicale, les laissant relativement farouches face à l'être humain même lorsqu'elles étaient bien traitées. Tout ce qu'Enzo aurait pu craindre était l'éventuellement présence d'un veau biberonné mais les attitudes des vaches qui lui faisaient face le laissaient penser qu'il n'y en avait pas dans ce troupeau. Et c'était tant mieux, ça lui évitait de devoir gérer un pot de colle d'une centaine de kilos.

Une fois que toutes les bêtes furent rentrées au bercail et après les avoir comptées pour s'en assurer, Enzo rapprocha le poteau qu'il tenait toujours en main de celui dont il avait été séparé.

- C'est bon, tu peux te mettre ici et les surveiller pendant que je répare la brèche ?

Il indiqua alors à son partenaire où se placer pour empêcher les animaux de revenir vers eux, mais les ruminants étaient déjà passés à autre chose et fouillaient la neige à la recherche d'herbe pour se remplir la panse. Enzo s'accroupit tout en sortant sa tenaille de sa besace et entama un long et minutieux travail pour rapprocher les mailles de barbelés entre elles.

- Au fait, tu t'appelle comment ? Moi, c'est Lorenzo.
Anonymous
Invité
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Ven 16 Fév - 22:29
Les bêtes passèrent docilement le ruisseau, trempant leurs onglons dans l’eau glacée sans s’émouvoir plus que ça de la température. Kyle, lui, prit un moment pour regarder où placer ses pieds afin d’éviter de finir dans l’eau gelée. Il finit par traverser d’un bond le ruisseau. Son mouvement brusque créa un léger mouvement précipité  dans le troupeau, rapidement atténué. Les bêtes avaient vite compris que ce n’était qu’un bipède qui franchissait le ruisseau, et pas un quelconque prédateur qui fondait sur elles. Une fois son atterrissage réussi et son équilibre retrouvé, le jeune homme prend le temps d’observer autour de lui avant de reprendre sa marche derrière le troupeau, continuant à pousser les bêtes avec calme dans la direction souhaitée. Malgré le sol glissant, il remonta le talus, les entrainant vers la clôture.

Une nouvelle série d’indications provint de son compagnon de travail. Longer la clôture. Pousser les vaches. Dissuader celles qui voudraient quitter le troupeau. C’est plutôt clair et la marche à suivre lui semble facile à respecter. Enfin … à condition que les bovins n’en décident pas autrement … Il n’était pas de taille à empêcher une bête aussi massive de passer de force si elle avait décidé autrement.

Tranquillement, il obtempère, poussant les quelques vaches récalcitrantes comme le lui a indiqué l’homme. Celles-ci testent à peine avant de suivre le reste du troupeau. Rapidement, toutes les bêtes ont regagné leur pâture, et il soupire légèrement de soulagement. Une bonne chose de faite ! Pas de heurt, pas d’erreur, tout s’est bien passé. Il n’était pas sûr qu’il aurait su réagir à une charge de bovin. Heureusement que les bêtes étaient plutôt placides.

Nouvelle indication de la part du rouquin, et Kyle prend sa place, se mettant à l’endroit désigné, surveillant du coin de l’œil le troupeau fraichement rentré. Il observe le travail minutieux de son aîné, restant impassible malgré le vent froid qui le glace jusqu’aux os. Il enfourne ses mains dans le fond de ses poches pour les protéger un peu du froid. Tout à son travail de réparation, l’homme lui adresse malgré tout la parole, lui demandant son nom, se présentant dans le même temps. C’est vrai qu’il n’avait même pas pensé à lui demander son nom … C’était un peu étrange de passer aux présentations une fois le travail accompli …, mais le brun ne s’en formalise pas. Il est trop simple pour se formaliser de ce genre de choses. S’ils ne se sont pas présentés plus tôt … eh bien c’est simplement que ce n’était pas le moment de se présenter. Maintenant, c’était visiblement le bon moment. Alors il sourit et décline son identité.

- J’m’appelions Kyle.

Il garde un instant le silence puis il se décide à reprendre la parole, avouant son soulagement de voir leur mission menée à bien sans heurt.

- C’taient des bêtes plus calmes qu’j’rions pensé. C’t’y bien heureux. J’maginions bien s’il avait fallu les galoper dans la campagne ‘vec la nuit qui va pas tarder d’tomber.

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Sam 17 Fév - 9:34
Le fil de barbelé donnait à Enzo quelques difficultés. Il était raide et solide, suffisamment épais pour maintenir des vaches en captivité. Pour cette raison, sa maniabilité était moindre, rendant sa tâche ardue. Il ne pouvait pas rattacher les mailles cassées entre elles, le fil était trop tendu avant d'avoir été rompu et ne laissait donc pas de marge de manoeuvre. Alors Enzo entreprit de créer des boucles solides de chaque côté, pour ajouter à la ligne un morceau de son propre fil de fer et ensuite former une pince qui rapprocherait les deux extrémités cassées. Il savait qu'il devait faire vite : le froid lui glaçait les doigts et bientôt ils seraient trop engourdis pour que ses muscles répondent correctement à ses demandes. Il avait tout intérêt à travailler aussi fort qu'il pouvait pour maintenir l'afflux de sang dans ses extrémités, et les garder mobiles le plus longtemps possible.

- Je te l'avais dit : ce sont des animaux tranquilles. Et puis la plupart sont gestantes et mettront bas au printemps, c'est encore la période où elles sont le plus calme.

Les doigts rougis par le froid, Enzo continua sa tâche pendant encore de longues minutes. Réparer la clôture n'était pas le plus pénible : il aimait travailler de ses mains, mais l'atmosphère glacial de l'hiver lui donnait du fil à retordre, littéralement. Lorsqu'enfin la dernière ligne de barbelé fut rafistolée, le jeune homme se releva lentement, les jambes engourdies par la position qu'il avait tenue longtemps, et se frictionna les mains après avoir rangé sa pince dans sa besace. Il prit un petit moment pour enrouler son fil de fer et le rangea lui aussi à sa place, avant d'imiter Kyle pour fourrer ses mains dans ses poches à la recherche d'un peu de chaleur. Par acquis de conscience, l'ouvrier posa un regard circulaire sur le troupeau qui paissait près d'eux. Les bêtes étaient toujours aussi calmes et avaient déjà commencé à s'éloigner dans le pré. Il les recompta rapidement.

- Bon. Allons réclamer nos salaires, maintenant. Tu viens ?

Le frêle garçon lui semblait toujours si fragile. Evidemment il n'avait pas gagné en masse durant les quelques minutes qu'ils venaient de partager, mais tout de même : sa carrure donnait l'impression qu'il pourrait se briser à la moindre chute. Enzo avait plutôt l'allure d'un bûcheron, à côté de ce gamin.
Il s'élança pour traverser le ruisseau une seconde fois et attendit que Kyle le rejoigne avant de prendre le chemin de la ferme, à une centaine de mètres de là. Un léger brouillard hivernal les empêchait de la distinguer, mais Enzo savait où elle se trouvait et n'aurait pas de mal à retrouver le chemin en suivant les clôtures des pâtures alentours. Après ça, il pourrait enfin retourner chez le vieux Morgan et réclamer un repas chaud pour soulager ses mains et ses pieds de la brûlure froide qui les consumait.

- Ca fait longtemps qu't'es arrivé ici ? Tu dors où ? Je peux peut-être te négocier une nuit ou deux à la ferme, si tu as besoin.

Enzo ne se savait pas si loquace, et encore moins aussi intéressé par ses semblables. Mais ce gosse était sympa et la rudesse de l'hiver rendait Enzo généreux. Le vieux Morgan ne refuserait pas un deuxième locataire au-dessus de ses vaches, il se fichait pas mal de qui dormait sur ses terres tant que personne ne faisait de mal à ses bêtes ou n'abimait ses récoltes. Et puis les semis commenceraient dès la fonte des neiges, alors il pourrait être intéressant d'avoir un camarade avec qui partager le labeur du printemps.
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Dim 18 Fév - 21:20
Kyle observe l’homme faire, silencieux. La technique est simple, mais le froid rend l’exécution complexe. Pourtant, Lorenzo effectue la réparation avec une rapidité et une efficacité qui laissent le plus jeune admiratif. Une fois la besogne terminée et les outils rangés, le brun observe son vis-à-vis se redresser. Il s’ébroue lui-même, chassant le froid de son corps, sortant de l’immobilité qu’il avait adoptée, concentré sur les mains de son aîné. Toute opportunité d’apprendre était bonne à saisir. Il n’avait pas vu grand-chose de sa vie, le quotidien d’un serviteur était assez répétitif et il ne se passait pas grand-chose dans la petite campagne où il avait vécu jusqu’à présent.
Lorsque le rouquin lui propose d’aller réclamer leur salaire, Kyle ne peut retenir un sourire qui illumine son visage, le rendant plus enfantin encore.

- Ma foué allons’y.

Il se met en route derrière lui. Descendant précautionneusement le talus jusqu’au ruisseau, il franchit ce dernier d’un bond, se réceptionnant souplement sur l’autre rive. Certes, il est maigrichon, mais il n’est pas fragile. Sa musculature est sèche, son corps est habitué à travailler, à peu manger, et même s’il ne fait pas de gros travaux de force, il n’a pas à rougir. Il emboite le pas de Lorenzo d’une démarche vive, cherchant à se réchauffer autant qu’à avancer. La nuit n’allait pas tarder à tomber, et il savait qu’il devait être rentré avant que la soirée ne soit trop avancée. Sinon … sinon il ne donnait pas cher de pouvoir ressortir un jour !

Le rouquin reprend la parole alors qu’ils avancent vers la ferme, de concert. Il sourit légèrement à la proposition de logement pour la nuit. Cela ne l’aurait pas dérangé, au contraire. Sans dire qu’il aurait adoré mener une vie vagabonde, par ce qu’au fond, il était bien content d’avoir la vie relativement « stable » que lui offrait le noble, le changement l’amusait, l’aiguillonnait. Après tout, il était venu sur cette île en quête d’aventures.

- J’tions arrivé d’puis l’queques s’maines. J’dormions ch’l’homme qu’m’a sauvé d’marins. J’d’vions y rentrer ‘vant qu’il l’fasse trop l’nuit. Sinon y’m’laiss’ra pu y aller en ville. T’comprends ? S’rait-y pas dommage qu’j’pouvions pu v’nir a t’y aider pou’ l’vaches !

Il lui offre un sourire amusé. Il avait bien aimé cette excursion au grand air. Si le rouquin avait de nouveau besoin de son aide, il viendrait l’aider avec plaisir. Sa compagnie était agréable, et puis cela changeait. Et Kyle aimait le changement … dans une certaine mesure.
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Mer 28 Fév - 16:48
La bâtisse où vivait le fermier était semblable à toutes les fermes de la région. Les murs en crépis étaient abimés par le temps, la toiture souffrait du poids des tuiles en ardoise qui le recouvraient et les fenêtres étaient au mieux couvertes de poussières, au pire carrément trouées par quelques projectiles qui avaient été probablement envoyés par les roues d’un tracteur. Enzo s’avança dans la cour, évitant soigneusement plusieurs flaques de boue dont l’odeur ne laissait que peu de doute à l’imagination : il était certain qu’elles n’étaient pas formées que par l’eau de pluie. Ca sentait la pisse.

Enzo esquissa une légère grimace. Il connaissait l’odeur de l’urine des vaches et toutes les émanations normales qu’émettait une ferme, mais il avait toujours du mal avec cette odeur âcre qui emplissait l’air. Ca lui brûlait presque les poumons et la seule chose qui lui permettait de continuer à dormir paisiblement au-dessus de ces animaux, c’était la chaleur qu’ils dégageaient et la chance que la paille calmait un peu les émanations des grands herbivores. Il n’avait jamais pris grand plaisir à vivre ainsi dans un grenier plein de foin et de poussière, mais il préférait être libre de ses décisions.

Enzo se fit la remarque que c’était chaque fois tout une épreuve, pour arriver à comprendre le gosse qui lui parlait. Son langage laissait passer des syllabes entières et certains mots semblaient n’exister que dans sa langue. Mais le jeune ouvrier faisait l’effort d’écouter son cadet et parvenait à deviner le sens de la plupart de ses phrases. Il parlait mal mais au moins il parlait, Enzo ne pouvait pas se plaindre. Et puis, c’était lui qui lui posait des questions, il n’allait quand même pas râler de recevoir des réponses. Après tout, il était sympa, ce drôle de gamin.

- J’espère bien qu’j’aurai plus besoin d’aide pour les vaches ! Mais t’as raison, ce serait dommage que tu puisse plus sortir.

Enzo avait quelques difficultés à comprendre comment on pouvait faire le choix de vivre en captivité, mais il pouvait entendre que le confort d’une maison puisse être attrayant et il respectait ce besoin de matériel que lui-même ne partageait pas. Dans un demi-sourire, le jeune ouvrier s’éloigna de son acolyte pour rejoindre une vielle porte trouvée d’une fenêtre crasseuse où il frappa plusieurs coups avec énergie. A travers la vitre, une légère lueur jaunâtre leur indiquait la présence des habitants du lieu, qui ne tardèrent pas à se manifester à grands renforts de voix tonitruantes pour l’inviter à entrer. Enzo ouvrit la porte sans se faire prier, avant de passer un pied boueux dans l’embrasure de la porte.

- B’jour m’sieur Marston. Mon ami et moi, on a rentré vos bêtes et réparé la clôture. Vous aurez bien quelques pièces à nous donner pour nous remercier ?

Le jeune ouvrier n’avait pas peur de réclamer son dû : il se fichait pas mal de passer pour un homme cupide. Tout ce qui comptait à ses yeux était sa propre survie, le reste était superflu.
Le vieil homme grommela que la jeunesse était malpolie et irrespectueuse, mais Enzo ne bougea pas de sa place et attendit patiemment que le vieux cède. Finalement, l’homme rabougri se leva enfin de son banc grinçant et traversa la pièce pour revenir quelques minutes plus tard avec une poignée de pièces enveloppées dans une petite bourse de cuir. Enzo attrape son gain, remercia le vieil homme et s’extirpa de la vieille baraque pour rejoindre son compagnon de route qui l’attendait patiemment dans les gravillons.

- Regarde ça, Kyle, voilà la meilleure des récompenses.

Sans plus attendre, Enzo ouvrit la bourse et en sortit la poignée de pièces qu’il partagea en deux parts égales, avant d’en tendre une en direction du gamin.

- Bon, j’imagine que c’est ici qu’on se sépare. Est-ce que tu saura retrouver la route jusqu’au centre-ville ou est-ce que tu as besoin que je te raccompagne ?
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Dim 3 Mar - 20:20
Kyle suivait tranquillement le pas de son compagnon du jour, slalomant entre les flaques, à peine en retrait par rapport à lui. Cela lui permettait de suivre le mouvement et les changements de direction, de manière bien plus fluide que s’il avait marché à sa hauteur. Il évite sans peine les flaques de boue et d’urine, suivant les traces du rouquin qui le guide. Il observe sans a priori ou jugement la ferme. Le toit d’ardoises, les fenêtres sales et, ou, trouées, qui laissent passer les courants d’air, aussi bien été qu’hiver. Il ne fronce pas le nez à l’odeur, bien qu’il eut pu, peu habitué à ses effluves chez son maître. Un peu plus chez l’ancien maître, mais … il hausse les épaules à la grimace. Quel serviteur n’a jamais récuré les latrines du domaine où il sert ? C’était effectivement une corvée que beaucoup cherchaient à tout prix à éviter … mais il fallait bien quelqu’un pour s’y coller une fois de temps en temps alors … Alors Kyle en fait abstraction, adoptant la célèbre technique de la respiration par la bouche pour passer outre.

Il sourit tranquillement à la réponse de son aîné. Oui, ce serait mieux de pouvoir continuer à sortir. Enfin… Kyle avait peut-être passé quelques semaines chez le seigneur Lasri, mais il n’avait pas perdu ses rêves candides. L’homme l’avait sauvé des marins. Il était normal qu’il paye sa dette auprès de lui, en le servant au mieux. Une fois sa dette payée, il retrouverait sa liberté, et il pourrait choisir le destin qui lui conviendrait le mieux. À lui de profiter des opportunités que lui offraient ses sorties en ville pour découvrir le monde et trouver ainsi une voie qui lui conviendrait au mieux. C’était une véritable aubaine en y pensant : il pouvait découvrir les lieux en ayant un endroit sécurisé où être nourri, logé, blanchi. Il esquissa un sourire. En son for intérieur, il ne pouvait qu’éprouver de la gratitude pour l’étranger qui l’avait sauvé d’un destin peu enviable. Quelles auraient été ses chances de tomber sur un arrangement de meilleure qualité ? La plupart des destins qui auraient pu s’offrir à lui auraient été fort moins enviables.

Il observe l’homme toquer à la porte, puis entrer, l’attendant sur le pas de la porte. Il écoute d’une oreille attentive les échanges qui suivent, comptant clairement sur son aîné pour gérer la situation. Après tout, s’il ne devait rien gagner ce jour là … ce n’était pas bien grave. Il avait surtout voulu rendre service et n’attendait pas forcément une récompense autre que la gratitude. Pourtant, la gratitude ne fait pas manger dans ce bas monde ... mais le brun était un peu idéaliste encore sous bien des égards. Il sourit malgré tout lorsque Lorenzo ressort de la masure avec une bourse remplie de pièces lui annonçant qu’il s’agit de la « meilleure des récompenses ». Peut-être. Peut-être pas. Il accepte malgré tout avec gratitude sa part. Même s’il n’en avait pas réellement besoin dans l’immédiat, quelques pièces en poche seraient un bon début vers l’émancipation.

- Mercé Lorenzo.

Il hoche la tête à sa question.

- J’croyions bien qu’j’d’vrions arriver à rr’trer. Mercé encor’ p’r l’travail. J’sperions qu’on s’reverrions un d’ces jours !

Le brun esquissa un léger sourire, sincère. Il avait bien aimé cette après-midi avec le rouquin. Sa compagnie était agréable et le regarder travailler avait été fort intéressant. Il lui offrit un petit signe de la main et repris la direction du centre-ville, puis de la demeure de son maître. Serait-il rentré avant la nuit ? Peut-être pas vu l’heure à laquelle la nuit tombait en hiver… serait-il autorisé à sortir de nouveau ? Seul dieu sait, dieu, et le seigneur des lieux.
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